La ligne de production zéro carbone inaugurée près de Brest par ETT marque une étape industrielle majeure : l’entreprise industrialise des rooftops et des pompes à chaleur sur la base du R290 (propane) et affiche un objectif de montée en cadence à l’échelle européenne.
Un chapo : quoi, où, et pourquoi ce lancement change la donne
Installée sur le site de Ploudalmézeau (près de Brest), la nouvelle ligne revendiquée « zéro carbone » par ETT vise à produire en série des équipements HVAC de grande puissance en utilisant le R290 (propane) et des solutions adiabatiques pour réduire la consommation électrique. Le projet, présenté début décembre 2025, combine une ambition industrielle (cadence annoncée) et une stratégie technique destinée à décarboner les installations de grands volumes (entrepôts, centres commerciaux, aéroports, industrie).
Les éléments techniques et industriels de la ligne
La ligne cible plusieurs familles de produits : rooftops standardisés, variantes adiabatiques et versions sur-mesure. ETT annonce un objectif de production industrielle d’environ 1 000 machines standard par an et 600 équipements sur-mesure, soit une capacité nominale de ~1 600 unités/an. L’équipement utilise le fluide frigorigène naturel R290 (propane), choisi pour son très faible potentiel de réchauffement global (GWP) comparé aux fluides fluorés classiques.
La ligne associe des techniques d’optimisation énergétique : échangeurs à haut rendement, gestion électronique des compresseurs, et recours au refroidissement adiabatique pour limiter les besoins en énergie électrique. ETT avance des gains énergétiques importants, de l’ordre de 50 à 70 % sur certaines configurations lorsque l’adaptation adiabatique est possible.
Pourquoi le R290 ?
Le propane (R290) présente un GWP très faible et une efficacité thermodynamique élevée. Ces caractéristiques le rendent pertinent pour des équipements à forte puissance lorsque les risques liés à l’inflammabilité sont maîtrisés (dimensionnement, ventilation, détecteurs, procédure industrielle). Le choix d’un réfrigérant naturel s’inscrit aussi dans une anticipation réglementaire : la transition des fluides frigorigènes s’intensifie dans l’agenda européen et normatif (F‑GAS).
Financement, chiffres et emplois
ETT indique un investissement global d’environ 2 millions d’euros pour cette ligne. Une partie du financement a été soutenue par des dispositifs publics visant l’industrialisation et la décarbonation, dont des subventions publiques issues du programme d’innovation (PIA4) et des aides régionales. L’entreprise, groupe industriel établi en Bretagne, compte plusieurs centaines de salariés : les effectifs totaux du groupe sont estimés entre 200 et 400 personnes selon les sources et activités.
La localité de Ploudalmézeau et la zone d’implantation industrielle permettent de justifier la logique d’approvisionnement local et de création d’emplois directs et indirects (chaînes de sous-traitance, composants électroniques, tôlerie, transport). ETT met également en avant l’usage d’aluminium recyclé pour les carrosseries afin d’améliorer le bilan carbone des produits.
Contexte réglementaire et stratégique
La décision d’ETT s’inscrit dans une tendance plus large du secteur HVAC à accélérer la substitution des frigorigènes fluorés par des solutions naturelles à faible GWP afin d’anticiper les futures contraintes réglementaires (F‑GAS). Plusieurs industriels européens ont lancé des gammes en R290 pour des solutions commerciales, mais ETT revendique une industrialisation complète « made in France » qui, selon ses dirigeants, placerait la société plusieurs années en avance sur certains concurrents.
Au plan stratégique, la mise en série permet de réduire les coûts unitaires, d’améliorer la qualité et de proposer des garanties adaptées aux utilisateurs professionnels (bureaux, grande distribution, industrie). ETT accompagne ces produits par des offres de supervision numérique et de maintenance préventive pour optimiser l’efficience sur la durée.
Risques, sécurité et acceptation marché
L’utilisation du propane impose une rigueur technique renforcée (gestion de l’inflammabilité, certification ATEX, formation des équipes de maintenance). ETT a détaillé ses procédures de sécurité, ses dispositifs de détection et ses modes opératoires pour assurer le passage à une production industrielle en toute conformité. L’acceptation du marché repose en outre sur la formation des installateurs et sur l’évolution des règles d’ingénierie des bâtiments.
Impact attendu sur la filière bretonne
Pour la Bretagne, l’initiative d’ETT représente un signal fort de réindustrialisation à haute valeur ajoutée. Outre la création et la sécurisation d’emplois, la ligne peut favoriser la montée en compétences des sous-traitants locaux (filière chaudronnerie, électronique, automatisme) et générer des commandes pour des acteurs régionaux. La mobilisation des fonds publics (PIA4, aides locales) illustre aussi la priorité donnée à des projets combinant industrie et transition écologique.
Sur le plan économique, la montée en cadence annoncée (1 600 unités/an) peut permettre à ETT d’atteindre des économies d’échelle significatives et d’exporter vers des marchés européens où la demande d’installations bas‑carbone pour grands volumes est en croissance.
Réactions et positionnements des acteurs
Les acteurs régionaux et professionnels ont salué l’initiative, tout en rappelant la nécessité d’une coordination : formation technique, adaptation des réseaux d’approvisionnement en fluides naturels, et évolution des normes d’installation. Des articles de presse spécialisée et régionale ont couvert le lancement : voir notamment le compte rendu du Télégramme sur l’annonce d’ETT et des analyses techniques publiées sur Batirama.
Partenariats publics-privés
Le dossier financier mentionne des soutiens publics—en particulier des dispositifs d’innovation—dédiés à l’industrialisation de solutions bas‑carbone. Ces partenariats ont permis d’accélérer la mise en service et de réduire le risque financier initial pour ETT.
Perspectives commerciales et marchés cibles
Les clients visés par ETT sont principalement les grands comptes : distribution, logistique, industrie agroalimentaire, et gestionnaires d’infrastructures (aéroports, gares). Ces segments ont des besoins spécifiques en puissance frigorifique et en efficience énergétique, et représentent une part significative de la demande pour des rooftop et des systèmes de chauffage/refroidissement massifs.
La stratégie commerciale combine produit standard (industrialisation forte, coûts maîtrisés) et offres sur-mesure (intégration en site, supervision, maintenance). ETT propose aussi des contrats de performance énergétique pour sécuriser le retour sur investissement client.
Enjeux pour les collectivités et la transition énergétique locale
Pour les collectivités bretonnes, la montée en puissance d’acteurs industriels capables de produire localement des équipements bas‑carbone est un levier pour atteindre des objectifs régionaux de réduction des émissions. La production locale réduit également l’empreinte logistique et favorise une chaîne de valeur plus résiliente face aux aléas internationaux.
Rappels et données chiffrées clés
- Investissement déclaré : ~2 M€.
- Objectif de production : ~1 000 unités standard/an + 600 unités sur-mesure/an (soit ~1 600 unités/an).
- Gains énergétiques annoncés avec adiabatie : 50–70 % sur certains cycles.
- Réfrigérant : R290 (propane) — GWP très faible comparé aux HFC classiques.
- Localisation : Ploudalmézeau, près de Brest (Bretagne).
Questions ouvertes et points de vigilance
Plusieurs éléments méritent un suivi : la formation des installateurs et techniciens, l’adaptation des services de maintenance aux équipes locales, la surveillance de la sécurité liée au R290, et la capacité à sécuriser une chaîne d’approvisionnement durable pour les composants critiques. La réussite commerciale dépendra aussi de la compétitivité prix face à des offres alternatives (pompes à chaleur au R32, systèmes hybrides).
Ressources complémentaires
Pour approfondir le sujet et consulter les communiqués techniques et analyses, voir l’article du site Batirama expliquant la démarche R290 et le dossier technique publié sur Le Bâtiment Performant. On peut aussi consulter la couverture régionale sur Bretagne Économique pour le volet financement et emplois.
Perspectives à moyen terme pour la filière
Si la montée en cadence se confirme et que la sécurité et la maintenance sont sécurisées, la ligne de production zéro carbone d’ETT pourrait servir de modèle pour d’autres industriels cherchant à industrialiser des solutions à faible GWP. Le principal enjeu reste la conjugaison de la performance technique, de la sécurité opérationnelle et de la compétitivité économique.
Un horizon pragmatique pour la Bretagne industrielle
Avec cette initiative, la Bretagne renforce son positionnement sur des segments industriels à forte valeur ajoutée liés à la transition énergétique. L’atterrissage commercial et l’exportation seront les marqueurs de succès : la région et les acteurs locaux suivront l’évolution de la production R290, des volumes produits et de la sécurisation des emplois et sous-traitances locaux.
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