Connexion électrique du MSC Poesia au quai Pierre Callet, Haropa Le Havre, CMS et équipes à l'œuvre

Haropa franchit une étape : première connexion électrique d’un paquebot au quai Pierre Callet

Connexion électrique navire Le Havre : début novembre 2025, HAROPA PORT a réalisé la première mise en connexion électrique d’un paquebot au quai Pierre Callet (Pointe de Floride) en alimentant le MSC Poesia depuis le réseau terrestre. Cette opération marque une étape concrète vers des escales zéro émission en Normandie et soulève des enjeux techniques, financiers et opérationnels majeurs pour les directions financières et administratives des ports et collectivités.

Qu’est‑ce qui a été réalisé au quai Pierre Callet ?

La manoeuvre réalisée au quai Pierre Callet consiste à brancher un navire de croisière sur une alimentation électrique à terre (« shore power »), permettant d’éteindre les groupes électrogènes embarqués pendant l’escale. L’opération a mobilisé plusieurs acteurs locaux et nationaux — exploitation portuaire, opérateurs techniques et gestionnaire réseau — pour installer une alimentation dédiée, des armoires de distribution et un système de gestion des câbles adapté à l’amplitude de marée du Havre.

Aspects techniques et capacités

Sur le plan technique, l’équipement du quai comprend des façonnements électriques en haute tension, des postes de transformation et des solutions de gestion de câbles (CMS) permettant de déployer et de relever les câbles en toute sécurité. Les configurations du projet sont pensées pour délivrer des puissances élevées (postes capables de fournir plusieurs mégawatts chacun) afin de répondre aux besoins énergétiques des grands paquebots modernes.

Shore power implique donc :

  • le renforcement du réseau électrique local ;
  • l’installation d’un poste de distribution à proximité du quai ;
  • des systèmes mobiles pour gérer câble et connexion aux navires malgré les variations de tirant d’eau.

Intervenants et coordination

La réussite de la connexion a nécessité la coordination entre HAROPA, l’exploitant du terminal, et les entreprises en charge des travaux électriques et du raccordement au réseau. Le renforcement de la source et la mise à disposition d’une alimentation stable ont été réalisés en lien avec le gestionnaire du réseau local.

Pourquoi c’est important pour la Normandie et Le Havre

Cette première connexion électrique n’est pas un simple test technique : elle engage une trajectoire stratégique. Pour une métropole portuaire comme Le Havre, l’alimentation électrique à quai est un levier pour :

  • réduire les émissions locales de CO2, NOx et particules lors des escales ;
  • améliorer la qualité de l’air en zones portuaires et riveraines ;
  • renforcer l’attractivité des terminaux auprès des compagnies de croisière qui intègrent des critères environnementaux dans leurs calendriers d’escales.

Impacts environnementaux estimés

Les acteurs du secteur évaluent que, une fois l’ensemble des quais programmés équipés et utilisés, la substitution de la production embarquée par une alimentation terrestre peut permettre des gains substantiels. Selon des estimations sectorielles et des retours d’expérience sur d’autres ports européens, une installation multi‑postes correctement utilisée pourrait permettre de réduire plusieurs milliers de tonnes de CO2 par an ; des ordres de grandeur évoqués pour des projets comparables oscillent entre 15 000 et 20 000 tCO2/an pour une capacité multi‑quais intensive.

Enjeux financiers et modèles de financement

L’équipement des quais en alimentation électrique nécessitera des investissements lourds (travaux de génie civil, postes électriques, CMS, raccordements haute tension). Les directions financières doivent arbitrer entre :

  • investissement initial et plan d’amortissement (sur 10 à 20 ans) ;
  • coûts d’exploitation et de maintenance (énergie, interventions sur bras articulés et CMS) ;
  • modèles de tarification à proposer aux compagnies maritimes pour encourager l’utilisation sans rendre l’escale plus coûteuse que les ports concurrents.

La montée en charge de ces équipements repose souvent sur un montage financier mixte : subventions publiques (État / Région), fonds propres portuaires et partenariats privés. L’enjeu pour les directions administratives est également de sécuriser les aides et de piloter les procédures d’autorisation et de mise en conformité réglementaire.

Conséquences opérationnelles pour les armateurs

Pour les compagnies de croisière, la disponibilité effective de la connexion électrique navire Le Havre est un critère intégré dans la planification. L’arrêt des groupes embarqués réduit le bruit et les émissions à quai mais suppose :

  • que le navire soit techniquement compatible (connexion et équipements internes) ;
  • une tarification incitative proposée par le port ;
  • une coordination précise horaire entre arrivée, liaison électrique et départ.

Cadre réglementaire et contexte européen

L’essor du shore power s’inscrit dans un contexte réglementaire européen et national exigeant. Les directives et propositions récentes relatives à la réduction des émissions dans le transport maritime encouragent les ports à déployer des solutions pour limiter la pollution locale. Dans ce cadre, les ports doivent anticiper les obligations de reporting, d’interopérabilité et de compatibilité technique.

Retours d’expérience et comparaisons internationales

Plusieurs ports européens (Scandinavie, Pays‑Bas, Allemagne) montrent qu’une politique volontariste d’équipement permet d’atteindre des taux d’utilisation élevés lorsque la tarification et la disponibilité sont favorables. Les solutions techniques déployées au Havre reprennent ces bonnes pratiques : postes modulaires, CMS mobiles et raccordements robustes pour assurer la continuité de service.

Risques et freins identifiés

Malgré les bénéfices, plusieurs freins subsistent :

  • coût d’investissement élevé et pression sur les budgets portuaires ;
  • disponibilité variable des navires compatibles ;
  • nécessité de garantir une électricité décarbonée (si le réseau est carboné, le bénéfice climat diminue) ;
  • coûts d’exploitation et questions d’assurance pour les connexions électriques.

Ce que cela implique pour les directions financières et administratives

Les directions financières doivent intégrer plusieurs dimensions nouvelles dans leurs modèles : programmation pluriannuelle des investissements, modulation tarifaire, prévisions d’utilisation et suivi des performances environnementales. La mise en service de la connexion électrique navire Le Havre au quai Pierre Callet est la première étape concrète ; elle oblige à formaliser des contrats d’usage, des modes de facturation horaire et des indicateurs de performance (kWh fournis, émissions évitées, taux d’utilisation).

Ressources et lecture complémentaires

Pour un premier bilan et description de l’opération, voir le compte‑rendu disponible sur Normandinamik : analyse complète sur Normandinamik concernant la mise en connexion électrique au quai Pierre Callet.

Perspectives : calendrier et extensions prévues

Le port prévoit d’étendre le dispositif à d’autres postes d’escale au cours des 12 à 18 prochains mois afin d’atteindre une capacité multi‑postes. L’objectif est de couvrir la plupart des escales de grande capacité et d’optimiser l’utilisation en saison touristique. L’atteinte d’un « effet de masse » est essentielle pour justifier les coûts et garantir une tarification raisonnable pour les armateurs.

Points de vigilance pour le pilotage

Les directions doivent organiser un pilotage pluridisciplinaire : finances, juridique, exploitation et communication. Il conviendra notamment de :

  • suivre les KPI environnementaux et économiques ;
  • réviser les conventions d’occupation et clauses tarifaires ;
  • prévoir des plans de maintenance prédictive des équipements de connexion ;
  • anticiper la communication vis‑à‑vis des riverains et des acteurs touristiques.

Une avancée symbolique, et des décisions concrètes à prendre

La connexion électrique navire Le Havre réalisée au quai Pierre Callet est d’abord une démonstration : technique, opérationnelle et politique. Mais pour transformer cette démonstration en transition durable, les directions financières et administratives devront désormais arbitrer sur les plans d’investissement, la maîtrise des coûts d’exploitation et la construction de modèles économiques incitatifs pour les compagnies maritimes. L’enjeu est double : réduire l’empreinte environnementale des escales et préserver la compétitivité du port sur le marché européen.

Un mot sur l’emploi et la filière locale

Le déploiement d’équipements électriques et de maintenance renforce la demande locale en compétences : électriciens haute tension, techniciens CMS, opérateurs de maintenance et ingénierie portuaire. La structuration d’une filière régionale peut générer des retombées économiques directes (prestations, maintenance) et indirectes (formation, sous‑traitance).

Perspectives pour les directions financières et portuaires

La première connexion au quai Pierre Callet ouvre une période d’analyse opérationnelle et financière. Les questions à traiter de façon prioritaire sont : comment distribuer les coûts entre acteurs, quelle tarification mettre en place pour atteindre un taux d’utilisation optimal, et comment inscrire ces dépenses dans des plans d’investissement pluriannuels compatibles avec les objectifs climat locaux et nationaux. Les décisions prises maintenant conditionneront la performance des escales de croisière de la métropole normande pour les dix prochaines années.

En synthèse : la mise en service de la connexion électrique au Havre est une avancée concrète vers des escales zéro émission, mais elle appelle des calendriers d’équipement, des modèles financiers robustes et une coordination renforcée entre acteurs publics et privés pour transformer une réalisation technique en gain durable pour l’environnement et l’économie locale.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Share via
Copy link