Le Petit Vapoteur Cherbourg lance un appel à la mobilisation locale alors que l’article 23 du projet de loi de finances 2026 (PLF 2026) met en péril une partie du modèle économique de la filière de la vape. À Cherbourg‑en‑Cotentin, l’inquiétude porte sur les conséquences directes pour l’emploi, sur l’accès des consommateurs (notamment via la vente en ligne) et sur le statut administratif des boutiques spécialisées.
Contexte législatif : que contient l’article 23 du PLF 2026 ?
Le projet de loi de finances 2026 introduit, via l’article 23, plusieurs mesures susceptibles d’impacter fortement le secteur : taxation accrue des e‑liquides, une possible assimilation réglementaire aux produits du tabac (contrôles, obligations commerciales) et des restrictions sur la vente à distance. Ces variations réglementaires pourraient faire évoluer les prix à la consommation (ex. barèmes évoqués dans la presse spécialisée) et modifier profondément la structure de coûts des acteurs.
Les organisations professionnelles et collectifs de consommateurs ont décrit plusieurs scénarios d’impact : hausse des prix unitaires, limitation de l’accès pour des usagers en phase de sevrage tabagique et fragilisation des boutiques locales dépendantes de la vente en ligne et du volume d’activité.
Le Petit Vapoteur à Cherbourg : profil et enjeux locaux
Acteur majeur implanté en Normandie, Le Petit Vapoteur représente un pôle d’emplois et d’activité économique pour Cherbourg‑en‑Cotentin. Selon des bilans publics et fiches d’entreprise, l’entreprise pèse plusieurs centaines de postes (estimations publiques : environ 450–520 salariés) et un chiffre d’affaires de l’ordre de 135 M€ en 2023. Ces données expliquent l’ampleur de la mobilisation locale, portée par la crainte d’un effet domino sur les emplois industriels et logistiques.
Risques pour la filière et la zone industrielle
- Pression sur la trésorerie et la rentabilité des magasins physiques et du e‑commerce.
- Risque de délocalisation d’une partie des activités de préparation et logistique si la vente en ligne est restreinte.
- Effets indirects sur les fournisseurs locaux et PME sous‑traitantes (emballages, transport, informatique).
Mobilisation et réaction des acteurs
Sur le terrain, les appels à manifester et les opérations de sensibilisation ont été coordonnés par des collectifs nationaux et fédérations professionnelles. À l’échelle locale, un rassemblement a été annoncé à Cherbourg (place du Général‑de‑Gaulle) pour porter la voix des salariés, des commerçants et des élus locaux inquiets.
Ces mobilisations sont relayées en ligne par des plateformes de la filière ; pour le contexte national, voir l’appel à mobilisation du collectif Ne Tuez Pas La Vape. Les représentants professionnels réclament des études d’impact détaillées, des consultations élargies et des modalités d’accompagnement pour éviter des pertes nettes d’emplois.
Contexte parallèle : décarbonation portuaire en Normandie
Tandis que la filière de la vape débat du PLF 2026, un autre dossier structurel pour la région avance : la décarbonation des escales portuaires. HAROPA PORT a réalisé la première mise en connexion électrique d’un paquebot (MSC Poesia) à quai au Havre — une étape technique majeure vers des escales « zéro émission ».
Ce test opérationnel visait à valider l’alimentation à quai (« mise en connexion électrique » ou shore power), la gestion des pointes de puissance et la coordination entre armateurs, port et gestionnaires de réseau. L’opération est décrite comme un jalon concret du plan régional bas‑carbone. Pour plus de détails techniques et opérationnels, l’article d’origine publié sur Normandinamik détaille le dispositif mis en place : article HAROPA Port – Normandinamik.
Aspects techniques et chiffres clés
Les chiffres avancés pour le terminal de la Pointe de Floride au Havre évoquent des puissances unitaires importantes (jusqu’à ~13 MW par poste), un investissement global pour l’équipement et le raccordement évalué autour de 30–32 M€, et une réduction potentielle estimée à 15 000–20 000 tCO2/an une fois la flotte compatible connectée régulièrement. Ces ordres de grandeur illustrent le bond financier et opérationnel requis pour rendre ces escales « zéro émission ».
Pourquoi ces deux dossiers intéressent les directions financières et administratives ?
Les décideurs locaux et les directions financières doivent suivre simultanément des chocs réglementaires (PLF 2026) et des investissements structurants (shore power). Les conséquences sont à la fois budgétaires, fiscales et opérationnelles :
- Pour la vape : adaptation des modèles de prix, simulations d’impact sur la marge brute, provisions pour risques juridiques et plan social éventuel.
- Pour les ports : évaluation du financement (subventions, PPP, amortissements sur 10–20 ans), tarification de l’électricité à quai, coûts de maintenance et contrats avec les armateurs.
Impacts comptables et budgétaires
Les directions administratives devront intégrer : provisions exceptionnelles, révisions des estimations d’impôts différés, impacts sur la TVA/accises (selon l’évolution de la fiscalité sur les e‑liquides) et recalculer les scénarios de trésorerie si la vente en ligne est restreinte. Sur le volet portuaire, l’analyse de rentabilité interne (TRI) et les scénarios d’usage (taux de connexion des navires) sont essentiels pour valider la soutenabilité financière.
Recommandations pratiques pour les responsables industriels et financiers
Face à ces incertitudes, voici des actions opérationnelles à mener rapidement :
- Cartographier l’exposition : identifier parts de chiffre d’affaires dépendant de la vente en ligne, emplois critiques et fournisseurs stratégiques.
- Scénarios macro : construire 3 scénarios (passerelle, choc modéré, choc sévère) pour stress‑testing financier et RH.
- Dialogue public‑privé : engager dès maintenant les élus et chambres consulaires pour co‑construire des mesures d’accompagnement (formation, reconversion, aides locales).
- Plan de communication : anticiper les messages pour clients et salariés, fixer une stratégie de pricing et de promotion si la taxation est confirmée.
- Suivi réglementaire : mettre en place une veille juridique dédiée (impact fiscal, administratif et sanitaire).
Perspectives régionales et opportunités
Malgré les risques, ces dossiers ouvrent aussi des opportunités. La transition énergétique portuaire peut générer des marchés locaux pour les fournisseurs d’énergie, les entreprises d’ingénierie électrique et pour les dispositifs de stockage d’énergie. Le développement du shore power peut créer des emplois qualifiés dans la maintenance, l’instrumentation et la gestion d’énergie.
De même, la filière de la vape peut négocier des mesures compensatoires (crédits, aides à la transition) si le cadre réglementaire évolue. Le dialogue avec l’État et les représentants des collectivités est donc déterminant pour limiter les externalités sociales négatives.
Ressources et lectures complémentaires
Pour approfondir :
- Analyse complète de la mise en connexion électrique au Havre (Normandinamik)
- Page institutionnelle HAROPA PORT
- Ressources et appels à mobilisation du collectif Vape
Vers quelles décisions locales ?
Les choix à court terme relèvent de la combinaison entre arbitrages nationaux (issue du PLF 2026), capacité d’action des collectivités et volonté des acteurs économiques de cofinancer des transitions. À Cherbourg, la mobilisation du Petit Vapoteur vise précisément à obtenir des garanties et des mesures d’accompagnement pour limiter les pertes d’emploi et préserver l’écosystème local.
Cadre d’action pour les décideurs
Les collectivités doivent prioriser : la réalisation d’études d’impact détaillées, la mise en place de fonds de soutien ciblés, des dispositifs de formation pour les salariés concernés et la facilitation d’un dialogue entre ports, entreprises et banques pour structurer des montages financiers adaptés aux investissements bas‑carbone.
Ouvertures et points à suivre
Cet épisode illustre la conjonction de deux transformations majeures : la régulation sectorielle (ici la vape) et la transition énergétique des infrastructures (ici les ports normands). Pour les directions financières et administratives, l’enjeu est d’intégrer ces risques et opportunités dans la planification stratégique. Les prochains mois (débats parlementaires sur le PLF 2026, calendrier d’équipement portuaire 2026–2027) seront déterminants pour la trajectoire économique locale et régionale.
Extrait supplémentaire : pour un profil chiffré de l’entreprise et données financières historiques, consulter les fiches publiques de l’entreprise sur les plateformes économiques régionales et nationales.






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