Conseiller avec tablette devant l'accueil d'un centre de formation Grand‑Est, candidats en interaction

Grand‑Est pilote : IA et formation professionnelle, quelle transformation pour l’emploi régional ?

IA dans la formation professionnelle : la Région Grand‑Est et France Travail Grand‑Est ont signé une convention pour positionner le territoire comme région pilote sur l’utilisation de l’intelligence artificielle dans la formation. Le dispositif vise notamment à améliorer le matching candidats/formations et à déployer des modules d’évaluation pilotés par IA pour vérifier les prérequis et mesurer la motivation avant l’entrée en formation.

Contexte et objet de la convention

Signée le 6 novembre 2025, la convention établit un cadre d’expérimentation et de déploiement coordonné entre la Région Grand‑Est et France Travail. L’objectif est double : d’une part, accélérer et fiabiliser la mise en relation entre les publics et les offres de formation ; d’autre part, professionnaliser l’usage d’outils numériques basés sur l’IA au service des conseillers, des organismes de formation et des financeurs.

Le texte formalise la création d’instances de gouvernance (comité stratégique, comité de pilotage et comité opérationnel) et prévoit la mise en place d’un comité éthique pour encadrer les usages. France Travail assure le développement technique des modules tandis que la Région apporte les données territoriales, les réseaux de formation et l’accès aux terrains d’expérimentation.

Les outils clés prévus

Un module de matching enrichi

Au cœur du projet figure une extension de l’outil de présélection déjà testé par France Travail (souvent qualifié de Match FT) : ce module vise à croiser automatiquement les profils des candidats et les offres de formation selon des critères plus fins (mobilité, disponibilités, diplômes, motivation). L’algorithme prend en compte des variables opérationnelles afin de proposer des listes de candidats prioritaires aux conseillers.

Un module conversationnel pour l’évaluation

Autre brique : un assistant conversationnel génératif, conçu pour évaluer les prérequis et la motivation des candidats avant l’entrée en formation. Ce module permet des tests interactifs, des vérifications de compétences et des simulations d’entretien, avec restitution structurée destinée aux référents formation.

Gouvernance, éthique et protection des données

La convention insiste sur la transparence des traitements et la mise en place d’un comité éthique associant représentants des salariés, organismes de formation et experts académiques. Les données personnelles utilisées sont soumises au cadre RGPD et à des règles strictes d’accès et d’audit. Le déploiement se fera par étapes : tests pilotes, évaluation d’impact, puis montée en charge avec des indicateurs mesurés.

Garanties opérationnelles

  • Non‑obligation : l’usage de l’IA n’est pas imposé aux personnes ; il sert d’aide à la décision pour les conseillers.
  • Auditabilité : traçabilité des décisions algorithmiques et possibilité de réexamen humain.
  • Souveraineté : préférence affichée pour des composants ouverts ou nationaux afin de limiter la dépendance aux géants étrangers du cloud et des modèles.

Pourquoi le Grand‑Est ? Enjeux régionaux et secteurs prioritaires

Le choix du Grand‑Est répond à des enjeux concrets : taux de chômage contrasté selon les territoires, pénuries de main‑d’œuvre sur certains métiers et besoin d’optimiser les parcours de reconversion. La convention cible en priorité les filières en tension : santé, services à la personne, et certains segments industriels. L’objectif est d’augmenter le taux de remplissage des formations et d’accélérer le retour à l’emploi.

Indicateurs et objectifs mesurables

Le partenariat prévoit des KPI précis pour évaluer l’efficacité des outils :

  • Temps moyen de mise en relation : réduction visée de 20 à 40 % sur les premiers retours.
  • Part des mises en relation en 24h : objectif opérationnel de dépassement de 50 % dans les premiers mois de pilotage.
  • Taux de complétion des parcours : amélioration attendue via une présélection plus qualifiée.

Retours d’expériences et comparaisons nationales

France Travail a déjà testé des fonctionnalités de génie IA dans plusieurs agences et a publié des rapports internes sur des gains de productivité (temps de tri et présélection). Le Grand‑Est servira donc de laboratoire élargi pour valider l’intégration opérationnelle entre les conseillers, les organismes de formation et les outils techniques.

Pour un point de référence institutionnel, le communiqué officiel de France Travail précise les ambitions et le calendrier : déploiement progressif et premières évaluations attendues en fin d’année (voir le communiqué de France Travail).

Impacts attendus pour les DRH et les organismes de formation

Pour un DRH, l’intérêt principal est triple : meilleur appariement entre compétences et offres, gain de temps pour les équipes RH, et visibilité accrue sur la qualité des candidats orientés vers les formations qualifiantes. Les centres de formation peuvent capitaliser sur des présélections plus pertinentes pour réduire le taux d’abandon en formation.

Cependant, la transformation implique des adaptations : montée en compétences des conseillers sur l’usage des outils, révision des processus internes et renforcement des dispositifs d’accompagnement pour les candidats présélectionnés par l’IA.

Points d’attention pour les employeurs

  • Vérifier l’adéquation des critères algorithmiques aux réalités métiers.
  • Maintenir un arbitrage humain pour les cas complexes ou atypiques.
  • S’assurer de la non‑discrimination et de l’équité dans les présélections.

Partenariat avec la recherche et acteurs locaux

La convention prévoit d’associer des acteurs académiques et centres de recherche du territoire pour améliorer la robustesse des modèles et l’analyse d’impact. Le recours à des laboratoires locaux contribuera à produire des validations scientifiques et des indicateurs d’efficacité indépendants.

Pour consulter le contexte régional et les premiers retours officiels, la Région Grand‑Est publie un point d’actualité sur l’expérimentation (dossier expérimentation Grand‑Est), tandis que le centre d’information régionale a relayé la signature et les objectifs (voir le compte‑rendu de Centre Inffo).

Risques et limites identifiés

Plusieurs risques sont pointés par les acteurs terrain : biais possibles dans les données historiques, risque de standardisation excessive des parcours, désintermédiation maladroite des conseillers. La convention répond en partie par la mise en place d’audits réguliers et d’un comité éthique. Des scénarios de test permettront de calibrer les modèles avant tout déploiement massif.

Calendrier et prochaines étapes

Calendrier prévisionnel : phases pilotes en 2025‑2026, retour d’expérience et publication d’un rapport intermédiaire 6 à 9 mois après les premiers tests, puis montée en charge si les indicateurs (KPI) sont validés par les comités. L’accent est mis sur une adoption progressive pour limiter les ruptures opérationnelles.

Une opportunité pour repenser l’orientation professionnelle

Au‑delà des gains opérationnels, ce partenariat permet de repenser l’orientation et l’accès à la formation sur une base plus fine et territorialisée. Pour les DRH, il s’agit d’une opportunité pour accélérer la transformation des compétences et fluidifier les parcours de recrutement‑formation, tout en veillant à préserver l’équité et la qualité des parcours.

Pour aller plus loin

Suivre les bilans de l’expérimentation et les publications des instances locales permettra aux décideurs RH d’anticiper les changements de process. Les organismes intéressés peuvent consulter les ressources officielles et se rapprocher des référents régionaux pour participer aux phases pilotes.

Liens utiles

Perspectives locales et ouverture

La démarche Grand‑Est s’inscrit dans une tendance nationale d’usage pragmatique de l’IA dans les services publics de l’emploi et de la formation. Si les premiers résultats sont concluants, le modèle pourra inspirer d’autres régions. Pour les acteurs économiques, l’enjeu sera d’intégrer ces outils dans des parcours co‑construits, mesurables et auditables.

À retenir : la convention Région Grand‑Est / France Travail lance une expérimentation structurée autour de l’IA dans la formation professionnelle visant à améliorer le matching candidats/formations et l’évaluation des prérequis via des outils pilotés par IA, avec gouvernance, comité éthique et indicateurs de suivi.

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