Manifestation de soignants devant l'hôpital de Digne‑les‑Bains, banderoles et personnel en tenue
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Grève à Digne‑les‑Bains : soignants mobilisés contre la suppression de 29 postes

suppression d’emplois hôpital Digne : face à l’annonce d’un plan de réduction de 29 postes au centre hospitalier de Digne‑les‑Bains, le personnel soignant s’est mis en grève le 11 décembre 2025 pour dénoncer l’impact attendu sur la qualité et la sécurité des soins. Les syndicats locaux évoquent la suppression d’environ 20 postes de soignants et une organisation du travail fortement perturbée si le plan est maintenu.

Contexte et chronologie

Le mouvement est né après la présentation d’un projet de réorganisation au sein du centre hospitalier de Digne‑les‑Bains, intégré au Groupement Hospitalier de Territoire (GHT04). La direction a chiffré à 29 le nombre de postes concernés par des suppressions ou transformations. Les agents et les organisations syndicales ont répondu par une journée de grève le 11/12/2025 et par des actions de communication locale pour obtenir un réexamen des mesures.

Les tensions s’inscrivent dans un contexte plus large : rapports récents pointent la fragilité financière et organisationnelle de petits hôpitaux de proximité, et la Chambre régionale des comptes a récemment relevé des difficultés de gouvernance et un recours important à l’intérim pour l’établissement, citant un effectif global d’environ 1 160 agents en 2024.

Les revendications des soignants

Les représentants syndicaux, dont la section locale de la CGT, demandent la suspension du plan et l’ouverture de véritables négociations. Leur message est clair : réduire les effectifs va se traduire par « moins de temps pour s’occuper des patients », une baisse de la qualité des soins et un risque accru d’événements indésirables, selon les témoignages collectés sur place.

Plusieurs points structurent leurs revendications :

  • Maintien des postes soignants identifiés comme indispensables ;
  • Réévaluation du projet à la lumière d’un audit externe indépendant ;
  • Plans alternatifs d’économies non fondés sur des suppressions de soignants ;
  • Garantie d’un maintien de l’accès aux services d’urgence et aux soins de proximité pour la population rurale.

Impacts anticipés sur l’offre de soins locale

Le département des Alpes‑de‑Haute‑Provence compte de nombreuses zones rurales où l’hôpital de Digne joue le rôle d’établissement pivot. Les acteurs locaux craignent que la suppression d’emplois transforme progressivement ces structures en « déserts de soins ». Concrètement, les conséquences attendues sont :

  • augmentation des temps d’attente en urgences et en consultations ;
  • réduction des capacités d’hospitalisation en cas d’afflux saisonnier (tourisme, hiver) ;
  • hausse du recours à l’intérim coûteux et à la précarité des équipes ;
  • perte d’attractivité pour les professionnels de santé dans le territoire.

Les syndicats avancent que la suppression d’environ 20 postes soignants sur 29 annoncés ferait baisser la présence effective d’aides-soignants et d’infirmiers la nuit et le week-end, périodes déjà fragiles.

Réponses de la direction et arguments financiers

La direction justifie le plan par la nécessité d’équilibrer un budget contraint et d’optimiser l’organisation au sein du GHT. Des économies ciblées sur des postes non pourvus, des mutualisations de services et des transformations de contrats sont proposées pour contenir l’endettement. Selon la direction, l’objectif est de préserver les services essentiels tout en adaptant la structure aux besoins futurs.

Les critiques des syndicats ciblent le manque d’information et de concertation sur la méthode employée. Ils réclament des chiffrages précis sur les gains attendus et une évaluation d’impact sur la qualité des soins.

Dimension politique et médiation

Le dossier dépasse le cadre local : élu·es et parlementaires de la circonscription ont été sollicités. Des prises de parole ont rappelé la fragilité des hôpitaux de proximité et la nécessité d’un arbitrage à l’échelle départementale ou nationale pour éviter une érosion du maillage hospitalier.

Des contacts ont été annoncés entre la direction, les syndicats et les autorités sanitaires pour tenter d’apaiser la situation. En parallèle, la mobilisation s’inscrit dans une dynamique nationale de contestation des politiques d’économies hospitalières, renforcée par des journées d’action régionales en début décembre.

Réactions et soutiens locaux

Au‑delà des syndicats, des collectifs citoyens, associations et élus locaux ont relayé la mobilisation, signifiant une inquiétude partagée par la population. Des pétitions en ligne et des communiqués ont été publiés pour exiger une solution évitant toute perte de capacité médicale sur le territoire.

La presse locale et régionale a suivi le mouvement : pour un aperçu des témoignages recueillis, on peut consulter le reportage dédié sur France 3 régions – reportage sur la grève. Un article de terrain fourni un compte‑rendu des revendications et des déclarations des soignants.

Pour une vision critique de la situation financière et des recommandations administratives, le lecteur peut consulter l’analyse locale publiée par Alpes 1 – analyse et témoignages, ainsi qu’un article mentionnant le rapport de la Chambre régionale des comptes sur l’établissement.

Conséquences économiques locales

La question n’est pas purement sociale : l’offre hospitalière conditionne l’attractivité économique du territoire. Entre 2019 et 2024, les variations d’effectifs et les fermetures de services ont déjà influencé les décisions d’implantation d’entreprises et la sécurisation des filières locales (tourisme, PME industrielles dépendantes d’un accès rapide aux soins).

La suppression de postes soignants peut générer des coûts indirects : augmentation des transports sanitaires vers des centres proches, interruption d’activités, et baisse de la confiance des habitants et investisseurs. Les syndicats estiment que l’économie réalisée ponctuellement pourrait être compensée par des dépenses supplémentaires en intérim et en recours à des structures extérieures.

Alternatives proposées par les acteurs locaux

Les propositions avancées pour éviter les suppressions incluent :

  • un audit externe sur l’organisation et les coûts avant toute décision ;
  • la recherche de financements complémentaires au niveau départemental ou régional ;
  • la mutualisation ciblée de certaines fonctions administratives sans toucher aux effectifs soignants ;
  • le développement de partenariats ville‑hôpital pour renforcer la permanence des soins ambulatoires.

Les organisations syndicales proposent aussi des mesures concrètes pour améliorer l’attractivité : formation, augmentation des contrats à temps plein, et plans locaux de recrutement.

Quelles suites et quel calendrier ?

Les discussions entre la direction, les syndicats et les autorités sanitaires doivent se poursuivre dans les semaines suivant la mobilisation. Les acteurs réclament la publication d’un calendrier clair et d’un chiffrage précis des économies attendues.

Le maintien ou la révision du plan dépendra en partie des arbitrages budgétaires à l’échelle du GHT et de l’implication éventuelle des élus départementaux. Dans l’hypothèse d’un statu quo, les syndicats ont évoqué la possibilité de reconduire des jours d’action.

Ressources et lectures complémentaires

Pour approfondir le sujet, consulter le communiqué de la section locale de la CGT qui a lancé l’appel à la mobilisation : CGT CH Digne – état des lieux et revendications. Ces documents précisent les revendications et les constats opérationnels effectués par les équipes.

Perspectives locales et attentes politiques

La question de la suppression d’emplois hôpital Digne place les décideurs devant un choix stratégique : sacrifier des effectifs pour tenter d’équilibrer des comptes à court terme, ou investir pour préserver un service public indispensable à l’équilibre économique et sanitaire du territoire. Les prochaines semaines seront déterminantes pour savoir si une solution concertée, appuyée par des arbitrages politiques et des mesures financières ciblées, pourra éviter une érosion durable de l’offre de soins dans les Alpes‑de‑Haute‑Provence.

En savoir plus : reportage et contextes locaux ci‑dessous pour approfondir la chronologie et les enjeux.

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