Moulin Tereos de Nesle — façade industrielle, camions et ouvriers lors de la réouverture

Ravagé par un incendie il y a deux ans, le grand moulin Tereos de Nesle reprend du service et augmente sa productivité

moulin Tereos de Nesle : après l’incendie majeur de novembre 2023, le site industriel a rouvert ses lignes et présenté une capacité opérationnelle renforcée. La remise en service, annoncée officiellement en novembre 2025, vise non seulement à restaurer une production interrompue pendant deux ans mais aussi à accroître la productivité et l’efficience énergétique du site, au bénéfice de la filière blé‑amidon des Hauts‑de‑France.

Un sinistre qui a transformé le calendrier industriel

Le feu qui a ravagé l’amidonnerie de Nesle le 9 novembre 2023 a stoppé l’activité d’un des plus grands moulins du Nord de la France et a provoqué une réorganisation des approvisionnements dans la région. Les pertes de capacité ont pesé sur les approvisionnements en amidon et sur les contrats avec les transformateurs et les distributeurs. Face à l’urgence, Tereos a décidé d’un plan de reconstruction et de modernisation, chiffré et communiqué lors de l’inauguration du nouveau moulin le 20 novembre 2025.

Investissement et calendrier de reconstruction

La remise en service a reposé sur un investissement industriel massif : selon des reprises locales de presse, environ 62 M€ ont été consacrés à la reconstruction et à l’équipement des lignes. Le chantier, mené en environ deux ans, a visé à remplacer les installations détruites et à intégrer des technologies plus économes. Le communiqué officiel de Tereos sur l’inauguration précise les objectifs techniques et environnementaux du projet ; il est consultable ici : communiqué officiel de Tereos sur l’inauguration.

Capacité, productivité et gains énergétiques

Les nouvelles capacités annoncées combinent plusieurs évolutions techniques : rénovation des lignes de broyage, automatisation accrue et optimisation des flux logistiques. La presse professionnelle mentionne une capacité proche de 880 tonnes de blé par jour pour les lignes réinstallées, soit une montée en charge significative par rapport à l’ancienne configuration. Sur une base annuelle, le site traite désormais l’équivalent de plusieurs centaines de milliers de tonnes de blé, chiffre essentiel pour la chaîne de valeur régionale.

Un des axes forts de la modernisation est la réduction de la consommation électrique : Tereos avance que le nouveau moulin permet de réduire d’environ 50% la consommation d’électricité de certaines étapes industrielles, grâce à des équipements à plus haut rendement et à une meilleure récupération thermique. Ces gains s’inscrivent dans la trajectoire de décarbonation du groupe, qui communique sur des réductions d’émissions industrielles depuis 2018.

Équipements et process modernisés

Parmi les innovations techniques figurent des broyeurs à haut rendement, des systèmes de tri optimisés et une recompression de vapeur améliorée pour limiter la consommation de gaz et d’électricité. Ces choix permettent d’augmenter le rendement matière par tonne de blé transformée et d’améliorer la qualité d’amidon produit.

Retombées économiques et sociales locales

La relance du moulin Tereos de Nesle a un impact direct sur l’emploi et l’économie locale. Le site mobilise environ 290 emplois directs et près de 1 600 emplois indirects selon les chiffres communiqués par le groupe. Pour un territoire rural, la sécurité de ces débouchés est stratégique : les coopératives agricoles locales approvisionnent régulièrement l’usine, et la remise en route stabilise les revenus des producteurs de blé.

La réouverture limite par ailleurs les coûts logistiques liés aux transports vers d’autres sites éloignés. Lors de la période d’arrêt, les flux avaient été redirigés, générant des surcoûts et des ruptures ponctuelles d’approvisionnement pour certains clients industriels. Le redémarrage permet donc de restaurer des circuits courts et de réduire les externalités négatives.

Effets sur la filière amidonnerie nationale

La filière amidonnerie en France fait face à des marchés tendus : concurrence à l’export, évolution de la demande intérieure et besoins de compétitivité. La remise en service du moulin renforce la capacité de transformation domestique et contribue à la souveraineté industrielle sur les produits dérivés du blé. Comme l’analysait la presse spécialisée, l’investissement à Nesle est une réponse industrielle forte face aux enjeux de marché et environnementaux : il vise à consolider une offre locale de produits amidonniers et dérivés.

Répartition des débouchés

Les débouchés typiques pour le blé transformé incluent le sirop de glucose, les protéines pour l’alimentation humaine, l’alcool pour usages industriels et pharmaceutiques, ainsi que la nutrition animale. Les équilibres entre ces segments varient selon les cycles économiques ; retrouver la pleine capacité du site permet de répondre plus rapidement aux commandes et aux variations de la demande.

Risques, robustesse et gouvernance du projet

Reconstruire après un incendie soulève des questions de prévention et de résilience. Tereos a dû mettre à jour ses schémas de sécurité incendie, ses systèmes de détection et ses plans de continuité. Le groupe a communiqué sur des investissements en sûreté pour limiter les risques d’interruption future. Par ailleurs, la gestion des déchets de démolition et la dépollution éventuelle des sols ont été des éléments à traiter pendant les travaux.

Du point de vue financier, le montant investi (≈ 62 M€) représente un pari sur un horizon moyen à long terme : il vise à améliorer la compétitivité et à réduire les coûts opérationnels grâce à l’efficience énergétique. La décision s’inscrit aussi dans une logique de maintien de l’ancrage industriel régional et de protection des emplois locaux.

Communication et acceptabilité locale

L’inauguration du 20 novembre 2025 a été l’occasion pour Tereos de réaffirmer son ancrage territorial. La communication s’est appuyée sur des chiffres concrets (emplois, capacités, gains énergétiques) et sur la mise en avant de la trajectoire « Cultivate Net‑Zero » du groupe. Le dossier a été suivi de près par la presse régionale et professionnelle ; un article de Process Alimentaire détaille la réouverture et ses enjeux : article Process Alimentaire sur la réouverture.

Le reportage local de France 3 régions avait raconté les perturbations et l’impact social pendant la phase d’arrêt, et revient aujourd’hui sur la relance du site : reportage France 3 régions sur le moulin de Nesle.

Contexte sectoriel et perspectives

À l’échelle nationale, la filière amidonnerie cherche à conjuguer compétitivité et durabilité. Les investissements comme celui de Nesle alimentent une dynamique de modernisation industrielle qui peut améliorer la résilience face aux fluctuations de prix des matières premières et aux exigences environnementales. L’analyse par la presse spécialisée rappelle toutefois que la performance commerciale reste soumise à des facteurs exogènes (cours, export, régulations).

Points de vigilance

  • Maintenir la compétitivité prix face à des producteurs étrangers.
  • Gérer les risques industriels et assurer la sécurité à long terme.
  • Valoriser localement les externalités positives (emplois, formation).
  • S’adapter à la transition énergétique sans hausse excessive des coûts.

Capacités et prochaines étapes pour le territoire

La remise en route du moulin Tereos de Nesle marque une étape concrète pour le Hauts‑de‑France : elle restaure une capacité industrielle clé, sécurise des débouchés pour les agriculteurs et offre une plateforme modernisée pour développer des produits à plus forte valeur ajoutée. Les prochaines étapes consistent à stabiliser la production sur 12 à 18 mois, optimiser les cadences et mesurer les gains réels en économie d’énergie rapportés aux coûts d’exploitation.

Au plan local, l’enjeu sera aussi de transformer cette relance en une opportunité durable : coopération avec les coopératives agricoles, élargissement des débouchés et renforcement des dispositifs de prévention. Les observateurs industriels noteront si l’amélioration de la productivité et la réduction des coûts énergétiques permettent d’améliorer la marge opérationnelle du site et de consolider sa place dans la filière amidonnière française.

En synthèse : la réouverture du moulin est un signal positif pour l’industrie agroalimentaire régionale. Elle combine réparation d’une perte de capacité due à un sinistre, relance d’emplois locaux et modernisation technique. Le défi à venir est de transformer ces gains en compétitivité durable, tout en gardant un niveau élevé de sécurité industrielle et de performance environnementale.

Sources principales consultées : communiqué Tereos (20/11/2025), article Process Alimentaire (21/11/2025), reportage France 3 régions, et analyses sectorielles publiées en 2024–2025.

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