crise viticole Occitanie : au cœur du salon SITEVI 2025 à Montpellier, la Région a confirmé des mesures financières et opérationnelles pour accompagner une filière sous pression, entre tensions climatiques, baisses de récolte et chocs commerciaux.
Un Salon stratégique pour coordonner réponses publiques et attentes professionnelles
Le SITEVI 2025 (Montpellier, 25-27 novembre 2025) a servi de plateforme d’annonces. Sur l’événement réunissant près de 1 000 exposants et environ 55 000 visiteurs, la Région Occitanie et les représentants professionnels ont cherché à traduire une situation de terrain en décisions concrètes. Face à la crise viticole Occitanie, les prises de parole ont insisté sur la nécessité d’un double niveau d’intervention : aides régionales ciblées et mesures nationales d’urgence.
Montants et dispositifs : quoi de neuf ?
Plusieurs chiffres clés ont été confirmés ou précisés au cours du salon. La Région Occitanie rappelle un engagement structurel évalué à plus de 10 M€/an en accompagnement de la filière. Dans le cadre du contrat de filière adopté en 2024, un complément de 5 M€ est prévu jusqu’en 2026 pour des opérations de modernisation, communication export et accompagnement des restructurations.
Au niveau national, en marge du SITEVI, le gouvernement a annoncé une enveloppe exceptionnelle de 130 M€ destinée notamment à des opérations d’arrachage de vignes ciblées et à des mesures d’accompagnement financier (prêts garantis, aides de trésorerie). Ces annonces visent à répondre à des demandes professionnelles de régulation de l’offre et d’assainissement économique de parcelles non valorisables.
Observatoire des marchés : un outil régional
Pour mieux orienter la production et l’action commerciale, l’Occitanie a voté un budget d’environ 1 M€ pour un Observatoire des marchés piloté par la Chambre régionale d’agriculture, opérationnel début 2026. L’objectif est de fournir des données fines sur les débouchés, prix, formats et tendances à l’export afin d’orienter les décisions stratégiques des entreprises et des coopératives.
Contexte conjoncturel : production et commerce
Le contexte international et climatique pèse lourd. Selon les premières estimations de l’OIV, la production mondiale 2025 est située autour de 232 millions d’hectolitres (intervalle 228–235 Mhl), tandis que la France est attendue à environ 35,9 Mhl. Ces niveaux restent sensibles par rapport aux cinq dernières années et renforcent la logique de gestion d’offre évoquée par les pouvoirs publics.
Par ailleurs, la filière subit des tensions commerciales : des droits additionnels imposés par certains marchés, et en particulier une taxe américaine d’environ 15 % sur certains vins et spiritueux, compliquent l’accès à des marchés-clés et pèsent sur la valeur à l’export.
Réactions et attentes des professionnels
Les acteurs de terrain ont fait entendre leurs contraintes. Les mobilisations de novembre — notamment la grande manifestation interrégionale à Béziers le 15 novembre 2025 (estimations locales entre 4 000 et 7 000 participants selon les sources) — ont mis en exergue les demandes : soutien de trésorerie immédiat, plan d’arrachage massif (chiffres évoqués par certains syndicats jusqu’à 35 000 ha), simplification réglementaire et accompagnement renforcé à l’export.
Sur le plateau du SITEVI, syndicats et coopératives ont accueilli favorablement les annonces, tout en estimant que l’essentiel sera dans la mise en œuvre : ciblage des arrachages, sélectivité des aides, conditions d’accès aux mécanismes de garantie et calendrier d’exécution sur 2026–2027.
Valorisation et diversification comme axes de long terme
Au-delà des mesures d’urgence, le discours récurrent des intervenants portait sur la valorisation (montée en gamme, AOP/AOC, circuits courts) et la diversification (nouveaux formats, œnotourisme, transformation) pour réduire la vulnérabilité aux chocs externes. L’Observatoire régional est présenté comme un levier pour cibler ces évolutions commerciales.
Impacts économiques pour l’Occitanie
La viticulture occitane représente une part significative de l’activité agroalimentaire régionale : emplois directs et indirects, filières de transformation et équipementiers. Une stabilisation de la filière bénéficie à des centaines d’entreprises industrielles locales (caves coopératives, embouteilleurs, tonnelleries, fournisseurs de matériel) et à l’emploi rural.
Les aides annoncées cherchent à limiter les faillites et à préserver la chaîne d’approvisionnement. Les acteurs économiques régionaux suivent toutefois deux indicateurs de près : l’impact réel des droits à l’export et la vitesse de décaissement des aides. Une aide annoncée n’est efficace que si elle est rapidement disponible pour les exploitations fragilisées.
Innovations et réponses techniques présentées au SITEVI
Le salon a aussi mis en lumière des solutions techniques visant à réduire les coûts et les risques : systèmes d’irrigation de précision, outils de protection contre les aléas climatiques, solutions de gestion intégrée des maladies, ainsi que des innovations logistiques pour optimiser conditionnement et transport à l’export.
Des démonstrations et panels ont souligné le rôle de la digitalisation (capteurs, modélisation des rendements, outils d’aide à la décision) pour améliorer la résilience des exploitations et la compétitivité des acteurs industriels régionaux.
Liens et ressources utiles
Pour approfondir les annonces et suivre la mise en œuvre opérationnelle, plusieurs sources publiques et spécialisées offrent des synthèses et données :
- Reportage détaillé sur l’intervention de l’Occitanie au SITEVI
- Présentation de l’Observatoire des marchés d’Occitanie
- Fiche officielle du salon SITEVI 2025
Quels risques restent prégnants ?
Plusieurs facteurs peuvent limiter l’effet des mesures annoncées : l’incertitude sur l’ampleur des arrachages nécessaires, l’éventuelle durée d’application des aides, la persistance de barrières commerciales (taxes, quotas) et la nécessité d’accompagner les producteurs vers des modèles économiques durables. Le calendrier et le ciblage des fonds seront déterminants pour éviter un surstockage d’actifs non rentables.
Acteurs locaux : attentes et propositions
Les organisations professionnelles demandent des critères d’éligibilité précis, des procédures simplifiées et des dispositifs d’accompagnement à la reconversion des surfaces arrachées (plantations alternatives, diversification agricole, projets territoriaux). Elles plaident également pour une coordination renforcée entre l’État, la Région et l’interprofession afin d’optimiser l’usage des 130 M€ annoncés.
Perspectives pour la filière
La tenue du SITEVI 2025 a permis de recentrer le débat : la crise viticole Occitanie nécessite à la fois des mesures immédiates (aides, garanties, arrachages ciblés) et un plan de transformation de moyen terme (valorisation, innovation, intelligence de marché). L’Occitanie a mis sur la table des instruments financiers et opérationnels (Observatoire, contrat de filière, enveloppes régionales), mais la réussite reposera sur la vitesse et la précision de la mise en œuvre.
Au final, la survie et la compétitivité de la filière occitane dépendront de décisions publiques concertées et d’une capacité des acteurs privés à saisir des opportunités de montée en gamme et d’ouverture commerciale, malgré des contraintes (climatiques et tarifaires) qui restent fortes.
Pour suivre les suites : il est recommandé de consulter régulièrement les communiqués officiels de la Région Occitanie et les publications de l’interprofession ainsi que le calendrier opérationnel de décaissement des mesures annoncé par l’État.






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