Aéroport de Nantes‑Atlantique, parvis animé au coucher de soleil avec voyageurs et navettes

Quel avenir pour l’aéroport de Nantes‑Atlantique après le rapport de la Cour des comptes ?

Le aéroport de Nantes-Atlantique est au cœur d’un rapport publié le 29 novembre 2025 par la Chambre régionale de la Cour des comptes. Ce document évalue les conséquences de l’abandon du projet de Notre‑Dame‑des‑Landes (NDDL), pointe des risques opérationnels et formule des recommandations sur la gouvernance, la transparence et la maîtrise des nuisances. Les enjeux soulevés touchent directement la capacité d’accueil, la concession et l’impact économique pour la région Pays de la Loire.

Les enseignements clés du rapport

La Cour des comptes dresse plusieurs constats précis et chiffrés :

  • Date de publication : 29/11/2025.
  • Trafic : environ 7 millions de passagers en 2024, niveau qui rapproche la plateforme de ses limites opérationnelles.
  • Emprises de NDDL : 1 425 hectares concernés par le projet initial, majoritairement rétrocédés et intégrés dans un projet agricole et environnemental (PAE).
  • Indemnité contestée : la Cour rappelle l’existence d’une réclamation du concessionnaire pour une somme estimée entre 1,4 et 1,6 milliard d’euros.
  • Recommandations : bilan du couvre‑feu, rapport annuel public sur les mesures compensatoires, renforcement du contrôle des occupations sur les emprises NDDL.

Le rapport complet est accessible via le rapport de la Cour des comptes sur l’aéroport de Nantes‑Atlantique.

Capacité opérationnelle : où se situent les risques de saturation ?

La Cour met en garde contre des tensions fréquentes sur les terminaux et les infrastructures au sol. Avec 7 millions de passagers en 2024, la plateforme enregistre des pics de trafic estivaux et hivernaux qui sollicitent fortement les halls d’embarquement, les parkings et les voies de circulation. Le rapport insiste sur la nécessité d’investissements ciblés pour : renforcer les capacités d’accueil, augmenter le nombre de postes avions opérationnels et améliorer les flux routiers autour de l’aéroport.

Les points d’alerte relevés : files d’attente prolongées aux contrôles, faible marge de manœuvre pour absorber de nouveaux vols long‑courriers, et offre de stationnement insuffisante pendant les périodes de pointe. La Cour insiste sur l’urgence de prioriser des travaux d’adaptation à court terme tout en préparant une stratégie à moyen terme.

La question de la concession : enjeux financiers et calendrier

Le dossier de la concession est central. Héritée des débats autour de NDDL, la concession actuelle soulève des litiges financiers et juridiques. La Cour rappelle que la procédure d’appel d’offres lancée après l’abandon de NDDL a connu un échec en 2023, repoussant la désignation d’un nouveau concessionnaire et allongeant l’incertitude juridique et financière.

Le rapport mentionne une indemnité contestée par l’État et les collectivités, estimée entre 1,4 et 1,6 Md€. Les recommandations invitent à clarifier le calendrier de la nouvelle concession et à améliorer la transparence des engagements financiers pour limiter le risque fiscal pour les collectivités locales.

Nuisances sonores, couvre‑feu et acceptabilité sociale

La Cour s’intéresse aux conséquences sociales des vols. Le couvre‑feu instauré fin 2019 a eu un effet mesurable sur les vols de nuit : diminution significative, mais des effets marginaux sur les trajets proches des heures de restriction. La Cour demande un bilan public et annuel de l’efficacité de ces mesures, avec des indicateurs concrets (décibels, nombre de vols nocturnes évités, part des trajets reportés).

Elle recommande aussi la publication régulière des comptes‑rendus du plan de prévention du bruit dans l’environnement (PPBE) et une meilleure communication avec les riverains afin de restaurer la confiance et d’anticiper les tensions politiques autour de l’aéroport.

L’avenir des emprises de Notre‑Dame‑des‑Landes

La gestion des 1 425 hectares de NDDL reste un dossier sensible. Une large part des parcelles a été confiée au Département pour y mener un projet agricole et environnemental (PAE). La Cour appelle à une vigilance accrue : il faut vérifier la compatibilité des baux et des occupations temporaires avec les objectifs environnementaux et agricoles affichés.

La préservation de zones humides, la mise en place de circuits courts agricoles et le suivi des engagements financiers liés à la transformation des emprises sont autant de points que la Cour demande de consolider par un suivi partagé entre l’État, le Département et les acteurs locaux.

Investissements et actions techniques en cours

Parallèlement aux recommandations, l’exploitant a engagé des chantiers techniques : électrification de postes avion, déploiement de bornes de recharge, et travaux sur les aires de stationnement. Ces investissements visent à améliorer l’efficience énergétique et la résilience opérationnelle avant une éventuelle renégociation de la concession.

Le bilan 2024 de l’aéroport détaille ces mesures et les chiffres clés de fréquentation ; il peut être consulté sur le site officiel : bilan 2024 de l’aéroport Nantes‑Atlantique.

Impact économique pour les Pays de la Loire

L’aéroport est un levier majeur pour l’économie régionale. Il soutient le tourisme, les affaires et une activité logistique qui génère des emplois directs et indirects. Selon les estimations locales, la plateforme contribue à plusieurs dizaines de milliers d’emplois et facilite l’accès à des marchés internationaux pour des filières clés (agroalimentaire, aéronautique, services).

La Cour rappelle que la moindre attractivité de l’aéroport, par saturation ou incertitude, pourrait peser sur les investissements étrangers et la compétitivité des entreprises locales. D’où l’importance d’une stratégie intégrée mêlant infrastructures, transports complémentaires (fer et route) et politique foncière.

Recommandations pratiques formulées par la Cour

  • Réaliser un bilan public et annuel de l’impact du couvre‑feu et des mesures de réduction des nuisances.
  • Clarifier le calendrier et les modalités de la nouvelle concession, avec transparence sur les risques financiers.
  • Renforcer le contrôle des occupations des emprises NDDL et la conformité aux objectifs du PAE.
  • Prioriser des investissements d’adaptation à court terme (terminaux, postes avions, parkings).
  • Mettre en place un tableau de bord public incluant indicateurs de trafic, bruit, émissions et files d’attente.

Réactions des acteurs locaux et calendrier attendu

Les réactions des élus régionaux et locaux ont été mesurées : la préfecture et la Région rappellent la nécessité d’une approche coordonnée. L’exploitant appelle à une lecture nuancée des constats et souligne ses investissements. La presse économique régionale a publié des analyses situant le dossier entre enjeux techniques et arbitrages fiscaux ; une synthèse figure dans l’enquête de la presse spécialisée : enquête de La Tribune sur la saturation.

Calendrier : la Cour recommande une action rapide sur les points de court terme et la tenue d’un calendrier clair pour la désignation d’un futur concessionnaire, attendu autour de 2026 si les procédures juridico‑administratives se déroulent sans nouveau contretemps.

Perspectives pour le territoire et pistes d’action

Au‑delà des recommandations, plusieurs pistes méritent d’être activées pour sécuriser l’avenir de la plateforme :

  • Intégrer l’aéroport dans une stratégie multimodale (liaisons ferroviaires renforcées, couloirs routiers dédiés) pour réduire la pression sur les accès et favoriser les correspondances.
  • Mettre en place un plan d’investissements priorisé et chiffré pour 3 ans, ciblant les goulots d’étranglement identifiés par la Cour.
  • Développer des mécanismes de gouvernance partagée entre l’État, la Région, le Département et les collectivités afin de répartir risques et bénéfices.
  • Renforcer la transparence financière autour de la concession pour préserver la confiance des citoyens et des marchés.

Le cas de Nantes‑Atlantique illustre une tension fréquente entre choix politiques antérieurs (NDDL), contraintes opérationnelles actuelles et nécessité d’anticiper la demande future. Les décisions prises d’ici 2026 sur la concession et les investissements d’adaptation détermineront la trajectoire de la plateforme pour la prochaine décennie.

Pour une lecture approfondie des éléments chiffrés et du contexte administratif, retrouvez le dossier de suivi et les comptes rendus de concertation sur le site dédié au réaménagement : dossier de réaménagement Nantes‑Atlantique.

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