Usine Stellantis de Poissy, parvis animé avec salariés et banderoles FO, ambiance nuageuse et documentaire

FO enterre la production automobile à l’usine Stellantis : quel avenir pour Poissy ?

usine Stellantis Poissy : l’annonce d’une longue période de chômage technique a été perçue par FO comme le signal d’alarme qui enterre, selon le syndicat, la production automobile sur le site. Cette mise à l’arrêt ponctuelle, décidée par la direction, interroge la stratégie industrielle d’un site qui reste la dernière grande usine d’assemblage automobile active en Île-de-France.

Chapo : un arrêt temporaire aux conséquences durables

La direction de Stellantis a programmé une période de chômage technique au second semestre 2025 pour adapter la production à la demande et réduire les stocks. Cette décision affecte directement des centaines — voire près de 2 000 salariés selon les syndicats — et alimente des craintes sur l’avenir industriel du territoire. FO a publié une déclaration ferme appelant à la reconversion industrielle du site pour préserver l’emploi et les compétences locales.

Un arrêt symptomatique : nature et calendrier

La période d’arrêt décidée par la direction a été présentée comme temporaire, destinée à ajuster les cadences et gérer les approvisionnements. Les communications du groupe évoquent des opérations de maintenance et un calibrage de la production pour les prochains mois. Pourtant, pour les organisations syndicales, cet épisode illustre des fragilités structurelles : baisse de la demande sur certains segments, pression internationale sur les implantations et compétition interne entre sites du groupe.

Durée et effectifs touchés

Selon les comptes rendus syndicaux, l’arrêt s’étend sur plusieurs semaines et touche l’ensemble des ateliers d’assemblage. FO a chiffré l’impact social à près de 2 000 salariés concernés par du chômage partiel, des récupérations d’heures et la pose contrainte de congés. Le dispositif d’indemnisation varie suivant la situation individuelle, mais la perte d’heures de production se traduit par une forte inquiétude salariale et industrielle.

Pourquoi Poissy est stratégique pour l’Île-de-France

L’usine Stellantis Poissy n’est pas seulement un site de production : elle représente un maillon industriel et logistique majeur pour les Yvelines et pour la région. Localisée à proximité de grands axes de transport et de zones d’approvisionnement, elle concentre des compétences en mécanique, assemblage et process industriels.

Un poids économique local

Au-delà des emplois directs, l’usine soutient un écosystème de fournisseurs, sous-traitants et prestataires locaux. La fermeture ou la décroissance durable d’activités se répercuterait sur des centaines d’emplois indirects et sur la dynamique économique des communes environnantes.

Les arguments syndicaux : pourquoi FO demande la transformation du site

FO met en avant trois arguments principaux : la préservation des emplois, la valorisation des compétences locales et la nécessité d’une stratégie de long terme pour éviter un déclin industriel. Le syndicat plaide pour une transformation du site fondée sur la diversification des activités — par exemple le recyclage de batteries, la remise à niveau des lignes pour véhicules électriques, ou des activités de mobilité avancée.

Propositions concrètes avancées

  • Reconversion partielle des lignes vers des activités de remanufacturing et de recyclage des batteries.
  • Développement d’une plateforme logistique pour pièces détachées EV.
  • Mise en place de formations certifiantes aux métiers de l’électronique, de la gestion d’énergie et du software embarqué.

Réponse de la direction et position du groupe

La direction de Stellantis a souligné le caractère temporaire des arrêts, évoquant des raisons de gestion de stocks et d’ajustement de capacités. Aucun calendrier de fermeture définitive n’a été annoncé publiquement, mais le groupe confirme procéder à des réallocations de production au sein de son réseau européen en fonction des marchés.

Chiffres et contexte du marché

Sur le plan macroéconomique, le marché automobile européen a enregistré en 2025 des fluctuations de la demande, notamment sur certains segments de petits SUV et citadines. Les immatriculations ont montré une baisse relative certains mois, ce qui impose des ajustements de cadence chez les constructeurs. Pour les sites européens de Stellantis, plusieurs arrêts programmés ont été observés en parallèle, signe d’un calibrage généralisé.

Rôle des pouvoirs publics : quelles aides possibles ?

Pour les syndicats et élus locaux, l’intervention publique est jugée essentielle. Plusieurs leviers sont identifiés : subventions à la conversion industrielle, financements via France 2030 pour des projets liés aux batteries et à l’hydrogène, soutien à la formation et mesures fiscales encourageant l’investissement industriel. Les acteurs locaux demandent des engagements fermes sur des projets concrets et datés afin de rassurer les salariés et les bassins d’emploi.

Des communes et la région peuvent également jouer un rôle en facilitant la reconversion du foncier, en favorisant les partenariats public‑privé et en soutenant les appels à projets industriels. La pression sur le calendrier est forte : sans visibilité, le risque d’érosion des compétences reste élevé.

Scénarios de transformation possibles pour Poissy

Trois scénarios émergent dans les analyses partagées entre syndicats, experts et collectivités :

  1. Maintien et modernisation : investissement dans les lignes EV et la chaîne de valeur des batteries, maintien de l’emploi actuel.
  2. Reconversion partielle : mix production-logistique-recyclage, diminution des volumes d’assemblage au profit d’activités à plus forte valeur ajoutée.
  3. Désengagement progressif : transfert de production vers des sites moins coûteux, avec des mesures d’accompagnement social lourdes.

Évaluation des coûts et des délais

La modernisation complète vers des lignes EV peut nécessiter des investissements de plusieurs dizaines de millions d’euros et un calendrier de 18 à 36 mois. La conversion vers le recyclage ou le remanufacturing peut être plus rapide à mettre en œuvre, mais demande également des transferts de compétences et des partenariats industriels locaux.

Ce que peuvent faire les partenaires locaux dès aujourd’hui

Collectivités, Pôle emploi, branches professionnelles et formateurs doivent s’organiser pour proposer des parcours de reconversion rapide, dispositifs de formation continue et plans de mobilité professionnelle. L’objectif est d’anticiper les pertes d’activité pour limiter l’impact social. Les acteurs locaux peuvent aussi initier des démarches d’appel à projets pour occuper le foncier industriel et attirer des investissements complémentaires.

Liens et sources à consulter

Pour approfondir les éléments factuels, voici quelques sources récentes et complètes : article du Le Parisien sur la situation de Poissy, le communiqué syndical de FO‑Stellantis, ainsi qu’un dossier de fond sur l’outil industriel Le Monde et un point de marché par Reuters.

Éléments à surveiller dans les prochaines semaines

Trois signaux doivent être suivis de près : les annonces d’investissements de Stellantis sur le site, les engagements financiers publics (France 2030, aides régionales) et la publication d’un plan social ou d’un plan de transformation. Une reprise d’activité accompagnée d’un calendrier d’investissement constituerait le scénario le plus favorable pour le maintien des compétences.

Ouverture : quels enseignements pour la politique industrielle régionale ?

Le dossier de Poissy illustre la fragilité des sites industriels urbains confrontés à la mutation technologique et à la concurrence internationale. Il met en lumière la nécessité d’une stratégie régionale proactive, combinant soutien à l’investissement, accélération de la formation et capacité à attirer des projets pilotes (recyclage, batteries, mobilité connectée). Pour l’Île‑de‑France, la préservation d’une industrie automobile moderne suppose une coordination plus forte entre entreprises, syndicats et pouvoirs publics.

usine Stellantis Poissy reste à ce stade un site sous tension mais potentiellement convertible : la fenêtre d’action est étroite, et les décisions des prochaines semaines détermineront si Poissy peut basculer vers un modèle industriel durable ou subir une érosion progressive des activités.

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