Terminal multimodal en Île‑de‑France — barges sur la Seine, trains et camions électriques en activité, parvis logistique animé

Acte II Fret & Logistique en Île‑de‑France : 115 M€ pour décarboner et optimiser les flux

Fret et logistique Île‑de‑France : l’Acte II de la stratégie régionale engage une nouvelle phase opérationnelle, avec une enveloppe d’environ 115 millions d’euros et le lancement d’un appel à manifestation d’intérêt destiné à accélérer la décarbonation et l’optimisation des flux en région. Ce volet vise à conjuguer réduction des émissions, report modal et maîtrise foncière pour améliorer l’approvisionnement de la métropole.

Pourquoi un Acte II ? Contexte et enjeux

La Région Île‑de‑France réaffirme l’urgence d’adapter les infrastructures et les pratiques logistiques à un contexte urbain contraint : densité de la demande, saturations routières, hausse des coûts énergétiques et objectifs climat. La stratégie régionale identifie des chiffres-clés : ≈375 000 emplois liés au secteur logistique, une surface d’entrepôts d’environ 17 millions de m² et une répartition modale où 90% des tonnes-kilomètres passent par la route, contre 6% par voie d’eau et 4% par rail. Ces données montrent l’ampleur du potentiel de report modal et d’innovation à saisir pour réduire les émissions.

Les priorités de l’Acte II

L’Acte II structure ses interventions autour de quatre priorités opérationnelles :

  • Connaissance des flux : améliorer la data et l’observatoire pour cibler les interventions et mesurer les impacts.
  • Décarbonation : soutenir le verdissement des flottes, les carburants alternatifs et le développement du fret fluvial et ferroviaire.
  • Optimisation des flux : favoriser la mutualisation, la logistique urbaine de proximité et l’efficience des acheminements.
  • Aménagement et sobriété foncière : concilier besoins logistiques et préservation de l’espace régional.

Ces axes se traduisent par des dispositifs financiers et techniques pour accompagner acteurs publics et privés — des gestionnaires de plateformes aux collectivités et chargeurs.

Le nouvel appel à manifestation d’intérêt (AMI) : objectifs et cibles

L’AMI lancé dans le cadre de l’Acte II vise prioritairement des projets structurants sur la décarbonation et la modernisation des flux : verdissement de parcs, terminaux multimodaux, plateformes fluviales, solutions numériques d’optimisation, et dispositifs d’optimisation collaborative entre acteurs. La Région précise vouloir financer des projets de R&D appliquée, des expérimentations et des déploiements à échelle territoriale.

Pour se saisir des opportunités il est recommandé de lire le dossier Acte II et les modalités de l’AMI disponibles sur le site régional : dossier Acte II de la Région Île‑de‑France.

Comment l’Acte II complète les initiatives nationales et sectorielles

L’effort régional s’inscrit dans une dynamique plus vaste : des appels nationaux et des programmes sectoriels soutiennent le report modal et l’innovation. Par exemple, Voies Navigables de France a récemment publié un AMI dédié au développement du bateau autonome — une innovation qui peut renforcer la pertinence du fret fluvial pour l’Île‑de‑France. Consultez le communiqué VNF sur cet AMI pour évaluer les synergies possibles : AMI bateau autonome de VNF.

Par ailleurs, des programmes comme le programme de report modal Appel d’aiR offrent des leviers de co-financement et d’accompagnement pour des projets territoriaux ambitieux. Cette articulation national/régional est cruciale pour amplifier les effets de report modal et réduire durablement les émissions.

Impacts attendus pour les acteurs logistiques et industriels

Pour les directeurs industriels et logisticiens, l’Acte II implique plusieurs opportunités et contraintes : opportunités de financements pour moderniser les chaînes d’approvisionnement, incitations à mutualiser les flux, et accès accru à des solutions multimodales. Côté contraintes, il faudra intégrer des exigences de performance environnementale, des indicateurs de suivi et des partenariats interentreprises.

Exemples concrets : le soutien à un terminal multimodal pourrait permettre à un chargeur francilien de réduire de 20 à 30% ses émissions logistiques liées aux trajets longue distance ; le développement d’une desserte fluviale régulière peut désengorger des axes routiers urbains saturés aux heures de pointe.

Cas d’usage et projets pilotes pertinents

Le précédent cycle d’AMI régional a distingué une quinzaine de projets innovants (plateformes partagées, solutions numériques, expérimentations fluviales). Les lauréats ont reçu des subventions unitaires variables, permettant des phases pilotes allant du prototype à la montée en charge. Ces retours d’expérience servent aujourd’hui de base pour prioriser les investissements de l’Acte II.

Plusieurs types de projets sont particulièrement pertinents pour l’Île‑de‑France :

  • hubs urbains mutualisés pour la distribution du dernier kilomètre ;
  • terminaux fluviaux ou ferrés connectés aux zones logistiques ;
  • outils de synchronisation des flux et d’ordonnancement collaboratif basés sur la data ;
  • infrastructures d’avitaillement en énergies bas-carbone (GNV, hydrogène, électrique).

Financement, calendrier et modalités pratiques

L’enveloppe indicative de 115 M€ couvre différents leviers : subventions, avances remboursables, aides d’études et ingénierie. Les candidatures à l’AMI seront évaluées selon des critères de contribution à la décarbonation, d’impact territorial, de faisabilité technique et financière, et de capacité de montée en charge. Les opérateurs régionaux recommandent de prévoir des partenariats entre collectivités, opérateurs portuaires/fluviaux, chargeurs et prestataires logistiques pour renforcer la qualité des dossiers.

Calendrier attendu : phase d’information, dépôt des candidatures, instruction et sélection des lauréats, puis contractualisation et déploiement. Les porteurs de projets doivent s’attendre à un pilotage serré et à des indicateurs de performance à renseigner pour suivre les effets sur les émissions et les volumes reportés.

Risques et verrous à lever

Plusieurs freins peuvent limiter l’impact immédiat de l’Acte II : coûts initiaux élevés pour les infrastructures multimodales, nécessité d’aligner les calendriers entre acteurs privés et publics, et contraintes foncières en zone dense. Sur le plan opérationnel, la mise en réseau de données entre acteurs demeure un enjeu majeur pour l’optimisation des flux.

Pour franchir ces verrous, la Région mise sur l’accompagnement technique, la mise en cohérence des aides et la promotion d’expérimentations mesurables et reproductibles.

Recommandations pour un porteur de projet industriel

Si vous êtes directeur industriel ou logisticien, voici des étapes pratiques :

  1. Cartographier vos flux entrants/sortants et évaluer les émissions corrélées.
  2. Identifier des partenaires (opérateurs fluviaux, gestionnaires de terminaux, collectivités) et formaliser des consortiums.
  3. Construire un dossier axé sur l’impact CO₂, la scalabilité et la viabilité économique.
  4. Exploiter les synergies avec les AMI nationaux (ex. VNF pour le fluvial) et régionaux pour optimiser l’effet levier financier.

Perspectives à moyen terme

L’Acte II doit permettre d’observer, d’ici 3 à 5 ans, des changements mesurables : augmentation des parts modales du ferroviaire et du fluvial, diminution des trajets routiers insérés dans la métropole et diffusion d’outils numériques d’optimisation collaborative. Le succès reposera sur des alliances public‑privé robustes, une ingénierie territoriale renforcée et une gouvernance orientée résultats.

Liens et ressources complémentaires

Pour approfondir :

Pour aller plus loin

La montée en puissance de l’Acte II représente une opportunité concrète de transformer la logistique francilienne en un système plus sobre et résilient. Les acteurs industriels doivent se préparer à candidater et à s’associer pour capitaliser sur les financements disponibles. À l’échelle régionale, la réussite demandera une coordination continue entre opérateurs, collectivités et financeurs, ainsi qu’une capacité à tirer des enseignements rapides des premiers projets pilotes pour accélérer les déploiements à grande échelle.

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