Éolien flottant : à l’occasion du salon Floating Offshore Wind d’Aberdeen (12–13 novembre 2025), BrestPort a officialisé son adhésion à la première Alliance mondiale des ports pour l’éolien flottant. Cette décision renforce la stratégie bretonne de montée en puissance de la filière des énergies marines renouvelables et positionne Brest comme un hub logistique et industriel pour la zone Atlantique‑Manche.
Contexte et genèse de l’alliance
La conférence Floating Offshore Wind 2025, organisée à Aberdeen les 12 et 13 novembre, a servi de cadre au lancement d’une structure collaborative réunissant ports et opérateurs. L’objectif affiché est simple : anticiper la mise à l’échelle industrielle de l’éolien flottant en partageant normes, retours d’expérience et solutions d’aménagement. Parmi les membres fondateurs figurent Associated British Ports (ABP), Shannon Foynes Port Company et BrestPort. Des médias spécialisés comme PortTechnology ont immédiatement relayé l’annonce.
Pourquoi une alliance de ports pour l’éolien flottant ?
La filière éolien flottant nécessite des capacités logistiques inédites : quais heavy‑lift, vastes aires d’assemblage, accès eaux profondes et connexions industrielles terrestres. Ces besoins entraînent des investissements lourds et une coordination entre ports pour mutualiser savoir‑faire et créer des corridors d’approvisionnement. L’alliance permet de :
- partager des standards techniques et opérationnels,
- coordonner les besoins en équipements lourds et en manutention,
- préparer des scénarios d’investissements portuaires en synergie avec les autorités régionales,
- anticiper les impacts environnementaux et les procédures de sécurité et de sûreté.
Ce que l’adhésion apporte à Brest et à la Bretagne
Pour BrestPort, l’adhésion accélère la visibilité européenne du terminal dédié aux énergies marines renouvelables (EMR). Le port met en avant des capacités techniques : un quai multifonction de 400 m, des tirants d’eau adaptés (≈ 12,25 m LAT cité par BrestPort), des aires industrielles reliées à des réseaux électriques et de transport, et des plateformes d’assemblage capables d’accueillir des opérations heavy‑lift.
Sur le plan économique, la manœuvre vise à attirer des chaînes de valeur : fabrication de plateformes, assemblage d’éoliennes flottantes, maintenance et services logistiques. À court terme, Brest entend capter des appels d’offres et des activités d’ingénierie ; à moyen terme, l’objectif est d’ancrer des emplois industriels. BrestPort indique que le pôle EMR sera progressivement opérationnel d’ici 2027, avec des extensions prévues au-delà.
Chiffres clés et investissements
Plusieurs chiffres donnent l’échelle du défi : la phase d’industrialisation de l’éolien flottant en Europe pourrait nécessiter des dizaines de milliards d’euros d’investissements d’ici 2035 pour adapter les infrastructures portuaires. Des projets locaux mentionnés dans les communiqués et analyses incluent :
- engagements régionaux pour l’aménagement du terminal ORE à Brest (investissements publics partiels et aides structurelles annoncées par la Région Bretagne),
- plans d’investissements portuaires comparables au Royaume‑Uni où ABP a évoqué des mesures de plusieurs centaines de millions de livres pour ses hubs FLOW,
- potentiels de production : certains estuaires comme la Shannon envisagent des capacités cumulées supérieures à 20–30 GW à long terme dans leurs scénarios de déploiement.
Coopération internationale et partage des bonnes pratiques
L’alliance a vocation à organiser des rencontres techniques biannuelles et à produire des guides de bonnes pratiques pour les opérateurs portuaires. Le principe retenu est celui du partage sous réserve du respect des règles de concurrence : échanges d’expérience, benchmarks d’infrastructures et modélisation économique. Cette coopération facilite également les relations avec les développeurs d’offshore et les donneurs d’ordre, en offrant des garanties sur la disponibilité d’infrastructures adaptées.
Exemples d’actions concrètes prévues
Parmi les actions évoquées figurent :
- la production d’un catalogue commun d’exigences techniques pour les quais et zones d’assemblage,
- la coordination logistique pour réduire les délais de livraison et les coûts de transport,
- la mutualisation de solutions pour la décarbonation des opérations portuaires (électrification, carburants alternatifs),
- la mise en place de formations et de programmes d’emploi ciblés pour répondre au besoin de 1 000+ emplois qualifiés par site à horizon 2030 dans les scénarios ambitieux.
Enjeux et défis à relever
Plusieurs obstacles restent à franchir pour que l’éolien flottant devienne une filière industrielle mature :
- la coordination des financements publics et privés pour des plateformes lourdes,
- la planification spatiale marine pour éviter les conflits d’usage,
- les délais de construction de polders et de quais (souvent 2–5 ans),
- la standardisation technique pour réduire les coûts unitaires des champs flottants.
Sur ces sujets, l’adhésion de BrestPort à l’alliance vise précisément à réduire l’incertitude stratégique en partageant savoirs et trajectoires de financement.
Impacts économiques et territoriaux en Bretagne
À l’échelle régionale, l’essor de l’éolien flottant crée des opportunités industrielles pour les sous‑traitants (mécanique, électricité, génie civil), pour les chantiers navals et pour les services maritimes. Le scénario de déploiement massif d’installations flottantes pourrait générer plusieurs milliers d’emplois directs et indirects en Bretagne d’ici 2035 selon des estimations de marché. La valorisation territoriale passe par la mise en réseau des compétences : centres d’ingénierie, écoles techniques, fournisseurs locaux et opérateurs portuaires.
Prochaines étapes et calendrier prévisionnel
Concrètement, BrestPort prévoit de :
- participer aux groupes techniques de l’alliance dès le trimestre suivant l’adhésion (Q1 2026),
- lancer des études d’ingénierie pour adapter les quais et les polders (2026–2027),
- cibler des partenariats industriels pour l’assemblage à terre et le stockage des composants (2027–2029).
Ces échéances sont conditionnées aux décisions publiques et aux schémas de financement régionaux et nationaux.
Vers quel modèle portuaire régional ?
L’intégration dans une Alliance mondiale des ports pour l’éolien flottant révèle une logique de coopération territoriale. Pour la Bretagne, il s’agit de conjuguer avantages compétitifs (profondeurs naturelles, tradition maritime, proximité des zones de déploiement en Manche et Atlantique) et exigences industrielles (capacité d’accueil, disponibilité foncière, logistique lourde). Le défi est de transformer ces atouts en contrats industriels pérennes.
Ressources et lectures complémentaires
Pour approfondir, consultez les communiqués et analyses suivantes :
- Communiqué officiel de BrestPort sur l’adhésion
- Lancement de l’Alliance par ABP
- Annonce de Shannon Foynes Port Company
- Analyse technique sur PortTechnology
Cap sur l’industrialisation régionale
En rejoignant l’alliance, BrestPort mise sur une stratégie de long terme : consolider un pôle industriel, attirer des investissements et sécuriser des chaînes d’approvisionnement. L’éolien flottant n’est plus seulement une ambition énergétique ; il devient un levier de réindustrialisation régionale, susceptible de créer des filières locales fortes. Les prochaines années (2026–2029) seront déterminantes pour transformer les promesses en réalisations tangibles.






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