File d'attente devant une agence France Travail en Hauts‑de‑France, ambiance urbaine et travailleurs
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T3 2025 : les inscrits à France Travail en Hauts‑de‑France, chiffres et enjeux

inscrits France Travail Hauts‑de‑France : au troisième trimestre 2025, la région comptait en moyenne 532 750 inscrits en catégories A, B et C, dont 314 120 en catégorie A (sans activité) et 218 630 en B/C. Ce premier chiffre synthétique est indispensable pour lire les dynamiques du marché du travail régional et comprendre pourquoi, malgré des tensions de recrutement persistantes, le volume d’inscrits progresse.

Un bilan chiffré : hausse trimestrielle et annuelle

Sur le plan statistique, les inscrits en catégories A, B et C augmentent de +1,7 % sur le trimestre (+9 100 personnes) et de +4,8 % sur un an. Ces évolutions s’inscrivent dans un contexte national marqué par des changements méthodologiques et réglementaires. Au niveau France entière (hors Mayotte), la Dares recense 5 698 300 inscrits au T3 2025, ce qui permet de replacer le mouvement régional dans une tendance nationale. La fiche régionale de la DREETS Hauts‑de‑France fournit la ventilation départementale et confirme l’ampleur de la hausse.

Pourquoi cette hausse ? Méthode et contexte réglementaire

Deux éléments expliquent une partie de la progression des inscrits. D’une part, la mise en place de l’inscription automatique de certains publics et l’adaptation des scripts d’enregistrement, consécutives à la réforme de 2025, modifient les flux entrants. D’autre part, l’entrée en vigueur d’un décret relatif aux sanctions en juin 2025 a considérablement réduit le nombre de radiations administratives mensuelles. La publication de la Dares explicite ces effets méthodologiques et fournit des estimations d’ampleur nationale.

Effet technique vs. effet conjoncturel

La Dares évalue que, sans ces changements, le nombre d’inscrits aurait été inférieur d’environ 80 000 personnes (A,B,C) au plan national au T3 2025. À l’échelle régionale, cela signifie que la hausse observée doit être partiellement attribuée à l’évolution des procédures plutôt qu’à une seule détérioration conjoncturelle.

Les tensions de recrutement : une contradiction apparente

Parallèlement à l’augmentation des inscrits, l’enquête des Besoins en Main-d’Œuvre (BMO) pour 2025 fait apparaître 157 690 projets de recrutement dans la région, dont 44,5 % jugés difficiles. Les secteurs les plus affectés sont la logistique, l’agroalimentaire, le bâtiment et la métallurgie. Cette cohabitation d’un volume élevé d’inscrits et d’une forte proportion de recrutements difficiles illustre le décalage entre offre et demande de compétences.

La cartographie des difficultés par bassin montre des concentrations dans les zones de forte industrialisation et de ports (ex. Dunkerque, Valenciennes). La plate-forme des statistiques BMO 2025 permet d’identifier par métier les pénuries signalées par les employeurs.

Causes des tensions

  • Mismatch compétences / postes : manque de qualifications spécifiques (techniciens, soudeurs, conducteurs).
  • Contraintes territoriales : éloignement et mobilité limitent l’adéquation entre demandeurs et offres.
  • Conditions d’emploi : salaires, temps partiel subi et attractivité des postes.
  • Saisonnalité : 28,6 % des projets de recrutement sont saisonniers en 2025, accentuant les besoins ponctuels.

Lecture départementale et effets locaux

La DREETS a publié des fiches départementales (Aisne, Nord, Oise, Pas‑de‑Calais, Somme) qui montrent des trajectoires différenciées. Le Nord concentre la majorité des inscrits mais aussi un volume élevé de projets de recrutement. Le Pas‑de‑Calais enregistre une augmentation notable des catégories A, tandis que la Somme signale des tensions spécifiques dans l’agroalimentaire.

Ces disparités départementales sont corrélées à la structure productive : bassins où les secteurs industriels ou logistiques sont prépondérants affichent à la fois un fort niveau d’inscrits et des difficultés de recrutement élevées.

Indicateurs conjoncturels : le regard de l’INSEE

L’INSEE confirme une dégradation du marché du travail régional : le taux de chômage régional atteint environ 9,2 % de la population active au T3 2025, valeur supérieure à la moyenne nationale. Ces statistiques, accessibles via la page des indicateurs régionaux, fournissent une lecture complémentaire à celle des inscrits et des projets de recrutement. Les tableaux INSEE permettent aussi d’analyser les évolutions par tranche d’âge et niveau de diplôme.

Impacts pour les entreprises et pour la stratégie RH

Pour un dirigeant industriel, ces données commandent des réponses opérationnelles : revalorisation salariale ciblée, politique de formation continue, recrutement via filières d’apprentissage, et partenariats locaux. La persistance des tensions de recrutement exige des stratégies long terme : fidélisation des salariés, amélioration des conditions de travail, recours aux dispositifs publics d’aide au recrutement.

Mesures opérationnelles recommandées

  • Lancer des parcours internes de montée en compétences pour convertir des profils disponibles vers les métiers pénuriques.
  • Renforcer les alliances avec les centres de formation régionaux et les CFA pour anticiper les besoins.
  • Expérimenter des dispositifs de mobilité et de relogement temporaires pour lever les freins territoriaux.
  • Utiliser les aides à l’embauche et dispositifs de France Travail pour cofinancer des qualifications.

Lecture critique des statistiques : prudence et repères

Les séries d’inscrits en 2025 doivent être lues avec précaution. Les modifications d’enregistrement et la réduction des radiations administratives ont amplifié la hausse constatée. Il est donc essentiel de croiser les données des inscrits avec les flux d’entrées/sorties, les indicateurs de l’INSEE et les enquêtes BMO pour établir un diagnostic robuste.

En pratique, la combinaison de ces sources permet de distinguer les facteurs structurels (désajustement compétences/offres) des facteurs strictement méthodologiques ou temporaires.

Ressources et outils pour approfondir

Pour un suivi opérationnel, plusieurs outils sont recommandés : la fiche régionale DREETS sur les inscrits, la publication de la Dares qui détaille les impacts méthodologiques et la datavisualisation BMO. Ces ressources fournissent des cartographies métiers, des séries temporelles et des ventilations départementales utiles aux directions RH.

Perspectives et décisions à court terme

À court terme (6–12 mois), il est probable que la stabilisation des procédures d’inscription et l’ajustement des dispositifs de contrôle modéreront les écarts méthodologiques. En parallèle, l’évolution conjoncturelle (croissance ou ralentissement) conditionnera l’ampleur réelle des besoins de main-d’œuvre. Les acteurs publics et privés doivent donc conjuguer mesures immédiates (recrutement, formation) et projets structurels (amélioration de l’attractivité des métiers).

Pour les décideurs locaux, le défi est double : réduire les frictions territoriales et renforcer l’adéquation formation/emplois. Le suivi trimestriel des inscrits, couplé à la BMO, est un indicateur opérationnel pour calibrer les politiques locales d’emploi.

Perspectives pour le marché de l’emploi régional

La situation des inscrits France Travail Hauts‑de‑France au T3 2025 reflète une région en mutation : un stock d’inscrits notable, des besoins de recrutement élevés et des tensions sectorielles marquées. Pour inverser la logique de pénurie constatée dans certains métiers, il faudra combiner politiques publiques, investissements privés en formation et actions locales ciblées. Le suivi des prochaines publications de la DREETS, de la Dares et des données INSEE permettra d’affiner ces orientations.

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