Entrée de l'usine Stellantis à Poissy, ouvriers en gilets de sécurité marchant vers l'usine pendant un arrêt de production

Poissy : 300 ouvriers maintiennent l’activité chez Stellantis malgré l’arrêt

Stellantis Poissy voit une partie de ses équipes continuer à venir chaque matin alors que l’usine est mise au chômage technique pour une quinzaine de jours : environ 300 ouvriers pointent malgré l’arrêt de la production, assurant des missions de maintenance, de logistique et de sécurité. Ce phénomène reflète à la fois la réalité opérationnelle d’un site industriel et l’inquiétude sociale qui accompagne tout arrêt temporaire sur un site majeur de l’Île‑de‑France.

Contexte : calendrier et effectifs touchés

Le plan d’arrêt partiel sur le site remonte à l’annonce de la direction visant à adapter le rythme de production à la demande européenne. L’opération concerne une période d’environ 15 jours ouvrés au cours de laquelle la production est interrompue et des dispositifs de chômage partiel et de journées de congés sont activés pour les salariés. Le site de Poissy emploie environ 2 000 salariés au total ; la décision affecte donc une large proportion des équipes de production. Selon plusieurs sources de presse, dont Reuters (22/09/2025) et TF1, la période inclut des jours de congés programmés et des journées indemnisées au titre du chômage partiel.

Chiffres clés à retenir

  • 2 000 salariés sur le site de Poissy (effectif approximatif du site).
  • 15 jours de suspension de la production programmés.
  • Environ 300 salariés présents quotidiennement pour assurer des missions essentielles.
  • Estimation syndicale d’une perte nette moyenne locale de l’ordre de 10–15% sur le salaire mensuel pour les personnes concernées par le chômage partiel pendant la période.

Pourquoi 300 ouvriers continuent-ils à pointer ?

La présence d’environ 300 ouvriers chaque matin sur le site s’explique par des besoins opérationnels concrets : maintenance préventive des lignes, contrôles qualité différés, opérations de logistique et d’approvisionnement, gardiennage et sécurité, formation et requalification, et interventions des équipes de production pour tâches spécifiques. Les responsables d’atelier expliquent que certaines opérations ne peuvent attendre et que le site doit rester prêt à redémarrer rapidement.

Pour les salariés, la motivation à venir sur site mêle volonté professionnelle et nécessité : garantir la sécurité des installations, préserver des compétences techniques rares et garder un lien social et syndical avec le site. Comme le rapporte Le Parisien, l’expression « on n’est pas une usine morte » illustre cette volonté de maintenir une activité résiduelle et visible.

Impact économique local : sous‑traitance et commerces de proximité

L’arrêt affecte non seulement les opérateurs directs mais aussi une chaîne d’approvisionnement locale : petits sous‑traitants (usinage, câblage, peinture), transporteurs et services de maintenance voient leur carnet de commandes se réduire temporairement. Dans une économie locale où les dépenses de salaire se traduisent directement en consommation, une mise en pause de la production peut provoquer une baisse d’activité pour les commerces environnants (restauration, services et commerces de proximité).

Les estimations locales évoquent une contraction ponctuelle des flux financiers : si le chômage partiel amortit une partie des pertes de revenu, les salariés touchés peuvent voir un pouvoir d’achat réduit de l’ordre de 10–15% sur le mois, selon les témoignages syndicaux. Pour les sous‑traitants, l’effet se traduit parfois par un report ou une réduction de commandes évaluée à plusieurs dizaines de milliers d’euros par entreprise sur la période.

Effets sur la chaîne logistique

Des retards potentiels dans la livraison de pièces et des reports de planning peuvent générer des coûts additionnels. La direction met en avant l’objectif d’optimiser les stocks pour éviter une surproduction et rester compétitive face au ralentissement de la demande européenne, une problématique relevée dans d’autres usines du groupe Stellantis en France.

Réactions des syndicats et des élus locaux

Les syndicats locaux (FO, CFDT, CGT ou SUD selon les sections) expriment un mélange d’inquiétude et d’exigence : garanties d’emploi, maintien des savoir‑faire et demandes d’un calendrier industriel clair pour la relance de l’activité. Une visite de représentants politiques et d’élus locaux a été organisée pour rencontrer le personnel et les organisations syndicales ; par exemple, une rencontre avec un député européen a été rapportée par la presse régionale (La Gazette en Yvelines).

Les syndicats demandent par ailleurs des mesures d’accompagnement pour les sous‑traitants et une réflexion sur la modernisation du site afin d’éviter une désindustrialisation progressive. Ils réclament aussi des garanties sur les niveaux d’emploi à horizon moyen terme et sur l’engagement de la direction en faveur d’investissements, notamment liés aux nouvelles technologies et à l’électrification des véhicules.

La position de la direction et la stratégie industrielle

La direction de Stellantis justifie l’arrêt comme une mesure d’adaptation à la conjoncture : ajuster les stocks, limiter les surcapacités et optimiser la chaîne d’approvisionnement avant une reprise anticipée. Le groupe a par ailleurs mené des arrêts temporaires dans d’autres usines européennes pour les mêmes motifs, dans un contexte de demande européenne fluctuante en 2025.

Officiellement, l’objectif est d’assurer un redémarrage rapide et sécurisé, maîtriser les coûts et maintenir la compétitivité industrielle du site. La communication de la direction met l’accent sur la sécurité, la maintenance et les formations dispensées pendant la période d’arrêt pour préserver les compétences.

Investissements et perspectives industrielles

À plus long terme, la survie et la modernisation du site dépendront d’investissements ciblés : modernisation des lignes, intégration de nouvelles process pour véhicules électriques et hybrides, et renforcement des partenariats locaux avec les sous‑traitants. Les élus locaux et représentants syndicaux évoquent la nécessité d’un plan industriel clair co‑construit entre Stellantis, l’État et les collectivités territoriales pour sécuriser l’emploi.

Scénarios plausibles pour l’avenir du site

Trois scénarios peuvent être envisagés : 1) redémarrage rapide avec maintien de l’emploi si la demande se stabilise ; 2) ralentissement prolongé nécessitant des ajustements structurels et des négociations sociales ; 3) requalification partielle du site vers des activités annexes (R&D, assemblage de composants électriques) accompagnée d’investissements publics‑privés. Les décisions prises dans les semaines qui suivent l’arrêt seront déterminantes pour orienter l’un de ces scénarios.

Que peuvent faire les acteurs locaux ?

Plusieurs leviers d’action s’offrent aux parties prenantes :

  • Renforcement du dialogue social : accélérer les négociations entre direction et syndicats pour clarifier les mesures d’accompagnement.
  • Plan de soutien aux sous‑traitants : monter des dispositifs de trésorerie et d’appui technique pour limiter la casse financière locale.
  • Stratégie d’investissement : solliciter des dispositifs régionaux et européens pour financer la modernisation ou la reconversion partielle du site.

Perspectives locales et appel à une feuille de route

La présence quotidienne d’environ 300 ouvriers sur le site de Poissy souligne la nécessité d’une feuille de route partagée. Entre opérations de maintenance indispensables et signaux d’alerte pour l’emploi et la filière, la période d’arrêt temporaire est à la fois un enjeu opérationnel et un test politique. Les décisions qui suivront — tant du côté de la direction que des pouvoirs publics — détermineront l’impact réel sur l’économie locale et sur la pérennité d’un des derniers sites d’assemblage automobile en Île‑de‑France.

Sur le court terme, la priorité reste la gestion sociale et la stabilité opérationnelle ; sur le moyen terme, un accord industriel intégrant investissements, formation et soutien aux sous‑traitants apparaît indispensable pour transformer une mise à l’arrêt ponctuelle en opportunité de reconquête industrielle.

Sources et lectures complémentaires : reportage initial du Parisien : présence de 300 ouvriers ; annonce d’arrêt et contexte européen par Reuters ; compte rendu de la visite d’un élu local dans La Gazette en Yvelines.

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