Rassemblement de salariés Brandt devant un bureau en Île‑de‑France, pancartes et ambiance sombre
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La liquidation judiciaire de Brandt prononcée avec 700 suppressions d’emplois

La liquidation judiciaire Brandt est devenue réalité le 11 décembre 2025 lorsque le tribunal des affaires économiques de Nanterre a converti la procédure en cessation d’activité, entraînant la suppression d’environ 700 emplois. Cette décision met fin à plusieurs mois d’espoirs — dont un projet de reprise mené par les salariés sous forme de SCOP — et relance les questions sur la capacité des acteurs publics et privés à préserver l’appareil industriel national.

Contexte judiciaire et chronologie

La procédure collective engagée contre le groupe d’électroménager Brandt avait débuté par une période d’observation ouverte quelques mois plus tôt. Le 11 décembre 2025, après examen des offres et des plans de financement, le tribunal de Nanterre a prononcé la liquidation judiciaire de la société, confirmant la fin d’un chapitre industriel qui perdurait depuis plusieurs décennies.

Le jugement a officialisé la nomination d’un liquidateur judiciaire — mission qui comprend la gestion des licenciements, la conservation et la cession des actifs, et l’organisation des ventes. Selon l’extrait de jugement, la décision intervient après l’échec des tentatives de financement complémentaires et l’impossibilité de garantir la pérennité d’un plan de reprise viable pour l’ensemble des sites.

Les chiffres clés de la décision

  • Date du jugement : 11 décembre 2025 (tribunal de Nanterre).
  • Nombre d’emplois concernés : ~700 suppressions annoncées.
  • Montant d’aide publique engagé : 5 millions d’euros annoncés par l’État ; besoins évalués à 20–25 millions d’euros selon les estimations des repreneurs.
  • Sites impactés : usines et centres logistiques en région Centre‑Val de Loire (notamment Saint‑Jean‑de‑la‑Ruelle), activité SAV en Île‑de‑France et fonctions siège.

Pourquoi la reprise par les salariés n’a pas suffi ?

Le projet de reprise en SCOP, porté localement et soutenu par le collectif Revive, proposait une solution coopérative pour sauver une partie de l’activité et des emplois. Plusieurs éléments ont pesé contre cette option :

  • Un déficit de financement estimé entre 5 et 10 millions d’euros par rapport au plan cible, malgré un apport public initial.
  • Des délais jugés trop courts par la justice pour finaliser des engagements bancaires et industriels fermes.
  • L’incapacité à garantir la reprise de l’ensemble des marques et des lignes de production, ce qui diminuait la viabilité commerciale du projet.

Le tribunal a estimé que les risques économiques et sociaux restaient trop élevés et a préféré la liquidation plutôt que d’accorder une ultime chance conditionnelle qui aurait pu se solder par de nouveaux échecs.

Réactions et mobilisation en Île‑de‑France

La décision a suscité une vive émotion en Île‑de‑France, où résident de nombreux salariés concernés par le siège et les fonctions supports. La Région Île‑de‑France a déclaré renforcer sa mobilisation pour accompagner les salariés et faciliter la recherche de repreneurs locaux.

Des rassemblements et des réunions d’information ont été organisés immédiatement après l’annonce. Les syndicats ont demandé des mesures d’accompagnement renforcées : plans de reclassement, dispositifs de formation et aide à la création d’activités sur le territoire.

Impact économique régional et chaîne d’approvisionnement

Au niveau régional, l’arrêt d’activité de Brandt risque de provoquer des effets d’entraînement : fournisseurs locaux, sous‑traitants et prestataires logistiques pourraient perdre des contrats représentant jusqu’à 20 à 30 % de leur chiffre d’affaires selon certains estimations locales. L’absence de repreneur industriel immédiat expose des lignes de production et des outillages à la dispersion ou à l’exportation d’actifs.

Pour l’Île‑de‑France, où sont centralisées des fonctions administratives et des services après‑vente, la perte d’emplois qualifiés pourrait peser sur le bassin d’emploi local — notamment en matière d’ingénierie, de logistique et de management de production.

Rôle des pouvoirs publics et des banques

Dans les semaines précédant le jugement, le gouvernement avait annoncé un soutien financier symbolique de 5 millions d’euros et lancé un appel aux banques et investisseurs pour combler le besoin de financement. Les autorités ont pointé les limites des dispositifs actuels lorsqu’un dossier industriel nécessite à la fois capitaux, garanties bancaires et engagements commerciaux rapides.

Des élus locaux et nationaux ont publiquement interrogé la capacité du secteur bancaire à accompagner des projets de sauvegarde d’emplois industriels. Selon des sources médiatiques, l’absence d’engagement ferme de certains établissements financiers a pesé lors de l’examen du dossier par le tribunal.

Perspectives : ventes d’actifs, cessions partielles et pistes de relance

Suite à la liquidation, le liquidateur judiciaire devra organiser la vente des actifs et des fonds de commerce. Plusieurs scenarii sont envisagés :

  • Des cessions partielles à des industriels européens ou internationaux, centrées sur certaines marques ou lignes de production.
  • Des repreneurs locaux souhaitant maintenir une activité réduite — possibilités plus probables pour des segments de niche ou des ateliers spécialisés.
  • La transformation d’actifs industriels en offres de sous‑traitance, permettant à des entreprises régionales de reprendre des commandes existantes.

La possibilité d’un rachat partiel permettrait de sauvegarder une partie des 700 emplois, estimée dans différents scénarios entre 300 et 370 postes si des repreneurs se manifestent rapidement et si des aides publiques complémentaires sont débloquées.

Ce que disent les acteurs

Les salariés et représentants syndicaux ont exprimé leur consternation et dénoncé une incapacité du système à protéger des filières industrielles stratégiques. Les collectivités ont demandé la tenue d’un comité de suivi afin d’identifier des mesures d’accompagnement et des opportunités de réindustrialisation.

Les médias nationaux et locaux ont couvert successivement l’affaire : un résumé du dossier et des enjeux financiers est disponible dans l’analyse Boursorama, tandis qu’un focus sur le projet coopératif a été réalisé par TF1 Info. Pour une présentation des sites industriels concernés, voir le reportage régional de La Dépêche.

Enjeux industriels à plus long terme

La disparition d’un acteur industriel comme Brandt pose la question de la résilience du tissu industriel français face à la concurrence mondiale et aux cycles financiers. Au‑delà de l’impact humain immédiat, c’est un savoir‑faire — notamment en moyennes séries pour l’électroménager — qui risque d’être fragilisé.

Les décideurs régionaux évoquent la nécessité de bâtir des dispositifs de soutien plus rapides et modulables. Parmi les pistes avancées : fonds d’intervention régionaux dédiés, garanties publiques ciblées pour les repreneurs industriels, et partenariats renforcés entre donneurs d’ordre et PME locales.

Prochaines étapes pour les salariés et le territoire

Dans les prochains jours et semaines, le liquidateur procédera aux notifications individuelles de licenciement et à l’ouverture des ventes d’actifs. Des réunions d’information et des cellules de reclassement seront mises en place, avec l’appui des services de l’État, des régions et des branches professionnelles.

Les collectivités locales ont annoncé qu’elles exploreraient les voies de portage foncier ou de soutien à des projets de relocalisation d’activités. L’objectif déclaré est de réduire le nombre de pertes d’emploi nettes et de favoriser des solutions industrielles durables sur le long terme.

Vers une réindustrialisation locale ?

Pour maximiser les chances d’une reprise productive, plusieurs conditions doivent être réunies : disponibilité de financements à court terme, engagement d’un repreneur industriel crédible, et maintien d’un carnet de commandes. Sans ces éléments, le risque est que des compétences et des moyens de production se dispersent.

Un signal fort pour les politiques industrielles

La liquidation judiciaire Brandt est perçue par de nombreux acteurs comme un signal d’alarme. Elle rappelle que les outils actuels de soutien à l’industrie peuvent se révéler insuffisants lorsque des acteurs privés se retirent ou lorsque le financement manque au dernier moment.

La question centrale reste la capacité collective — autorités publiques, banques, industriels — à bâtir des réponses rapides et coordonnées pour préserver l’emploi industriel, en particulier dans les bassins où la densité productive est faible.

Prochaine séquence d’actualité

Dans les semaines à venir, les points d’attention seront : les annonces du liquidateur sur les mises en vente d’actifs, les éventuelles offres de reprise partielles, et le calendrier des licenciements. Les collectivités et syndicats poursuivront le travail d’accompagnement et de recherche de repreneurs, avec l’objectif de limiter la casse sociale et industrielle.

Pour suivre le dossier, consultez les communiqués officiels et les reportages locaux cités dans l’article ; ils fourniront les mises à jour sur les offres de reprise, les décisions du liquidateur et les mesures d’accompagnement pour les salariés.

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