raffinerie lithium Lauterbourg : le projet Viridian confirmé à Lauterbourg mobilise environ 295 M€ pour une capacité initiale de 28 000 tonnes par an d’hydroxyde de lithium (LHM) et la création d’environ 250 emplois directs. L’entreprise met en avant un procédé fortement électrifié et une intensité carbone réduite, arguments centraux pour ancrer la production européenne de batteries et relancer l’écosystème industriel du Grand Est.
Un projet industriel aux ambitions claires
Viridian vise à implanter sa raffinerie sur le port de Lauterbourg, sur une emprise d’environ 14 hectares, avec une chaîne logistique multimodale. Le site permettra d’acheminer des carbonates et des concentrés via les grands hubs maritimes d’Europe du Nord puis par voies fluviales et routières. La capacité initiale annoncée, de 28 000–28 500 t/an d’hydroxyde de lithium, place Viridian parmi les premiers acteurs de taille européenne, avec une possibilité d’extension ultérieure selon la demande.
Financement et soutiens publics
Le montage financier du projet combine fonds privés et aides publiques. Le montant total de l’investissement est estimé à ~295 M€. Le projet intègre un dispositif fiscal sous la forme d’un crédit d’impôt « industrie verte » (C3IV) chiffré dans les communications publiques à environ 118,9 M€. Cette aide, couplée aux instruments de relance industrielle, vise à réduire le risque financier et à accélérer la mise en œuvre.
Soutien national et stratégie France 2030
La stratégie nationale pour l’autonomie industrielle dans les technologies de batterie (France 2030) soutient des projets comme Viridian qui combinent décarbonation et souveraineté des approvisionnements. L’entreprise indique s’appuyer sur ces dispositifs pour sécuriser ses investissements et favoriser la création d’une filière européenne du lithium.
Procédé et performance environnementale
Viridian met en avant un procédé chimique « fortement électrifié » — ce qui signifie que la majeure partie des étapes de raffinage est alimentée par électricité plutôt que par combustibles fossiles. L’entreprise revendique une intensité carbone d’environ 1,5 kg CO2e par kg de LHM, bien inférieure aux références asiatiques classiquement supérieures à 5–8 kg CO2e/kg selon certaines évaluations sectorielles.
Ce positionnement permet à Viridian de répondre à des attentes croissantes : clients industriels européens exigeant des batteries à moindre empreinte carbone, régulations européennes sur les rapports d’impact et objectifs de traçabilité des matières premières.
Intégration du recyclage et circularité
Au-delà du raffinage, Viridian prévoit l’intégration progressive d’une chaîne de recyclage des batteries pour récupérer et réintroduire du lithium secondaire. L’intégration du recyclage sur le site répond à deux enjeux : réduire la dépendance aux approvisionnements primaires et respecter les impératifs européens de circularité des batteries imposés par la règlementation à l’horizon 2029–2031.
Calendrier prévisionnel et risques administratifs
Le calendrier publicisé par l’entreprise mentionne des terrassements et préparations de site menés en 2025, un démarrage des travaux de construction fin 2026–début 2027 et une mise en service industrielle visée autour de 2028. Toutefois, ce calendrier reste conditionné à l’obtention des autorisations environnementales et des classements ICPE (Installations classées pour la protection de l’environnement), ainsi qu’aux consultations locales et études d’impact.
Points de vigilance
- Procédures ICPE et durée des consultations publiques ;
- Acceptabilité locale liée aux impacts logistiques (trafic, bruit) ;
- Sécurisation des approvisionnements en carbonate de lithium sur un marché volatil ;
- Couverture énergétique et accès à une électricité bas carbone compétitive.
Retombées économiques pour le Grand Est
Sur le plan régional, Viridian promet une relance industrielle : environ 250 emplois directs sur le site en phase opérationnelle et un nombre significatif d’emplois indirects pendant la construction et dans les filières logistiques et de maintenance. Les collectivités locales évoquent des effets multiplicateurs pour l’emploi et la chaîne d’achat locale — fournisseurs d’ingénierie, services, transporteurs fluviaux et routiers.
Le port de Lauterbourg, acteur clé de l’opération, met en avant la création d’un pôle logistique spécialisé pour le transport multimodal des matières premières et produits finis. Voir le communiqué du Port de Strasbourg sur l’implantation à Lauterbourg pour plus de détails.
Positionnement européen et concurrence
Viridian cherche à asseoir une offre européenne de production d’hydroxyde de lithium pour réduire la dépendance aux raffineries asiatiques. L’offre française s’inscrit dans une course mondiale pour sécuriser les chaînes d’approvisionnement des batteries électriques. Plusieurs acteurs industriels européens et nord-américains envisagent ou développent des capacités de raffinage et de matériaux actifs.
Avantages compétitifs revendiqués
Les arguments avancés par Viridian sont : faible empreinte carbone, intégration possible du recyclage, proximité des marchés européens et logistique multimodale. Ces leviers sont essentiels pour capter des contrats d’approvisionnement auprès des grands constructeurs automobiles et fabricants de cellules de batteries.
Acceptation locale et enjeux logistiques
Les acteurs locaux (élus, port, syndicats) ont salué l’annonce, mais des questions pratiques restent posées : adaptation des infrastructures portuaires, besoins en logement pour les nouveaux salariés, formation et montée en compétences des opérateurs locaux. La coordination entre l’industriel, les collectivités et les acteurs de la formation sera déterminante pour transformer l’annonce en emploi durable.
Sources et ressources complémentaires
Pour approfondir, le lecteur peut consulter plusieurs ressources publiques : le dossier de présentation de Viridian sur son site officiel (présentation Viridian Lithium), un reportage régional et des synthèses économiques publiées récemment (article du Magazine du Management de Transition) et une couverture locale dans la presse régionale (article des DNA).
Ce que doivent surveiller les décideurs industriels
Pour un directeur industriel, les principaux éléments à suivre sont : la confirmation définitive des autorisations ICPE, l’accès contractuel à une énergie bas carbone à coût maîtrisé, la sécurisation des approvisionnements en matières premières, et l’articulation entre production primaire et recyclage. La montée en capacité éventuelle vers plusieurs dizaines de milliers de tonnes supplémentaires conditionnerait aussi des investissements complémentaires et des partenariats industriels.
Indicateurs à suivre
- Dates et conditions des autorisations administratives ;
- Contrats d’approvisionnement en carbonate de lithium ;
- Accords d’achat d’électricité bas carbone ;
- Calendrier précis de construction et de recrutement ;
- Engagements chiffrés sur la part de lithium recyclé intégrée.
Perspectives régionales et ouverture
Le projet Viridian à Lauterbourg est représentatif d’une dynamique plus large : la reconstruction d’une chaîne européenne des matériaux pour batteries, fortement soutenue par des mécanismes publics et par la demande industrielle. Si les engagements financiers et techniques se matérialisent, le site alsacien peut être un élément structurant pour le Grand Est en matière d’emplois industriels et de souveraineté technologique.
Reste toutefois à convertir les promesses en autorisations, réalisations techniques et contrats commerciaux robustes. La vigilance des acteurs publics et la qualité des accords industriels détermineront la portée réelle du projet pour la région.






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