Baromètre des affaires Normandie : au premier semestre 2025, la région présente une conjoncture contrastée marquée par un recul de l’industrie, une prudence généralisée des dirigeants et des perspectives économiques jugées mitigées pour la fin de l’année. La Chambre de Commerce et d’Industrie de Normandie (son enquête portée sur 2 340 dirigeants) met en lumière des tensions sur la demande, des marges compressées et un niveau d’investissement en baisse, particulièrement dans le secteur industriel.
Lecture synthétique des principaux indicateurs
Le baromètre de la CCI Normandie publié le 7 octobre 2025 révèle que 36 % des entreprises ont vu leur activité reculer au S1 2025, 40 % la considèrent stable et 24 % signalent une amélioration. Les éléments saillants :
- Industrie : 44 % des chefs d’entreprise secteur signalent une baisse d’activité et des carnets de commandes dégarnis.
- Investissement : indicateur régional global en repli de 5 points ; chute de 9 points dans l’industrie.
- Finances : marges sous pression ; hausse des procédures collectives observée à l’échelle régionale.
- Confiance : 46 % des dirigeants se disent confiants pour le second semestre, mais près d’un tiers évoquent un manque de visibilité.
Pour consulter les résultats détaillés, voir le baromètre des affaires CCI Normandie.
Pourquoi l’industrie recule en Normandie ?
Plusieurs facteurs structurels et conjoncturels expliquent le recul industriel : affaiblissement de la demande intérieure et européenne, hausse volatile des prix des matières premières et de l’énergie, et incertitude politique qui freine les décisions d’investissement. Le baromètre pointe une faiblesse des carnets de commandes et une moindre propension des donneurs d’ordre à lancer de nouveaux projets.
Les entreprises interrogées mettent en avant trois freins principaux : la demande insuffisante (38 %), la hausse des coûts des matières premières (33 %) et le coût de l’énergie (24 %). Ce diagnostic régional rejoint les signaux observés par la Banque de France dans son enquête de début octobre 2025, qui indique des carnets plus clairsemés pour l’industrie et le bâtiment au plan national. Voir l’Enquête mensuelle de conjoncture – début octobre 2025 pour le contexte macroéconomique.
Impact sur l’investissement et l’emploi
Le recul de l’investissement (-5 points en moyenne régionale, -9 points dans l’industrie) traduit une prudence marquée. Pourtant, les effectifs restent globalement stables : les entreprises privilégient souvent la préservation des compétences sur le court terme plutôt que la réduction des emplois, ce qui reflète une volonté de garder la capacité de redémarrer rapidement si la demande revient.
Cependant, la stabilité des emplois masque des tensions de trésorerie : les procédures collectives augmentent en Normandie (+10 % sur 12 mois glissants à fin août 2025 selon les données locales), principalement dans le commerce, la réparation automobile et l’hébergement-restauration. Pour une analyse des risques de défaillance, consulter l’analyse des défaillances en Normandie.
Mesures prises et leviers d’appui
Face à ces tensions, les acteurs publics régionaux multiplient les dispositifs : aides à l’investissement, accompagnements pour la transition énergétique, et dispositifs sectoriels via Normandie Participations ou contrats de filière. La Région Normandie a mis à jour ses pages de soutien en octobre 2025 et rappelle l’accessibilité des aides destinées aux TPE/PME et ETI.
Pour en savoir plus sur les dispositifs régionaux, voir la page dédiée de la dispositifs d’accompagnement régionaux.
Secteurs clés : qui souffre, qui résiste ?
La situation est très hétérogène selon les filières. L’industrie manufacturière est la plus affectée : baisse des commandes, marges comprimées et reports d’investissements freinent la dynamique. En revanche, certains sous-secteurs et entreprises positionnées sur la transition énergétique ou l’aéronautique de niche montrent des signes de résilience grâce à des commandes export ou des contrats publics.
Le bâtiment et la construction affichent une résistance relative à l’échelle régionale, même si la Banque de France note un repli national du bâtiment en septembre 2025. Les services aux entreprises et le numérique conservent une activité plus soutenue, stimulée par la demande pour la transformation digitale et les services externalisés.
Signaux d’alerte et risques à surveiller
Trois risques principaux émergent du baromètre et des données complémentaires :
- hausse des procédures collectives et dégradations de trésorerie pour les TPE/PME ;
- affaiblissement durable des investissements industriels si la visibilité ne revient pas ;
- impact de l’instabilité politique sur la confiance des dirigeants et sur le calendrier des décisions d’investissement.
La persistance de ces facteurs peut provoquer un ralentissement plus profond, notamment si les carnets d’achats ne se reconstituent pas au second semestre.
Recommandations opérationnelles pour les dirigeants
Pour les décideurs industriels et directeurs opérationnels, le baromètre impose quelques priorités pratiques :
- Gestion de trésorerie : renforcer le suivi mensuel des postes clients et fournisseurs, et privilégier des scenarii à 3-6 mois.
- Adjacence commerciale : explorer de nouveaux débouchés export ou segments clients à marge plus élevée.
- Flexibilité productive : planifier des capacités modulables et prioriser les investissements à ROI court.
- Accès aux aides : mobiliser les dispositifs régionaux et les appuis sectoriels pour alléger l’effort d’investissement.
Ce que disent les chiffres régionaux et nationaux
Les données publiques convergent : la Banque de France signale un environnement incertain début octobre 2025 ; les indicateurs régionaux montrent une baisse d’investissement et une hausse des vulnérabilités. À l’échelle de la Normandie, le nombre de défaillances sur 12 mois s’est accru d’environ +10 % (fin août 2025), un signal qui mérite une attention rapprochée des acteurs économiques et financiers.
Perspectives pour la fin 2025 et leviers de relance
Les perspectives restent mitigées : si la demande se stabilise et si les incertitudes politiques s’atténuent, la région pourrait enregistrer un redressement progressif au cours du premier semestre 2026. Pour favoriser cette trajectoire, trois leviers sont identifiés : un renforcement ciblé des aides à l’investissement industriel, une accélération des projets d’infrastructures logistiques et une action coordonnée pour soutenir la trésorerie des TPE/PME.
Regards et suites attendues
Le baromètre des affaires Normandie livre un diagnostic clair : la région traverse une période de prudence et d’ajustement. Les prochaines publications (enquêtes trimestrielles et suivis sectoriels) seront cruciales pour mesurer l’évolution des carnets de commandes et l’impact des mesures de soutien. Les dirigeants et décideurs locaux devront rester vigilants sur les indicateurs de trésorerie et d’investissement pour éviter que la prudence conjoncturelle ne se transforme en ralentissement structurel.
Article réalisé à partir du baromètre publié par la CCI Normandie et des éléments d’analyse de la Banque de France et des observatoires régionaux.






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