conducteurs porte-véhicules Stellantis : depuis la fin octobre 2025, une partie des chauffeurs affectés au transport de véhicules pour le groupe a engagé un mouvement de grève pour contester le projet de transfert de leur activité vers une filiale interne. Le conflit porte sur le maintien des acquis sociaux, la convention collective applicable, le niveau de rémunération et les conditions horaires. Ce dossier croise des enjeux industriels, sociaux et territoriaux remarquables pour les Hauts-de-France.
Ce qui a déclenché le conflit
Le coup d’envoi du mouvement a eu lieu à la fin octobre 2025, après la communication interne du groupe annonçant la volonté de regrouper l’activité de transport de véhicules au sein d’une filiale dédiée. Selon les syndicats, cette opération vise à centraliser la logistique, mais elle entraîne un basculement de contrats vers une convention collective du transport et la remise en cause de primes, du 13e mois et d’avantages historiques.
Les représentants du personnel ont mis en avant plusieurs points précis : un risque de diminution de la rémunération globale (selon des estimations syndicales, certains salariés pourraient perdre jusqu’à 10 000 € annuels sur la durée de la transition), un possible allongement des horaires et la perte d’avantages liés à la convention de la métallurgie. Ces éléments expliquent la mobilisation.
Sites et ampleur de la mobilisation
La grève a touché plusieurs sites français, notamment des implantations de la filière automobile où le transport de véhicules est stratégique (sites cités dans la presse : Sochaux, Mulhouse, Hordain). Les syndicats évoquent plusieurs dizaines à quelques centaines de conducteurs concernés selon les périmètres locaux ; lors du démarrage du mouvement, près de 40 % des conducteurs sur certains sites auraient cessé le travail, indiquent des communiqués syndicaux.
La mobilisation a eu des conséquences opérationnelles immédiates : retards de livraisons, baisse du nombre de rotations journalières et, dans certains cas, recours au chômage partiel ponctuel pour des ateliers en aval. Le groupe a proposé des mesures d’accompagnement, dont une prime d’entrée chiffrée à environ 6 000 € pour certains salariés, mais les organisations syndicales jugent ces offres insuffisantes.
Positions des acteurs
Les syndicats
La CGT, relais principal de la contestation sur ce dossier, réclame des garanties écrites sur le maintien de la rémunération, le droit d’option pour les salariés et la préservation des droits acquis (primes, ancienneté, 13e mois). Les syndicats insistent également sur la négociation d’un accord de transition garantissant aucun déclassement salarial.
La direction
La direction du groupe met en avant la nécessité d’optimiser la chaîne logistique et d’aligner les prestations pour gagner en efficacité opérationnelle et en compétitivité. Celle‑ci présente la création d’une filiale comme une solution courante dans les grands groupes pour mutualiser des fonctions et proposer une offre de transport « compétitive ». Elle insiste aussi sur des mesures d’accompagnement et une proposition de prime, tout en soulignant la volonté de dialogue social.
Enjeux juridiques et sociaux
Le transfert d’activité soulève des questions juridiques : transfert de contrats, application des règles de la convention collective, obligations de consultation des instances représentatives du personnel et conditions du maintien des clauses salariales. Historique et jurisprudence encouragent la négociation, mais la pratique montre que ces transitions sont souvent longues et génératrices de tensions.
Sur le plan social, le dossier illustre une problématique récurrente : comment concilier optimisation industrielle et préservation des droits des salariés. Les collectivités locales et les acteurs territoriaux suivent la situation car des perturbations logistiques répétées pèsent sur l’emploi local et sur les activités industrielles dépendantes des flux de véhicules.
Contexte régional : investissements et transition énergétique
Pendant que la filière logistique automobile négocie ses transformations, d’autres acteurs industriels des Hauts‑de‑France poursuivent des initiatives de transformation énergétique. À Dunkerque, le fabricant Aluminium Dunkerque a annoncé début novembre 2025 un investissement de 3,5 millions d’euros pour l’installation d’ombrières photovoltaïques sur le parking de son site de Loon‑Plage.
Le projet vise une puissance installée voisine de 3,2 MWc et une production estimée à environ 3 000–3 200 MWh/an, ce qui devrait significativement améliorer l’autoconsommation du site et diminuer sa facture énergétique. Le montage prévoit raccordement, modernisation de l’éclairage et bornes de recharge pour véhicules électriques.
Pour en savoir plus sur l’opération industrielle et son calendrier, consulter l’article original de la presse régionale : article La Voix du Nord sur Aluminium Dunkerque.
Montage technique et partenaires
Le projet d’ombrières s’appuie sur des partenariats techniques : développeurs, intégrateurs électriques et spécialistes d’ombrières photovoltaïques auront un rôle clé pour assurer le raccordement, la conformité sur un site industriel classé Seveso et la sécurité opérationnelle. Des acteurs du marché comme TSE, Equans ou des fournisseurs d’ombrières sont fréquemment cités dans des projets comparables dans la région.
Le retour sur investissement est estimé entre 7 et 12 ans selon le taux d’autoconsommation et l’évolution du prix de l’électricité ; les dispositifs d’aide (ADEME, France 2030) peuvent améliorer la rentabilité financière des opérations.
Impacts économiques locaux
Pour la région Hauts‑de‑France, ces deux dynamiques — tension sociale chez un grand équipementier et investissement en énergie renouvelable chez un acteur industriel — traduisent la double commande de l’économie locale : maintenir l’emploi industriel tout en accélérant la transition énergétique.
L’investissement d’Aluminium Dunkerque doit créer une activité locale (chantiers, maintenance) et contribuer à la filière solaire régionale, tandis que la mobilisation chez Stellantis alerte sur le coût social des réorganisations logistiques. Les chambres consulaires et les collectivités suivent ces dossiers, car la stabilité des chaînes logistiques est essentielle au tissu industriel régional.
Réactions et perspectives
Plusieurs pistes de sortie de crise existent : renforcement des garanties salariales par accord, prime de transition, mise en place d’un droit d’option pour les salariés, ou aménagement progressif des transferts. Le dialogue social demeure la voie privilégiée pour limiter l’impact opérationnel et social.
Du côté énergie, le succès d’ombrières industrielles comme celle d’Aluminium Dunkerque dépendra de la qualité du montage financier, des modalités d’autoconsommation et de la capacité à intégrer des services (bornes VE, gestion de la demande) qui valorisent davantage la production solaire sur site.
Ressources et lectures complémentaires
- Analyse L’Argus sur la grève des chauffeurs
- Communiqué CGT Stellantis sur la grève
- Dossier Magazine du Management de Transition sur Aluminium Dunkerque
À court terme : points de vigilance
Sur le dossier social, surveiller les points suivants : convocation des IRP, propositions écrites d’engagements sociaux, calendrier précis du transfert et garanties de maintien des acquis. Sur le dossier énergétique, suivre l’évolution du calendrier technique (permis, raccordement) et la nature des partenaires retenus.
Vers quel équilibre ?
La région Hauts‑de‑France illustre une tension fréquente aujourd’hui : comment concilier transformation industrielle et préservation des conditions de travail. Les conducteurs porte‑véhicules Stellantis réclament des garanties tangibles ; les industriels comme Aluminium Dunkerque montrent qu’il est possible de conjuguer investissements stratégiques et transition bas‑carbone. L’enjeu est de réussir des transitions inclusives, techniquement robustes et financièrement durables.






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