Rassemblement de parents devant le collège Aliénor d'Aquitaine à Bordeaux, banderoles "On veut des profs" et pancartes dénonçant 648 heures non remplacées.
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Plus de 648 heures non remplacées au collège de Bordeaux : des parents préparent un référé

Les parents du collège d’Aliénor d’Aquitaine (Bordeaux) alertent sur plus de 648 heures non remplacées depuis la rentrée scolaire. Ils exigent des réponses claires de l’académie et annoncent qu’ils préparent un recours en référé pour obtenir le remplacement effectif des enseignants et la réparation du préjudice pédagogique. Ce dossier local s’inscrit dans un contexte national d’absentéisme et d’heures non assurées, avec des implications administratives, budgétaires et juridiques pour les acteurs éducatifs en Nouvelle‑Aquitaine.

Le constat local : un volume chiffré et une mobilisation

Selon le collectif de parents, le total des heures non remplacées s’élève à plus de 648 heures non remplacées depuis la rentrée. Ce chiffre, consolidé par des relevés internes des absences et des emplois du temps, a déclenché une mobilisation visible : pétition en ligne, réunions avec la FCPE locale et rassemblement place publique. Les parents ont obtenu une rencontre avec la DSDEN de la Gironde le 2 décembre et ont organisé une manifestation le 10 décembre pour réclamer des engagements précis.

La mobilisation s’est structurée autour d’une pétition mise en ligne par le collectif « On veut des profs », qui a recueilli plusieurs centaines de signatures en quelques jours. Le message des familles est simple : la perte d’heures d’enseignement a des effets mesurables sur les apprentissages, la charge des enseignants restants et l’organisation des familles. Le reportage initial a été relayé par les médias régionaux et nationaux, ce qui a amplifié la pression sur l’académie. Pour consulter l’article de référence, voir l’article d’origine publié par France 3 / Franceinfo et la couverture locale de Rue89Bordeaux.

Cadre juridique : quelles voies pour les familles ?

Les parents évoquent la saisine du tribunal administratif en référé pour faire reconnaître l’atteinte au droit à l’instruction et contraindre l’administration à organiser le remplacement. Le référé est une procédure d’urgence destinée à obtenir une décision rapide lorsque l’absence de mesure porte un préjudice grave et immédiat. Des précédents existent en France : des familles ont obtenu, par voie judiciaire, une réparation ou la reconnaissance d’un manquement de l’État lorsque des absences prolongées d’enseignants n’avaient pas été remplacées.

Sur le terrain juridique, les avocats interrogés par des médias nationaux rappellent que la procédure exige de démontrer un préjudice caractérisé (scolarité affectée, risques d’échec) et l’absence de mesures alternatives raisonnables proposées par l’administration. Un reportage sur des indemnisations obtenues par des familles illustre ces possibilités : TF1 / TF1info. Les parents de Bordeaux se disent prêts à engager cette démarche si les engagements de remplacement restent insuffisants.

Causes possibles : pénurie, organisation des remplacements et mobilisation syndicale

Plusieurs facteurs peuvent expliquer un stock élevé d’heures non assurées. D’abord, la pénurie nationale d’enseignants combine postes vacants, arrêts maladie et départs non pourvus. Ensuite, l’organisation du remplacement repose sur des viviers de personnels disponibles (TZR, contractuels, services départementaux) qui peuvent être saturés localement. Enfin, des tensions syndicales ou des réorganisations administratives limitent temporairement la capacité à pourvoir des heures.

Au plan national, la Cour des comptes a récemment chiffré l’ampleur du phénomène : environ 10,3 millions d’heures d’enseignement non assurées en 2023-2024 (approximativement 9 % des heures), soulignant l’importance d’une stratégie structurelle. Pour le contexte national et les recommandations, voir la synthèse publiée par CNEWS. Localement en Gironde, les syndicats ont rapporté des difficultés de remplacement et des mouvements de protestation début décembre, ce qui complique la gestion à court terme.

Chiffres et repères

  • 648 heures non remplacées : chiffre revendiqué par le collectif de parents pour le collège d’Aliénor d’Aquitaine.
  • 10,3 millions d’heures : estimation nationale d’heures non assurées en 2023-24, selon la Cour des comptes.
  • Rassemblements et pétition : centaines de signatures en quelques jours, rencontre DSDEN le 2 décembre.

Conséquences pour la gestion scolaire et pour les finances locales

Pour un directeur financier d’établissement ou un élu local, les conséquences sont multiples. À court terme, l’absence de remplaçants peut générer une surcharge de travail pour les enseignants titulaires, des heures supplémentaires non prévues, et des coûts ponctuels pour des intervenants contractuels. À moyen terme, le cumul d’heures non assurées peut traduire un besoin budgétaire : recrutement de contractuels, formation accélérée de remplaçants ou recours à des heures complémentaires.

Sur le plan budgétaire, la collectivité peut être conduite à réévaluer ses prévisions de dépenses liées au fonctionnement pédagogique (heures supplémentaires, vacations). Si un recours judiciaire aboutit à une indemnisation, des coûts imprévus pourraient aussi peser sur le budget. Enfin, l’impact réputationnel — baisse de confiance des familles, difficulté à attirer des enseignants — a des effets indirects sur la gestion des ressources humaines et la planification budgétaire.

Solutions envisageables et pistes opérationnelles

Plusieurs leviers peuvent être activés pour réduire le volume d’heures non remplacées. À court terme : meilleure cartographie des postes vacants, priorisation des remplacements pour les cycles clés, recours aux vacataires et coordination inter‑établissements. À moyen terme : renforcement du vivier de remplaçants (recrutements ciblés, incitations financières), développement de la polyvalence des enseignants (bivalence), et amélioration des outils de gestion des absences.

Les autorités académiques peuvent aussi expérimenter des solutions locales : mutualisation d’enseignants entre collèges, recours à des dispositifs d’enseignement hybride validés pédagogiquement, ou formation accélérée pour contractuels. Les parents demandent par ailleurs une transparence sur le décompte des heures non assurées et un engagement chiffré de l’académie pour les résoudre.

Risques et scénarios : judiciaire, politique et organisationnel

Si les parents déposent un référé et obtiennent gain de cause, l’administration pourrait être forcée à une réorganisation rapide des remplacements et éventuellement à des mesures compensatoires. Sur le plan politique, une médiatisation soutenue peut pousser les autorités académiques à prioriser le collège concerné, mais aussi à lancer des actions plus larges pour l’ensemble du département.

En revanche, un échec d’un recours judiciaire ou des réponses jugées insuffisantes pourraient radicaliser les mobilisations, provoquer des pressions sur les élus locaux et engager des réformes plus structurelles du système de remplacement. Les acteurs syndicaux et les parents mentionnent tous la possibilité d’un effet domino si la situation perdure dans plusieurs établissements.

À Bordeaux, quelles suites attendre ?

Les prochaines étapes sont claires : suivi des engagements pris lors de l’audience avec la DSDEN, consolidation des preuves par les parents (relevés d’heures, témoignages), et éventuelle saisine du tribunal administratif en référé si les mesures ne suffisent pas. Ce dossier sert aussi d’alerte régionale : il illustre comment une situation locale peut être révélatrice de tensions nationales sur le recrutement et le remplacement des enseignants.

Pour suivre l’évolution de la mobilisation et consulter la pétition du collectif, voir la page de la pétition « On veut des profs ».

Perspectives pour les décideurs locaux

Pour un directeur administratif ou un élu en Nouvelle‑Aquitaine, la priorité est d’anticiper les conséquences budgétaires et de renforcer la résilience du dispositif de remplacement. Cela inclut l’amélioration des outils de suivi des absences, la mise en place de procédures accélérées de recrutement de vacataires et la priorisation pédagogique des remplacements. La concertation entre parents, chefs d’établissement, DSDEN et collectivités locales est indispensable pour définir une feuille de route pragmatique.

Ressources et lectures utiles

Note : cet article compile des éléments publics et des déclarations de parents et d’acteurs locaux au moment de la publication. Les chiffres avancés par le collectif (plus de 648 heures) sont repris tels qu’énoncés par les représentants des familles et constituent l’élément déclencheur de la mobilisation.

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