désertification commerciale centres‑villes Auvergne‑Rhône‑Alpes : face à la montée des locaux vacants et à la baisse d’attractivité de certains cœurs urbains, la Banque des Territoires, représentée par son président Antoine Saintoyant, affirme qu’il n’y a pas de fatalité et détaille des solutions financières et opérationnelles. Cet article synthétise les chiffres récents, les dispositifs mobilisés en 2025‑2026 et les leviers concrets pour les collectivités et acteurs privés.
État des lieux régional et chiffres clés
La vacance commerciale reste un indicateur central pour mesurer la vitalité des centres‑villes. Au niveau national, les observatoires indiquent un taux moyen d’environ 10,6% pour 2024, avec des variations fortes selon les territoires. Dans les villes moyennes d’Auvergne‑Rhône‑Alpes, plusieurs diagnostics locaux font apparaître des taux compris entre 8% et 15% selon les secteurs et la typologie de l’offre (pied d’immeuble vs zones piétonnes). Ces disparités justifient des réponses ciblées, ménageant l’équilibre entre revitalisation commerciale et transition écologique.
Décisions et engagements récents
Lors des Rencontres Cœur de Ville (8‑9 décembre 2025) à Chambéry, la Banque des Territoires a communiqué des montants et des typologies d’intervention pour la région : plus d’1 milliard d’euros mobilisés en 2025 à destination des collectivités et des projets locaux, via prêts, investissements directs et enveloppes d’ingénierie. Ces annonces ont été présentées comme une réponse structurée à la désertification commerciale.
Parallèlement, des études sectorielles publiées fin 2025 (FACT / Codata) montrent que la progression de la vacance commerciale s’est ralentie pour la mandature 2019‑2024, et que 37% des villes étudiées ont vu leur vacance diminuer, signe que des politiques locales ciblées produisent des effets.
Instruments financiers activés par la Banque des Territoires
La Banque des Territoires combine plusieurs instruments :
- Prêts concessionnels aux collectivités pour opérations d’achat‑revente et requalification immobilière ;
- Investissements directs dans des foncières d’intérêt local pour transformer des friches en commerces ou en logements adaptés ;
- Subventions et ingénierie pour diagnostics, études et mobilisation d’équipes projet (urbanisme tactique, thermographie, repérage des locaux vacants).
Exemples concrets annoncés : convention « Site Pilote » à Chambéry (diagnostics territoriaux cofinancés), soutien à la requalification d’une friche industrielle et un prêt majeur pour un projet de mobilité décarbonée. Pour consulter l’annonce institutionnelle : présentation des Rencontres Cœur de Ville et engagements 2025.
Dispositifs nationaux et articulation locale
Deux dispositifs structurants continuent de peser : Action Cœur de Ville et Petites Villes de Demain. Ils proposent des enveloppes d’ingénierie, des aides à la rénovation et des mécanismes de portage foncier. La Banque des Territoires se positionne en cofinanceur et en opérateur d’ingénierie pour faciliter les montages. Les collectivités sont invitées à saisir ces dispositifs pour amplifier l’effet‑levier des financements régionaux et nationaux.
Pour un cadrage chiffré et méthodologique des indicateurs, voir le catalogue de l’ANCT : outil de mesure du taux de vacance commerciale de l’ANCT.
Leviers opérationnels éprouvés
Les retours d’expérience identifient plusieurs leviers efficaces :
- Soutenir l’offre alimentaire et les services de proximité (alimentation, pharmacie, pressing) : ces enseignes structurent le flux de clientèle et limitent l’érosion du commerce.
- Portage foncier et acquisition de locaux vacants par des foncières publiques ou mixtes pour maîtriser les loyers et favoriser l’installation de commerces.
- Opérations de réhabilitation du petit patrimoine et aides à la rénovation thermique, réduisant les coûts pour les porteurs de projets et valorisant l’attractivité urbaine.
- Actions de marketing territorial (événementiel, mutualisation de charges, commerce ambulant, déploiement numérique) pour relancer les flux de clientèle.
Ces leviers se combinent souvent avec des mesures de transition écologique (végétalisation, réduction des ilots de chaleur) afin d’améliorer la qualité de vie et d’attirer des habitants et clients.
Cas d’étude : Chambéry et la requalification de friches
Lors des rencontres à Chambéry, plusieurs exemples concrets ont été présentés : projet de requalification de la friche Rubanox, études de végétalisation des espaces centraux, et un prêt portant majoritairement un projet de mobilité décarbonée. Ces opérations illustrent l’approche intégrée : logements, mobilité, espaces publics et commerces sont traités simultanément pour maximiser l’effet‑boomerang sur la fréquentation commerciale.
Pour un compte rendu de presse locale sur ces annonces : article du Dauphiné Libéré sur la désertification commerciale en ARA.
Impacts économiques et sociaux
La redynamisation des centres‑villes a des effets mesurables : création et maintien d’emplois de proximité, hausse de la valeur foncière locale, meilleure résilience des commerces face aux crises. À titre d’exemple, des villes moyennes ayant mis en œuvre des stratégies actives ont enregistré une diminution moyenne de la vacance de 2 à 5 points sur des périodes de 3 à 5 ans, selon les études FACT et Codata.
Conséquences pour les finances locales
Les communes engagées bénéficient d’un double effet : recettes fiscales stabilisées par l’activité commerciale retrouvée et économies indirectes liées à la réutilisation du foncier plutôt qu’à l’étalement urbain. Toutefois, ces opérations exigent des capacités d’ingénierie et des avances de trésorerie que la Banque des Territoires vise à compenser par des prêts adaptés et des subventions d’ingénierie.
Recommandations pratiques pour les décideurs locaux
Pour un Directeur administratif et financier (DAF) ou un maire, les priorités opérationnelles sont :
- Cartographier finement la vacance commerciale et segmenter les priorités (pieds d’immeuble, rues secondaires, friches).
- Monter des dossiers couplant fonds publics, prêts et partenariats privés pour sécuriser les montages financiers.
- Activer l’ingénierie territoriale pour études préalables : diagnostics thermiques, accessibilité, étude de flux.
- Mobiliser les dispositifs nationaux (Action Cœur de Ville, Petites Villes de Demain) et articuler les cofinancements avec la Banque des Territoires.
Un guide méthodologique et des retours d’expérience sont accessibles via les observatoires nationaux et sectoriels : voir la synthèse FACT pour les tendances et outils pratiques (étude FACT sur le commerce en France).
S’orienter vers un renouvellement durable
La lutte contre la désertification commerciale en Auvergne‑Rhône‑Alpes repose sur une combinaison d’outils financiers, d’ingénierie et d’actions opérationnelles. Les engagements de la Banque des Territoires en 2025 (plus d’1 Md€ mobilisé) constituent un levier important, mais le succès dépendra de la capacité des collectivités à structurer des projets intégrés, impliquant les acteurs privés, les bailleurs et les habitants.
Les prochains mois seront déterminants pour transformer les diagnostics en projets concrets : portage foncier ciblé, soutien aux services de proximité, rénovations systématiques et actions de marketing territorial. Pour les décideurs régionaux, la clé est d’anticiper les montages financiers et d’engager rapidement des diagnostics partagés afin de saisir les enveloppes d’ingénierie disponibles.






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