Usine Viridian à Lauterbourg — vue portuaire au coucher de soleil avec barge, quais et ouvriers

Viridian à Lauterbourg : la raffinerie lithium « plus propre » qui relance l’industrie du Grand Est

raffinerie lithium Lauterbourg : Viridian a confirmé l’implantation d’une usine de conversion du lithium sur le port de Lauterbourg, dans le Grand Est, avec un investissement annoncé d’environ 295 M€ et une capacité visée d’environ 28 000 tonnes par an d’hydroxyde de lithium monohydraté (LHM). Ce projet, présenté comme la première raffinerie française dédiée aux batteries, cible aussi la décarbonation de la chaîne d’approvisionnement via un procédé largement électrifié et une intégration du recyclage du lithium dès les phases ultérieures.

Le périmètre industriel et la capacité prévue

Le site occupera une emprise d’environ 14 hectares sur le port de Lauterbourg. Viridian annonce une production initiale de l’ordre de 28 000–28 500 t/an de LHM, destinée aux fabricants de cellules et modules pour véhicules électriques et applications industrielles. Le projet inclut des unités de purification, de conversion chimique et, à terme, une capacité de traitement d’effluents et de matériaux recyclés.

Chiffres clés

  • Investissement : ~295 M€.
  • Capacité : ~28 000 t/an d’hydroxyde de lithium monohydraté.
  • Emplois directs : environ 250 postes sur site (emplois industriels et fonctions support).
  • Aide publique : crédit d’impôt C3IV validé à hauteur de 118,9 M€ (Viridian).

Procédé, empreinte carbone et arguments « plus propres »

Viridian met en avant un procédé « électrifié » visant à réduire l’intensité carbone du LHM produit. L’entreprise revendique une intensité d’environ 1,5 kg CO2 par kg de LHM pour son procédé, soit une réduction annoncée pouvant aller jusqu’à 70 % par rapport à certaines références actuelles majoritairement asiatiques. Cette approche combine l’électrification des étapes consommant de l’énergie et des efforts sur la consommation thermique et les rejets.

Le projet intègre également une stratégie progressive d’introduction de lithium recyclé dans la matière première utilisée. Viridian prévoit d’installer, ou du moins de préparer, une unité de recyclage permettant d’incorporer du lithium issu de batteries usagées, afin d’anticiper les obligations réglementaires européennes et les objectifs de circularité des batteries à l’horizon 2030–2035.

Financement public et positionnement national

Le montage financier du projet repose sur des fonds privés complétés par des aides publiques. Viridian a annoncé avoir obtenu un crédit d’impôt « Industrie verte » (C3IV) d’environ 118,9 M€, lié au volet industriel et décarbonation du projet. Le dossier s’insère dans la logique de la stratégie France 2030 visant à réduire la dépendance européenne aux importations critiques pour les batteries et l’électronique.

Au niveau européen, Viridian figure parmi les projets retenus dans les listes de priorités liées à l’approvisionnement en matières critiques, ce qui ouvre des possibilités de soutien réglementaire et d’accès prioritaire à certains instruments financiers (liste des projets stratégiques liée au Critical Raw Materials Act).

Calendrier, état d’avancement et contraintes administratives

Selon les communiqués officiels et les articles de presse régionaux, les terrassements du site ont été achevés à l’été 2025. Viridian indique une phase de construction prévue à partir de la fin 2026 ou début 2027 et une mise en service industrielle visée autour de 2028. Ces dates restent susceptibles d’évoluer en fonction des autorisations administratives, des livraisons d’équipements critiques et des conditions de financement.

Le projet devra encore franchir les autorisations ICPE (installations classées) et les procédures environnementales classiques. La concertation locale avec les élus et riverains est en cours, notamment sur les questions de transport, logistique fluviale et impacts olfactifs ou sonores potentiels.

Logistique et approvisionnement

Viridian prévoit d’approvisionner l’usine en carbonates ou en concentrés de lithium principalement par voie maritime et fluviale : containers depuis l’Amérique du Sud (Argentine, Chili), transits via ports nord-européens, puis acheminement fluvial ou routier jusqu’à Lauterbourg. La presse locale mentionne des flux logistiques estimés et un trafic de poids lourds « maîtrisé » à l’échelle du site, avec des pointes liées aux arrivées de matières premières.

Impact économique local et implications sociales

À l’échelle du Grand Est, l’arrivée de Viridian représente une opportunité industrielle majeure : environ 250 emplois directs et des effets multiplicateurs pour les sous-traitants locaux (mécanique, tuyauterie, instrumentation, services). Les élus locaux évoquent aussi des besoins en logements et en infrastructures pour accueillir les personnels qualifiés ; des projets de réhabilitation d’anciennes casernes ou de constructions nouvelles ont été évoqués en lien avec la municipalité de Lauterbourg.

L’implantation d’une raffinerie de lithium en Grand Est doit aussi se lire comme un signal pour la filière batteries en France, susceptible d’attirer des industriels en amont (production de cathodes) et en aval (assemblage de packs), contribuant à la montée en gamme industrielle de la région.

Risques, dépendances et points de vigilance

Plusieurs risques pèsent sur l’ambition :

  • la dépendance aux importations de carbonate de lithium (matière première) et la volatilité des prix mondiaux ;
  • les délais administratifs et la robustesse des appuis publics (France 2030 et autres aides) ;
  • la concurrence européenne et mondiale sur les capacités de conversion et de purification du lithium ;
  • la nécessité d’une main-d’œuvre qualifiée pour piloter des procédés chimiques sensibles.

Du point de vue environnemental, l’enjeu est de garantir la maitrise des rejets liquides et gazeux, la sécurisation des effluents et une traçabilité complète des flux. Ces sujets seront examinés dans les dossiers ICPE et les études d’impact associées.

Comparaisons et contexte européen

La France vise, via des projets comme celui de Lauterbourg, à réduire une dépendance jugée stratégique envers des fournisseurs extérieurs. L’Union européenne a identifié de nombreux projets structurants en 2025 pour sécuriser l’approvisionnement en matières premières critiques. La stratégie combine production nationale, diversification des sources et développement du recyclage.

Sur le plan technique, la production d’hydroxyde de lithium en Europe tend à privilégier des procédés moins carbonés ou hybrides, et les nouvelles usines intègrent souvent des modules de prétraitement pour accepter des matières premières d’origines variées.

Ce qui reste à suivre (calendrier et décisions attendues)

Les étapes et décisions à recevoir dans les prochains mois incluent :

  • les autorisations environnementales ICPE et la clôture des enquêtes publiques ;
  • la confirmation des aides publiques et la finalisation des calendriers de déblocage (France 2030 / C3IV) ;
  • les commandes d’équipements lourds et l’engagement des industriels de construction ;
  • les accords logistiques pour l’approvisionnement en matières premières et la sortie des produits finis.

Les acteurs régionaux et nationaux cités dans les communiqués parlent d’un horizon de mise en service industriel autour de 2028, mais plusieurs analystes industriels rappellent que des glissements à 2029 ne seraient pas inhabituels dans ce type de projet complexe.

Ressources et documents officiels

Pour approfondir le dossier, le lecteur peut consulter le dossier de presse et les communiqués officiels de l’entreprise, ainsi que la couverture de la presse locale :

Perspectives régionales et pistes de vigilance pour les industriels

Pour les directeurs industriels et les donneurs d’ordre régionaux, le dossier Viridian doit être lu comme une opportunité d’intégration des chaines de valeur locales : fournisseurs mécaniques, bureaux d’études, installateurs, et logisticiens. Il faudra anticiper des besoins en formation qualifiée, en offres de logement, et en infrastructures portuaires/fluviales adaptées.

Sur le plan réglementaire, suivre les décisions ICPE, la mise en oeuvre du Critical Raw Materials Act et les évolutions de France 2030 permettra d’évaluer les marges de manœuvre pour d’éventuelles extensions ou optimisations industrielles après mise en service.

Prochaine étape d’attention

Les prochains 6 à 12 mois seront déterminants : finalisation des autorisations, confirmations de financement et choix des fournisseurs d’équipements lourds. Ces jalons conditionneront le début effectif des travaux lourds et le respect du calendrier visant une capacité opérationnelle en 2028.

Ouverture sur d’autres enjeux

L’arrivée d’un acteur de conversion du lithium en Grand Est soulève aussi des questions plus larges : politique industrielle pour la souveraineté européenne, impact sur la compétitivité des filières automobiles électriques, et évolutions des circuits de recyclage des batteries. Ces sujets nourriront les débats industriels et politiques dans les prochains mois.

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