dispositif PREO : la région Hauts‑de‑France a adopté à l’unanimité une nouvelle feuille de route pour la politique de l’eau, visant à simplifier les guichets, élargir les bénéficiaires et prioriser les zones humides et les solutions fondées sur la nature. Ce cadrage pour la période 2025‑2028 doit servir de base aux appels à projets régionaux et aux partenariats locaux entre collectivités, acteurs agricoles, associations et services de l’État.
Pourquoi la région redéfinit sa stratégie eau
Les motivations sont opérationnelles et climatiques. Après des épisodes de sécheresse marqués en 2024‑2025 et des pics d’inondations localisées, la collectivité identifie un besoin urgent d’outils coordonnés. Le nouveau dispositif PREO — acronyme de Préserver, Retenir, Évacuer, Organiser — remplace les dispositifs antérieurs (HYDR, Aqua) pour réduire la complexité administrative et concentrer l’effort public sur des actions à fort impact territorial.
Contenu et priorités du dispositif PREO
PREO structure les interventions autour de quatre axes : préservation des milieux aquatiques, rétention de l’eau en amont via des mesures naturelles, évacuation maîtrisée pour limiter les dommages lors des crues, et organisation des financements et des partenariats. Concrètement, la région affecte une part significative des crédits aux zones humides (rénovation, fauche, pâturage extensif) et au développement de solutions basées sur la nature pour stocker l’eau et réduire les inondations.
Ouverture des bénéficiaires et appels à projets
Une nouveauté notable : les aides régionales sont désormais ouvertes aux associations, aux structures agricoles engagées (MAEC et démarches agro‑environnementales) et aux gestionnaires locaux de milieux, en plus des collectivités classiques. La région annonce des appels à projets sectoriels et territoriaux pour 2026, avec des critères d’éligibilité centrés sur l’impact hydrologique et la durabilité des actions.
Montants, cadence et gouvernance
Le montant global affecté sur la période 2025‑2028 n’a pas été publié ligne par ligne dans la délibération initiale, mais la direction régionale indique une priorisation budgétaire vers des projets multi‑partenaires mobilisant des cofinancements (Agence de l’Eau, fonds européens, EPCI). L’articulation opérationnelle se fera avec les EPTB, l’Agence de l’Eau Artois‑Picardie et les services de l’État pour déployer des programmes territoriaux.
Impacts attendus pour l’industrie et la gestion des ressources
Pour un directeur industriel, le dispositif PREO modifie le cadre d’intervention local. Il renforce l’impératif de prise en compte des capacités de stockage et des règles d’usage de la ressource dans les projets d’investissement. Les entreprises industrielles doivent anticiper des exigences accrues en matière de gestion volumétrique des prélèvements et de résilience des sites face aux variations saisonnières.
Régulation de l’irrigation et prélèvements industriels
La conjonction du cadre régional et des évolutions nationales (gestion volumétrique de l’irrigation) pousse vers une plus grande traçabilité des volumes prélevés et vers des obligations de réduction/soutien en périodes critiques. Les sites industriels consommateurs d’eau devront s’engager davantage dans la sobriété, le recyclage et la mutualisation de ressources au niveau de bassin.
Opportunités d’investissement industriel
PREO ouvre aussi des opportunités : financements partagés pour infrastructures douces de rétention, participation à des projets de stockage sur bassin, ou services écosystémiques valorisables (compensation, crédits hydrologiques). Les acteurs industriels peuvent se positionner comme partenaires d’appels à projets ou apporteurs de solutions techniques (pompage intelligent, récupération process, traitement des eaux pluviales).
Enjeux financiers et relation avec les partenaires
La réussite du dispositif dépendra de la capacité à mobiliser des cofinancements. L’Agence de l’Eau Artois‑Picardie, par exemple, publie des programmes d’engagements et peut être un levier financier majeur. Les EPCI et EPTB sont attendus sur la maîtrise d’ouvrage locale et la priorisation des actions à l’échelle des bassins versants.
Pour une lecture opérationnelle, voici trois priorités pour les décideurs industriels :
- Cartographier les vulnérabilités hydriques de ses sites et anticiper les volumes.
- Structurer des partenariats locaux (collectivités, agences de l’eau, agriculteurs) pour partager coûts et bénéfices.
- Investir dans la réduction des prélèvements et la réutilisation des effluents.
Contexte national et cohérence territoriale
PREO s’inscrit dans une dynamique nationale lancée en 2025 avec les conférences « L’eau dans nos territoires » et le Plan Eau qui fixent des orientations sur le partage de la ressource, la gouvernance et le financement. La région se donne ainsi les moyens d’adapter ces orientations aux spécificités locales (hydrologie morcelée, forte densité humaine et industrielle).
Pour approfondir la démarche nationale, consultez le communiqué du ministère sur les conférences ‘L’eau dans nos territoires’.
Mises en perspective chiffrées
Quelques repères utiles pour évaluer l’ampleur des enjeux :
- Épisodes de sécheresse 2024‑2025 : plusieurs arrêtés de restriction dans le Nord en 2025, illustrant une variabilité saisonnière accrue.
- Horizon administratif : plan 2025‑2028, avec appels à projets dès 2026.
- Acteurs financiers mobilisables : Agence de l’Eau Artois‑Picardie, fonds européens, EPCI.
Pour les diagnostics techniques locaux, voir le bilan 2024 de l’Agence de l’Eau Artois‑Picardie.
Risques et limites du dispositif PREO
Plusieurs défis pourraient limiter l’impact attendu : concurrence pour les ressources budgétaires, temporalité des projets (les mesures écologiques prennent souvent 3 à 7 ans pour produire pleinement leurs effets), et besoins techniques locaux (études hydrauliques, maîtrise foncière). Sans coordination fine entre acteurs, des projets isolés risquent de produire un faible effet sur la résilience de bassin.
Risques opérationnels
La mutualisation des financements demeure essentielle : 1) si les cofinancements n’arrivent pas, certains projets structurants pourraient stagner ; 2) l’absence d’outils de suivi volumétrique robustes limitera la capacité à évaluer les gains réels.
Que doivent préparer les directions industrielles ?
Actionnable dès maintenant : lancer des audits eau‑énergie pour identifier gisements d’économie, intégrer la contrainte PREO dans les études d’impact projet, et candidater à des appels à projets partenariaux. Les directeurs industriels gagneront à établir des dialogues anticipés avec les EPCI et l’Agence de l’Eau pour co‑construire des réponses techniques (stations de traitement réutilisation, bassins tampon, systèmes de monitoring).
Ressources et lectures complémentaires
Article de présentation initiale : article Terres & Territoires sur PREO.
Contexte local et pressions hydriques : reportage sur les restrictions d’eau dans le Nord.
Prochaines étapes à suivre
La région va publier les modalités des appels à projets et les critères d’éligibilité à court terme. Les directions industrielles et les collectivités disposent d’une fenêtre pour s’organiser : structurer des dossiers partenariaux, budgéter des cofinancements et programmer des études hydrauliques. L’enjeu est double : répondre aux obligations réglementaires à moyen terme et saisir des opportunités d’optimisation opérationnelle immédiates.
Ouverture stratégique
Au-delà des mesures techniques, PREO est un signal politique : la gestion de l’eau devient un élément structurant des trajectoires industrielles et territoriales. Les entreprises capables d’anticiper ces évolutions — en intégrant gestion de l’eau, sobriété et solutions basées sur la nature — pourront transformer une contrainte réglementaire en avantage compétitif durable.






Laisser un commentaire