Prise électrique à quai au Havre : paquebot connecté au réseau HAROPA, câble haute tension et techniciens en gilets

HAROPA PORT : Le Havre inaugure le premier branchement électrique pour paquebots

HAROPA PORT a franchi une étape majeure le 30/10/2025 en réalisant le premier branchement électrique navire croisière opérationnel au port du Havre. Cette mise en service, testée par le paquebot MSC Poesia, marque le lancement concret d’un programme d’électrification des escales destiné à réduire les émissions locales, le bruit et les nuisances liées aux escales de croisière.

Un projet technique ambitieux et opérationnel

Le dispositif mis en place comprend la pose de câbles souterrains, l’installation d’un poste de transformation et d’une cellule de conversion capable d’alimenter des navires à quai. Le chantier a porté sur la création d’environ 3 km de câbles haute tension et la construction d’un bâtiment de distribution de près de 1 200 m² dans l’ancienne zone portuaire dédiée au terminal. L’objectif affiché est d’équiper, à terme, trois quais et de pouvoir délivrer une puissance cumulée pouvant atteindre 30 MW selon les besoins opérationnels.

Aspects techniques clefs

  • Transformateur HTB/HTA dimensionné pour les puissances attendues (ordre de grandeur : 40 MVA d’infrastructure électrique).
  • Systèmes de gestion d’énergie et de conversion pour adapter la tension et la fréquence à bord des navires.
  • Bras et systèmes de gestion de câble (Cable Management System) pour assurer un raccordement sûr malgré les variations de marée et de tirant d’eau.

Calendrier, coûts et financements

La première prise a été mise en service le 30 octobre 2025. Deux prises supplémentaires sont programmées en 2026 pour couvrir d’autres postes d’accostage majeurs. Le projet a été chiffré autour de 32 millions d’euros, cofinancés par l’État et par HAROPA PORT, illustrant la mobilisation de fonds publics pour accélérer la transition bas-carbone des infrastructures portuaires.

Acteurs et gouvernance

La cérémonie de mise en service a réuni des représentants du port, des collectivités territoriales et de la compagnie exploitante du navire. HAROPA a piloté l’opération en coordination avec les opérateurs techniques et les armateurs. Le partenariat avec les compagnies de croisière, à commencer par MSC, est déterminant pour assurer l’utilisation régulière des prises et pour adapter les horaires et conditions tarifaires.

Enjeux environnementaux et impacts attendus

Le branchement électrique navire croisière vise d’abord à supprimer l’usage des groupes électrogènes à quai, réduisant ainsi les émissions de CO2, NOx et particules fines pendant les escales. Selon les premières estimations locales, une escale alimentée à quai peut diminuer les émissions directes du navire de l’ordre de 80 à 100% pendant la durée de l’arrêt, selon le mix énergétique fourni.

Qualité de l’air et nuisances

Au-delà du CO2, l’arrêt des moteurs auxiliaires réduit significativement le bruit et les émissions de particules, ce qui améliore la qualité de l’air pour les riverains et les travailleurs portuaires. Pour les collectivités, c’est un enjeu sanitaire majeur : la réduction des particules et des oxydes d’azote contribue à diminuer les risques respiratoires localement.

Conformité réglementaire et objectifs 2030

La mise en service s’inscrit dans une dynamique européenne et nationale : la réglementation européenne incite les ports à proposer des solutions d’alimentation à quai pour les navires les plus fréquents, et des objectifs nationaux fixent des rythmes d’équipement avant 2030. Le dispositif havrais s’aligne sur ces exigences et sert d’exemple pour d’autres ports français et européens.

Aspects opérationnels et contraintes

Le déploiement du branchement électrique navire croisière implique plusieurs contraintes opérationnelles : coordination des horaires d’accostage, capacité de livraison d’énergie du réseau public (coordination avec ENEDIS), et adaptation aux différents standards électriques des navires. La maintenance des prises et la gestion des flux d’énergie sont aussi des sujets critiques pour garantir une disponibilité supérieure à 95% des installations.

Solutions techniques envisagées

Parmi les pistes retenues : des systèmes mobiles pour certains navires, des dispositifs de stockage tampon (batteries) pour lisser les pointes de consommation, et des accords contractuels clairs entre ports et armateurs sur les conditions d’utilisation et de tarification.

Retombées économiques et industrielles pour la Normandie

Pour la région Normandie, l’équipement des quais représente une opportunité industrielle : création d’emplois locaux pour la construction et la maintenance, incitation aux fournisseurs locaux de services électriques et de conversion, et renforcement de l’attractivité du Havre comme escale de croisière durable. Le port prévoit d’accueillir plus de 140 escales en 2025, ce qui justifie l’accélération des investissements.

Positionnement des compagnies de croisière

Les armateurs montrent un intérêt croissant pour l’alimentation à quai. L’opération havraise, testée par MSC, doit permettre d’installer progressivement des routines d’usage et d’adapter les navires aux prises locales. Le succès technique et la facilité d’accès favoriseront l’adoption par d’autres compagnies.

Comparaisons et tendances en Europe

Certains grands ports européens ont déjà déployé des solutions d’alimentation à quai; d’autres accusent un retard. Les analyses sectorielles montrent que seuls 30 à 40% des ports majeurs européens disposent aujourd’hui d’un seuil minimal de prises opérationnelles. Le projet havrais participe donc à combler ce retard et à montrer la voie pour un corridor fluvial et maritime plus propre.

Ressources et références

Pour approfondir les aspects techniques et le contexte institutionnel, voir le dossier HAROPA sur l’électrification des quais et le article original de Normandinamik détaillant la mise en service. Le communiqué de la compagnie ayant assuré le test fournit des éléments complémentaires techniques et opérationnels : communiqué MSC sur le test au Havre.

Perspectives et prochaines étapes

La suite du programme prévoit la mise en service des deux prises supplémentaires en 2026, l’optimisation des conditions tarifaires et l’élargissement de l’offre aux autres escales de l’axe Seine. L’atteinte d’un taux d’utilisation élevé des prises dépendra de l’adaptation des navires et d’une gouvernance tarifaire incitative pour les armateurs.

Ce que doivent retenir les décideurs industriels

Le projet prouve qu’il est possible d’intégrer rapidement des infrastructures électriques lourdes en zone portuaire. Pour les directeurs industriels et logisticiens, les points à retenir sont : l’importance d’anticiper les contrats d’énergie, la nécessité de coordonner chaînes d’approvisionnement et maintenance, et l’opportunité de développer des offres de services associées (stockage, conversion, maintenance). Le branchement électrique navire croisière constitue à la fois un levier de décarbonation et un moteur d’activité régionale.

Ouverture sur d’autres pistes d’action

Au-delà de l’alimentation à quai, la transition des escales implique d’autres actions : carburants bas-carbone pour les voyages, optimisation logistique des escales, et développement de hubs énergétiques portuaires. L’expérience havraise servira de base pour envisager des solutions intégrées sur l’axe Seine et dans d’autres ports français.

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