Syrius entre en phase opérationnelle pour accompagner la décarbonation collective du bassin industriel Marseille‑Fos / Étang de Berre. Lancé comme projet pilote, ce programme vise à coordonner des mesures techniques et organisationnelles entre une soixantaine d’acteurs pour réduire les émissions et mutualiser des infrastructures énergétiques.
Un programme territorial né de l’appel « zone industrielle bas carbone »
Le projet vient d’être distingué dans le cadre de l’appel à projets Zone Industrielle Bas Carbone (ZIBaC) porté par l’ADEME et intégré au volet France 2030. Conçu et animé par l’association PIICTO, le programme a consacré une première phase d’études (2023–2025) qui a permis d’identifier des axes opérationnels, des leviers financiers et un calendrier d’actions.
Ce qui a été réalisé durant la phase 1
Durant les deux premières années, la gouvernance du programme a mené 28 études techniques et économiques financées à hauteur d’environ 8 M€ au total. Ces travaux ont cartographié les flux énergétiques, estimé les potentiels de valorisation de chaleur fatale, évalué des scénarios d’électrification et modelé des trajectoires d’émissions pour 2030–2050.
Chiffres-clés issus des études
- ~60 acteurs impliqués (industries, opérateurs portuaires, collectivités, clusters) ;
- 18 MtCO₂/an estimées aujourd’hui sur le périmètre concerné ;
- ~50 000 emplois industriels directs et 140 000 emplois indirects impactés ;
- Scénarios visant jusqu’à -80 % d’émissions à l’horizon 2050, selon la combinaison de leviers.
Priorités opérationnelles retenues
Les études ont clairement identifié un ensemble d’actions prioritaires à mettre en œuvre de manière coordonnée : réduction de la consommation énergétique, valorisation de la chaleur fatale, développement d’un hydrogène décarboné mutualisé, électrification ciblée des procédés et mise en réseau d’infrastructures (stockage, échanges d’énergie). Ces priorités structurent désormais la phase opérationnelle.
Mutualisation des infrastructures et économies d’échelle
Un des enjeux majeurs est la création d’infrastructures partagées pour réduire le coût unitaire des transitions : hubs hydrogène, boucles de chaleur, ou réseaux d’électricité renforcés. L’approche collective permet d’optimiser investissements et retours sur investissement pour des acteurs de tailles variées.
Gouvernance et mobilisation locale
La gouvernance repose sur une animation territoriale pilotée par PIICTO, en partenariat avec la Région Sud, la Métropole Aix‑Marseille‑Provence et le Grand Port Maritime de Marseille. Des acteurs de filière comme Capenergies et des pôles sectoriels ont été associés pour renforcer l’adéquation technologique et industrielle des solutions envisagées.
La mobilisation d’environ 60 signataires lors des ateliers de co-construction traduit l’ampleur du consensus : industriels des secteurs chimie, raffinage, logistique, opérateurs d’énergie, et collectivités territoriales convergent vers des objectifs partagés.
Financements et calendrier de la phase opérationnelle
Après la phase d’études, le dossier a été présenté pour une montée en puissance de la période 2026–2030. L’enveloppe publique ZIBaC / France 2030 et les cofinancements privés doivent permettre d’engager des projets pilotes et des investissements structurants. Les communications partenaires évoquent des montants complémentaires potentiels pouvant atteindre +/- 16 M€ selon les phasages et mobilisations de fonds européens ou nationaux.
Quel rythme d’implémentation ?
La stratégie adoptée prévoit des projets pilotes à court terme (2025‑2027) pour démontrer la faisabilité technique et économique, puis un déploiement plus large entre 2028 et 2035 sur des infrastructures mutualisées. La fenêtre 2026‑2030 est considérée comme critique pour lancer des actions structurantes à l’échelle du bassin.
Exemples d’actions prévues ou à l’étude
- Réseaux de récupération et redistribution de chaleur fatale entre sites industriels ;
- Mise en place d’un hub pilote d’hydrogène décarboné pour l’alimentation de procédés et de flottes ;
- Plateforme de planification énergétique partagée pour optimiser les échanges et la flexibilité ;
- Programmes d’efficacité énergétique industriels couplés à des financements tiers‑investisseurs.
Impacts économiques et sociaux attendus
Au-delà de la réduction des émissions, la logique de décarbonation collective vise à sécuriser l’emploi industriel, améliorer la compétitivité et attirer de nouveaux investissements. Les études anticipent des gains de productivité liés à l’efficience énergétique et une réduction de l’exposition aux prix fossiles volatils.
Sur le plan social, la transition doit être accompagnée par des dispositifs de formation et de reconversion pour préserver l’emploi local : la coordination avec les branches professionnelles et les organismes de formation sera déterminante.
Points de vigilance
Plusieurs risques ont été identifiés : délais administratifs pour les autorisations d’infrastructures, disponibilité des financements, acceptabilité locale pour certains projets, et nécessité d’une coordination multi‑opérateurs sur des réseaux partagés. Une gouvernance agile et des bilans réguliers seront nécessaires pour ajuster la feuille de route.
Capitalisation et modèles reproductibles
Les porteurs souhaitent documenter les retours d’expérience et laisser un cadre méthodologique réutilisable pour d’autres zones industrielles françaises. À ce titre, SYRIUS est déjà cité lors de séminaires nationaux ZIBaC comme exemple d’approche intégrée et territoriale. Pour en savoir plus sur l’appel ZIBaC de l’ADEME, consultez la page officielle : présentation ZIBaC par l’ADEME.
Ressources et lectures complémentaires
Pour un compte rendu synthétique des étapes de la phase 1 et des prochaines étapes, le journal économique régional a publié un dossier récent : reportage sur la mobilisation autour du bassin Marseille‑Fos / Étang de Berre. Le porteur PIICTO présente également des comptes rendus d’ateliers et séminaires autour du programme : retours d’études et séminaires PIICTO.
Ce que doivent retenir les dirigeants industriels
Pour un directeur d’usine, Syrius représente une opportunité d’intégrer des solutions communes pour réduire coûts énergétiques et risques réglementaires. La coopération permet d’accéder à des financements plus favorables et de partager des infrastructures critiques (hydrogène, chaleur, stockage).
La recommandation opérationnelle : s’impliquer dès la phase pilote, contribuer aux études de faisabilité et identifier rapidement les gisements d’économies d’énergie et d’échanges possibles avec des voisins industriels.
À quoi s’attendre dans les 12–24 prochains mois
Attendre un calendrier d’appels d’offres publics/privés pour les projets pilotes, des conventions de partage d’infrastructures et des dispositifs d’accompagnement financier ciblés. La montée en charge réelle des projets se fera progressivement, avec des jalons techniques et financiers publiés par la gouvernance du programme.
Perspectives : un modèle régional au service d’une stratégie nationale
Suivant l’expérience, Syrius pourrait servir de modèle pour d’autres plateformes industrielles en France en démontrant la valeur d’une coordination territoriale. La combinaison d’études robustes, d’un montage financier mixte et d’une gouvernance inclusive est la clé pour répliquer les succès.
Dernière partie : pistes d’action pour les acteurs locaux
Les collectivités et industriels intéressés doivent prioriser trois actions immédiates : 1) cartographier précisément leurs flux énergétiques, 2) identifier des partenaires pour des projets pilotes partagés, 3) sécuriser des financements associant aides publiques et modèles privés. Une démarche pragmatique permettra de transformer des études prometteuses en réalisations concrètes.
SYRIUS n’est pas une simple expérimentation : c’est une feuille de route territoriale vers une industrie durable, où la coopération devient le levier principal pour concilier compétitivité et bas carbone.






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