Le tracteur routier électrique fait son entrée dans la flotte de RDV Transports à Calais : l’entreprise a réceptionné un Mercedes‑Benz eActros 600 et mis en service une station de recharge poids lourds, marquant une étape concrète de sa transition énergétique régionale.
Le projet : un véhicule et une infrastructure pour tester l’électrique
L’opération menée par RDV Transports combine l’achat d’un tracteur électrique et l’installation d’une infrastructure de charge dédiée. Le véhicule acquis est un Mercedes‑Benz eActros 600, destiné aux rotations locales et aux navettes entre le site de Marck/Calais et des clients régionaux. Parallèlement, RDV a installé une station modulaire réalisée par Chargepoly, dotée de plusieurs points de charge rapides pour poids lourds. Cette double entrée — véhicule + borne — vise à tester la faisabilité opérationnelle et économique de l’électromobilité lourde dans un contexte logistique réel.
Caractéristiques du tracteur
Le tracteur présenté est un Mercedes‑Benz eActros 600. Modèle long‑rayon conçu pour les opérations régionales, il affiche des batteries et une configuration permettant des missions répétées sur courtes et moyennes distances. Le coût d’acquisition cité dans les communications locales est de l’ordre de 300 000 € TTC, hors aménagements spécifiques. RDV prévoit d’affecter le camion à des rotations d’environ 80 km aller‑retour, ce qui représente une utilisation proche de 2 000 km/semaine selon les données communiquées.
Caractéristiques de la station de recharge
La station installée par Chargepoly comprend plusieurs points de charge modulaires (4 embranchements déclarés) et une puissance cumulée capable d’atteindre environ 240 kW. La solution est dimensionnée pour la charge bi‑quotidienne des véhicules affectés aux navettes et permet d’envisager une mutualisation avec d’autres transporteurs locaux à moyen terme. La station a bénéficié d’un soutien public via les dispositifs d’aides à l’électrification des véhicules lourds.
Financement et aides publiques
L’accompagnement financier de ce type d’opération s’appuie sur des dispositifs nationaux et régionaux. RDV Transports a communiqué un montant de subvention approchant 90 000 € pour l’installation de la station, en lien avec l’appel à projets « e‑Trans » et d’autres mécanismes territoriaux de soutien à la transition bas‑carbone des transports. Cette aide amortit une partie de l’investissement initial lié à l’infrastructure, enjeu majeur pour les PME du transport.
Impacts opérationnels et économiques
Le déploiement d’un tracteur routier électrique sur un circuit régulier permet de mesurer plusieurs indicateurs : coûts d’exploitation, disponibilité opérationnelle, temps de recharge, et gains en émissions. RDV anticipe une réduction estimée d’environ 6 % des émissions de CO2 sur sa ligne test après 12 mois d’exploitation du véhicule électrique. Cette estimation repose sur la comparaison entre le profil de consommation du diesel et celui du eActros sur des missions locales avec recharge opportuniste.
Coûts et économies
L’acquisition d’un poids lourd électrique reste plus élevée qu’un modèle diesel traditionnel (ordre de 300 k€ pour le camion), mais les coûts variables (carburant/énergie, entretien) peuvent diminuer : l’électricité, selon le profil tarifaire et la mutualisation des recharges, réduit la facture énergétique, tandis que l’architecture mécanique plus simple peut limiter les coûts d’entretien. Le retour sur investissement dépendra fortement de la taux d’utilisation, du prix de l’électricité, et des modalités de maintenance.
Autonomie et exploitation
Le choix d’un eActros 600 et d’une base de recharge sur site répond à la contrainte d’autonomie : pour des rotations d’environ 80 km, l’autonomie annoncée est largement suffisante et la charge quotidienne peut être réalisée en heures creuses. En revanche, pour des trajets longue distance, les contraintes de recharge et de densité d’infrastructures restent un verrou à lever à l’échelle nationale.
Contexte régional et politique publique
La démarche de RDV Transports s’inscrit dans une dynamique plus large en Hauts‑de‑France et en France : l’État et les collectivités locales favorisent le déploiement d’infrastructures de charge pour poids lourds et subventionnent l’achat de véhicules moins émetteurs. Le ministère en charge de l’industrie et des entreprises a multiplié les appels à projets pour l’électrification des véhicules lourds afin de réduire les émissions du secteur routier. Ces aides rendent plus accessible la prise de risque pour les transporteurs locaux.
Sur le plan territorial, l’implantation d’une station à Marck/Calais vise également à créer une amorce d’écosystème logistique électrique sur la façade Manche, zone stratégique pour le fret international et les liaisons transmanche. L’ouverture potentielle de la borne à d’autres transporteurs locaux est présentée comme un levier pour augmenter la fréquentation et améliorer la viabilité économique de l’infrastructure.
Retours d’expérience et enseignements attendus
RDV place ce projet en mode « démonstrateur » : évaluer la compatibilité du tracteur routier électrique avec des cadences industrielles, documenter les profils de consommation, et identifier les adaptations logistiques (plages de recharge, formation des conducteurs). Les indicateurs à suivre seront notamment le taux de disponibilité du véhicule, le coût au kilomètre réel, les temps d’immobilisation liés à la recharge et la robustesse des installations en conditions de service intensif.
Aspects RH et formation
L’arrivée du camion électrique implique aussi des actions sur les compétences : formation des conducteurs à l’écoconduite électrique, préparation des équipes de maintenance aux spécificités HV (haute tension), et adaptation des procédures de sécurité. Ces investments immatériels sont souvent déterminants pour réussir la transition sans perte d’efficacité opérationnelle.
Comparaisons et positionnement industriel
Plusieurs transporteurs régionaux adoptent une stratégie mixte : insertion progressive de véhicules électriques pour les missions locales, usage de biocarburants (B100) ou d’autres carburants alternatifs pour les transports plus longs. RDV s’aligne sur cette approche pragmatique. La comparaison avec des projets équivalents en France montre que la mutualisation des bornes et la coopération entre chargeurs et transporteurs améliorent nettement la rentabilité d’une station dédiée.
Vers une montée en puissance : conditions de réussite
- Répliquer la logique « véhicule + borne » sur d’autres sites pour augmenter l’effet d’échelle.
- Mutualiser les infrastructures entre acteurs logistiques pour améliorer le taux d’utilisation.
- Optimiser les contrats d’électricité (tarifs heures creuses, certificats) pour réduire le coût énergétique.
- Mesurer précisément les gains opérationnels et publier des retours d’expérience pour favoriser l’essaimage.
Sources et ressources complémentaires
Pour contextualiser le projet et approfondir les aspects techniques et financiers, consulter les articles de reprise et les ressources officielles suivantes :
- Reportage local détaillé sur Nord Littoral (7 octobre 2025).
- Analyse technique et financière publiée sur Flotauto.
- Présentation de la station Chargepoly sur Motors Actu.
- Informations sur les aides publiques à l’électrification (ministère).
Prochains jalons pour RDV Transports et la filière locale
Le projet de RDV constitue un pas important mais encore expérimental. Les prochains mois devront confirmer la robustesse opérationnelle du tracteur routier électrique sur une exploitation intensive, permettre d’affiner les calculs économiques et nourrir les décisions d’investissement pour une éventuelle montée en flottes. À l’échelle régionale, la réussite de ce test nourrira les réflexions sur la mutualisation des infrastructures et la planification d’un corridor de recharge pour poids lourds le long des axes stratégiques.
Au‑delà de l’effet symbolique, l’intérêt pour les industriels et les décideurs publics réside dans la capacité à traduire ces démonstrations en modèles reproductibles, soutenus par des schémas de financement et des partenariats techniques durables. Le cas de RDV Transports à Calais sera à suivre comme un indicateur tangible de l’adaptabilité du secteur logistique régional à la décarbonation.






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