Agriculteurs en Pays de la Loire signant un contrat de paiement pour services environnementaux, haie restaurée en arrière-plan

Des paysans payés pour services rendus… à l’environnement en Pays de la Loire

Dans les campagnes des Pays de la Loire, un modèle économique émerge : des agriculteurs perçoivent désormais une rémunération dédiée pour des actions destinées à protéger la nature. Ce dispositif, connu sous le nom de paiement pour services environnementaux, vise à compenser financièrement les pratiques agricoles qui améliorent la qualité de l’eau, renforcent la biodiversité ou contribuent à la séquestration carbone. Les premières expérimentations locales, soutenues par des acteurs publics et privés, montrent des montants et des modalités diverses, et ouvrent des perspectives économiques pour les exploitations.

Qu’est-ce qu’un paiement pour services environnementaux ?

Un paiement pour services environnementaux (PSE) est un contrat par lequel un porteur (collectivité, syndicat d’eau, entreprise ou filière) rémunère un ou plusieurs agriculteurs pour fournir des « services » environnementaux mesurables. Ces services peuvent inclure la gestion des haies, la restauration ou la création de zones humides, des pratiques réduisant les nitrates et pesticides dans les cours d’eau, ou des actions de stockage de carbone. Les montants varient selon le périmètre, les objectifs et la source de financement.

Chiffres et ordres de grandeur observés

Plusieurs références chiffrées ressortent des récentes expérimentations et annonces :

  • 50 M€ : enveloppe d’un appel à manifestation d’intérêt (AMI) lancé par des agences de l’eau pour soutenir des projets PSE à l’échelle territoriale (AMI ouvert le 1er juillet 2025). Ce calendrier prévoit une première phase de dépôt des notes d’intention jusqu’au 30 novembre 2025.
  • 100–120 €/ha/an : ordre de grandeur observé pour certains PSE publics standardisés, notamment quand le paiement couvre des pratiques agro‑écologiques sur surfaces cultivées.
  • ~250 €/ha : niveaux supérieurs proposés dans certaines initiatives de filières privées (ex. contrats chanvre) qui valorisent des bénéfices spécifiques de la culture.
  • Modalités par résultat : certains dispositifs rémunèrent à la t de CO2 séquestrée ou à l’amélioration mesurable de la qualité d’eau, avec des barèmes locaux.

Initiatives et acteurs en Pays de la Loire

Aux côtés d’exemples nationaux, plusieurs projets pilotes ont émergé régionalement. Dans la Sarthe et d’autres bassins ligériens, des collectifs d’agriculteurs se sont organisés pour valoriser la gestion des haies et la protection de captages d’eau potable. Ces projets sont souvent portés conjointement par des syndicats d’eau, des associations locales et des collectivités, qui assurent l’animation et la contractualisation.

Pour structurer ces démarches, les agences de l’eau proposent des appels à projets et des aides techniques. Par exemple, l’Agence de l’eau Loire‑Bretagne et d’autres agences régionales ont publié des documents d’orientation et financent des volets d’ingénierie afin de faciliter le montage des PSE. Un descriptif détaillé de l’AMI et des conditions figure sur le site de l’Agence (voir la fiche AMI), source qui explique le calendrier et les priorités.

Modalités contractuelles : collectif vs individuel

La plupart des acteurs locaux recommandent des contrats collectifs. Le portage collectif permet de :

  • réduire les coûts d’animation et de contrôle par exploitation ;
  • garantir une continuité écologique à l’échelle d’un bassin ;
  • déployer des financements publics et privés de façon coordonnée.

Les contrats peuvent être basés sur des pratiques (« moyens ») ou sur des résultats (« performance »). Dans le premier cas, l’agriculteur perçoit un montant annuel pour des actions prescrites. Dans le second, la rémunération dépend d’indicateurs mesurés, comme une baisse documentée des nitrates ou des tonnes de CO2 séquestrées.

Exemple concret : gestion des haies

La restauration et l’entretien des haies apportent plusieurs services : abri pour la faune, corridors écologiques, stockage carbone et lutte contre l’érosion. Dans certains projets, la rémunération a été calculée en €/mètre de haie entretenue ou en €/tCO2 estimée. L’additionnalité est vérifiée par des engagements pluriannuels et des relevés techniques.

Financements : public, privé, hybride

Les PSE se financent par diverses sources : fonds publics (collectivités, agences de l’eau, crédits européens), finance privée (entreprises, filières) et mécanismes hybrides (cofinancements publics‑privés). L’AMI de juillet 2025 illustre cette logique : il offre une enveloppe publique significative mais attend des dispositifs mixtes et des partenariats locaux pour amplifier l’impact.

Des entreprises et interprofessions intègrent aussi ces achats de services dans leur chaîne de valeur. Par exemple, certaines filières valorisent la traçabilité environnementale et acceptent de rémunérer les pratiques vertueuses, comme observé récemment pour le chanvre.

Obstacles et conditions de réussite

Plusieurs freins ralentissent l’essaimage des PSE :

  • Complexité administrative : montage des dossiers et reporting contraignant pour les agriculteurs ;
  • Exigences d’additionnalité : il faut prouver que les actions vont au‑delà des obligations réglementaires ;
  • Coûts d’animation : portage territorial indispensable mais coûteux ;
  • Mesure des résultats : méthodes de suivi parfois lourdes et sources d’incertitude.

Les acteurs locaux identifient des leviers : simplifier les schémas contractuels, mutualiser le suivi entre exploitations, mobiliser des fonds de transition et valoriser la communication vers les consommateurs et les collectivités.

Impact économique pour les exploitations

Pour une exploitation, un paiement pour services environnementaux peut représenter une part non négligeable du revenu complémentaire. Selon les grilles, cela peut aller de quelques centaines à plusieurs milliers d’euros par an, selon l’échelle et les bonus territoriaux. Ces recettes stabilisent les revenus et encouragent des investissements sur le long terme (replantation de haies, aménagements hydrauliques, transition vers des cultures moins chimiques).

Les exploitations collectives tirent davantage parti de la mutualisation. À l’échelle d’un territoire, un portefeuille de PSE bien conçu améliore l’attractivité des fonds locaux et rend possible une planification environnementale optimale.

Retours d’expérience et bonnes pratiques

Les retours des premiers pilotes en Pays de la Loire insistent sur plusieurs bonnes pratiques : impliquer les agriculteurs dès la conception du projet, garantir une rémunération lisible et stable sur 3 à 5 ans, et articuler les PSE avec les autres aides (PAC, MAEC). Un document de synthèse et des retours d’expérience sont disponibles chez des acteurs locaux et nationaux pour aider au montage opérationnel.

Ressources et lectures complémentaires

Pour approfondir, plusieurs documents et articles décrivent les modalités et les expérimentations :

Perspectives locales et pistes d’action

Le développement des paiements pour services environnementaux en Pays de la Loire représente une opportunité pour rendre l’agriculture plus résiliente et mieux rémunérée pour ses contributions écologiques. Les conditions de succès reposent sur un portage territorial solide, des schémas de financement combinant ressources publiques et privées, et une ingénierie adaptée pour alléger les charges administratives des exploitants. Pour les décideurs publics et les responsables d’entreprises, investir dans des PSE territoriaux apparaît aujourd’hui comme une stratégie plausible pour concilier objectifs climatiques, préservation de l’eau et maintien du tissu agricole local.

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