Manifestation contre le permis Bélénos en Anjou, banderoles et paysage rural
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Anjou : mobilisation contre le permis Bélénos, quelles conséquences pour la région ?

Permis Bélénos Anjou : l’octroi récent d’un permis d’exploration minière sur près de 441 km² a ravivé les débats en Pays de la Loire. Depuis la publication de l’arrêté ministériel daté du 3 décembre 2025 et paru au Journal officiel le 10 décembre 2025, riverains, associations et élus locaux multiplient les actions et demandent des garanties sur les impacts environnementaux et agricoles.

Que contient le permis Bélénos et qui en est le titulaire ?

L’arrêté accordant le permis dit « Bélénos » donne à la SAS Breizh Ressources l’exclusivité de recherches minières sur un périmètre d’environ 440,9 km², réparti entre la Loire‑Atlantique et le Maine‑et‑Loire. Le texte officiel précise une durée initiale de 5 ans et impose un cahier des charges avec un engagement financier minimal évalué à 815 000 € hors taxes.

Le permis vise une très large typologie de substances (antimoine, argent, bismuth, cobalt, cuivre, étain, germanium, indium, lithium, molybdène, niobium, or, tantale, titane, tungstène, platine, plomb, rhénium, zinc, zirconium et terres rares). Il est important de rappeler qu’un PERM (permis exclusif de recherches minières) confère seulement un droit d’exploration — il n’autorise pas l’exploitation commerciale sans procédures et autorisations supplémentaires.

Pour consulter le texte officiel, la reproduction de l’arrêté est disponible sur le site du Journal officiel : texte de l’arrêté ministériel du 3 décembre 2025.

Réactions locales : manifestations, collectifs et demandes de transparence

La décision a immédiatement suscité une mobilisation locale organisée par des collectifs citoyens et des ONG. Le 13 décembre 2025, une marche citoyenne a rassemblé habitants et riverains à Bécon‑les‑Granits, portée par des syndicats locaux et des associations environnementales. Les motifs évoqués : risques pour la qualité de l’eau, la contamination des sols, l’impact sur les cultures et l’élevage, et l’opacité supposée des études préalables.

Le réseau régional FNE Pays‑de‑la‑Loire a relayé des appels à mobilisation et demandé des précisions sur les garanties techniques imposées dans le cahier des charges. Voir leur appel public : appel à manifestation FNE Pays‑de‑la‑Loire.

Actions concrètes sur le terrain

  • Déambulations et réunions publiques d’information dans plusieurs communes concernées (10–18 communes selon la cartographie).
  • Diffusion de « refus d’exploration » signés par des propriétaires souhaitant interdire l’accès à leurs parcelles.
  • Annonces de recours administratifs envisagés par des collectifs citoyens et associations.

Aspects juridiques et procédures administratives

La préfecture du Maine‑et‑Loire a précisé publiquement que l’octroi du permis respecte la procédure prévue par le code minier : publication de l’arrêté, mise à disposition d’extraits en préfecture et respect des consultations publiques antérieures. La préfecture a publié une note de rappel sur la nature exploratoire du permis et les obligations du titulaire : communiqué de la préfecture du Maine‑et‑Loire.

Sur le plan juridique, plusieurs points restent déterminants :

  • Le contenu et les modalités d’application du cahier des charges (forages, gestion des boues, suivi hydrogéologique).
  • Les autorisations environnementales nécessaires pour toute opération intrusive (forages, sondages) au regard des zones sensibles ou protégées.
  • Les recours possibles : recours gracieux, recours pour excès de pouvoir, voire recours en référé si une action immédiate paraît justifiée.

Les arguments des opposants et les risques mis en avant

Les collectifs opposants mettent en avant trois séries de risques :

  1. Qualité de l’eau : risques d’interconnexion avec les nappes phréatiques, pollution par les fluides de forage, impacts à long terme sur les ressources d’eau potable et l’irrigation.
  2. Santé des sols et agriculture : contamination par métaux lourds, conséquences sur la chaîne alimentaire et sur les productions locales (viticulture, grandes cultures, élevage).
  3. Enjeux paysagers et biodiversité : emprise des chantiers et fragmentation des milieux, notamment à proximité d’espaces naturels sensibles.

Les intervenants demandent des études d’impact plus détaillées, des garanties financières et techniques, et des mécanismes de surveillance indépendants. Les inquiétudes portent aussi sur le calendrier et la nature précise des opérations prévues par Breizh Ressources.

Position de Breizh Ressources et trajectoire industrielle

La société titulaire, Breizh Ressources, met en avant la dimension exploratoire et le rôle potentiel des métaux stratégiques (notamment le lithium ou certaines terres rares) dans la transition énergétique et les chaînes de valeur industrielles. La fiche projet de l’entreprise décrit méthodologies et objectifs : fiche projet de Breizh Ressources.

Pour les industriels régionaux, l’exploration de gisements locaux peut représenter une opportunité d’approvisionnement ; mais elle suscite aussi des interrogations sur la compatibilité entre extraction et activités agroalimentaires qui constituent l’essentiel du tissu productif local.

Chiffres et portée économique

Quelques repères chiffrés utiles pour évaluer l’enjeu :

  • Périmètre : ~441 km².
  • Durée initiale du permis : 5 ans.
  • Engagement financier minimal indiqué : 815 000 € HT.
  • Date de l’arrêté : 3 décembre 2025 ; publication JORF : 10 décembre 2025.

Impacts pour les collectivités et le secteur agricole

Les collectivités locales doivent désormais arbitrer entre une possible valorisation des ressources souterraines et la préservation des activités existantes. Les élus ruraux rappellent que l’agriculture emploie des milliers de personnes dans le département et contribue fortement à l’économie locale, ce qui explique la sensibilité du dossier.

Les mesures de mitigation exigées par les autorités administratives (surveillance hydrogéologique, plans de gestion des matières extraites, indemnisations possibles) seront déterminantes pour limiter les risques. Les associations demandent que ces engagements soient chiffrés et assortis de garanties financières réelles.

Quelle suite et quels scénarios possibles ?

Plusieurs scénarios coexistent à court et moyen terme :

  • Phase d’exploration active : forages ponctuels, analyses géologiques et mesures hydrogéologiques réalisées sous contrôle administratif.
  • Recours juridiques : procédures contentieuses visant à suspendre ou annuler l’arrêté au motif d’insuffisance d’études ou d’atteinte à l’environnement.
  • Accords locaux : négociations entre la société et les collectivités pour définir des zones d’exclusion, conditions techniques et garanties financières.

Les prochaines semaines seront décisives : nouvelles réunions publiques, dépôt éventuel de recours, et la mise en place ou non de premiers forages d’investigation. Un compte‑rendu local de la mobilisation et des événements a été publié par la presse locale : annonce de la marche citoyenne à Bécon‑les‑Granits.

Réflexion stratégique pour un directeur industriel

Pour un responsable d’usine ou un investisseur industriel en Pays de la Loire, le dossier permis Bélénos Anjou invite à une double vigilance :

  • Suivre les implications à court terme sur l’accès à l’eau et aux matières premières locales, potentiellement utiles pour certaines filières.
  • Anticiper les risques réputationnels et logistiques liés à la cohabitation entre activités agricoles et projets d’exploration.

Il est recommandé de surveiller les publications officielles, d’anticiper des scénarios de crise (plan de gestion de l’eau, alternatives d’approvisionnement) et de dialoguer avec les acteurs locaux pour évaluer les opportunités et les contraintes.

Ressources et lectures complémentaires

Pour approfondir :

Perspectives et suites possibles

Le dossier permis Bélénos Anjou illustre les tensions contemporaines entre recherche de ressources stratégiques et préservation des activités rurales. À court terme, l’issue dépendra de la capacité des acteurs (État, titulaire, collectivités, associations) à définir des règles claires et applicables : surveillance hydrogéologique, garanties financières, et mécanismes de participation locale.

Sur le moyen terme, la trajectoire industrielle régionale pourra être influencée si des ressources exploitables sont confirmées, mais toute exploitation resterait soumise à des procédures longues et contraignantes. Pour l’instant, le débat public et les démarches juridiques restent le principal moteur des décisions à venir.

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