Port de Sète‑Frontignan au crépuscule : drague Hydromer au quai, ferry raccordé à l'électrification et wagons Modalohr sur le nouveau terminal

Sète accélère sa transition : drague à hydrogène, quai électrifié et terminal Modalohr

La drague à hydrogène Sète est au cœur du nouveau plan d’investissements de la Région Occitanie pour le port de Sète‑Frontignan. Lors d’une cérémonie récente, les élus régionaux ont présenté trois équipements majeurs : la drague à propulsion électrique avec pile à combustible, l’électrification de postes à quai et un terminal de ferroutage basé sur la technologie Modalohr. Ces annonces s’inscrivent dans une stratégie visant à réduire les émissions portuaires, à développer le fret intermodal et à renforcer le rôle de Sète comme hub logistique méditerranéen.

Trois inaugurations, un même objectif : décarboner le port

La Région a détaillé l’ensemble des mesures lors d’un événement public fin novembre 2025. Le premier levier est la drague Hydromer, présentée comme une unité de maintenance portuaire moderne : 70 mètres de longueur, capacité d’extraction élevée (≈ 1 500 m³ par levée selon le dossier technique) et motorisation électrique complétée par une pile à combustible de l’ordre de 200 kW. La Région communique un gain environnemental substantiel : près de 700 tonnes de CO₂ évitées annuellement comparé aux dragueurs classiques, chiffre avancé dans les communiqués officiels.

Electrification à quai : réduire la pollution locale

Parallèlement, plusieurs postes ont été équipés de solutions de type shore power permettant aux navires de couper leurs moteurs à l’escale. La puissance installée est annoncée à environ 6,3 MW répartis sur les quais stratégiques, afin d’accueillir des ferries et navires commerciaux. La compagnie maritime Corsica Linea s’est positionnée comme utilisatrice pilote de la connexion, ce qui doit permettre une réduction notable des émissions atmosphériques et du bruit en escale.

Le terminal Modalohr : quand le rail prend le relais

Le troisième volet est logistique : l’ouverture d’un terminal de ferroutage basé sur la technologie Modalohr, conçue pour charger des semi‑remorques sur wagons roulants sans transbordement par grue. L’objectif affiché est de créer une « autoroute ferroviaire » entre Sète et le nord de l’Europe (liaisons envisagées vers Calais et autres hubs), favorisant le transfert modal route→rail et la diminution du trafic routier. Selon les acteurs, ce terminal ouvre la porte à des corridors réguliers vers Dunkerque, la vallée du Rhône et le nord de l’Italie.

Financements et montée en puissance de la filière hydrogène

Le coût global des opérations est significatif : la drague est indiquée à environ 29 M€ d’investissement, financée par la Région, l’État et des cofinancements (ADEME). À cela s’ajoutent les travaux d’aménagement de quais (ex. rénovation du quai Richelieu évaluée à ≈ 1,1 M€) et les infrastructures électriques. L’acheminement d’hydrogène « vert » est organisé via la filière régionale Hyd’Occ, avec des livraisons prévues progressivement pour porter la pile à combustible à une exploitation durable à l’horizon 2026.

La volonté politique est claire : créer un écosystème où la production d’hydrogène local, la fourniture d’électricité à quai et le fret ferroviaire se renforcent mutuellement. Le projet de drague s’accompagne d’un plan industriel local et d’emplois : le port de Sète‑Frontignan représente aujourd’hui près de 6 millions de tonnes de marchandises annuelles et environ 2 300 emplois directs, chiffres cités par la Région dans son dossier de presse.

Impacts attendus sur la qualité de l’air et le trafic routier

En ciblant trois sources d’émissions — moteurs de navires à quai, machines de service (dragueurs) et flux routiers — les autorités cherchent des résultats mesurables. Les objectifs comprennent :

  • Réduction CO₂ : ≈ 700 tonnes évitées par an grâce à la drague hydrogène.
  • Moins d’émissions locales : la shore power vise à abaisser NOx, SOx et particules fines durant les escales.
  • Basculement modal : objectif de réduire plusieurs milliers de rotations routières annuelles via l’autoroute ferroviaire.

Ces gains seront évalués dans le temps par des indicateurs opérationnels (m³ de sédiments extraits, tonnes de fret transférées sur rail, heures de motorisation évitées à quai). Les acteurs locaux ont souligné la nécessité d’un suivi pour transformer ces promesses en résultats mesurables.

Quels bénéfices économiques pour la région Occitanie ?

La modernisation du port intègre une logique de compétitivité : un terminal Modalohr augmente la cadence des rotations intermodales et attire des chargeurs sensibles au coût carbone. Les retombées attendues sont multiples : maintien et création d’emplois portuaires, montée en gamme des services logistiques, et attractivité renforcée pour des flux méditerranéens et européens. La Région avance un chiffre d’investissement cumulé récent de près de 600 M€ pour des projets structurants autour du port, sur plusieurs années.

Pour les chargeurs, la promesse est concrète : liaisons plus fiables, temps de transbordement réduits et possibilité de valoriser une logistique « bas carbone » auprès des clients finaux. Les opérateurs ferroviaires et les transporteu.rs routiers devront toutefois s’adapter : fréquence, sillons et tarification seront à négocier pour atteindre des seuils de trafic suffisants.

Risques et points d’attention

Les bénéfices annoncés dépendent de facteurs techniques et économiques : la disponibilité d’hydrogène vert à coût compétitif, la capacité d’accueil commerciale du terminal Modalohr, et l’adoption par les armateurs et chargeurs. Sur le plan opérationnel, la maintenance d’une pile à combustible maritime, la formation des équipages et la robustesse des raccordements électriques à quai sont des enjeux concrets.

Les observateurs insistent sur la nécessité d’une gouvernance partenariale (Autorité portuaire, Région, État, opérateurs privés) et d’un calendrier réaliste pour sécuriser les flux financiers et opérationnels. La Région a d’ores et déjà publié des éléments de suivi et des engagements pour évaluer les résultats à 12 et 24 mois.

Ressources et références publiques

Plusieurs sources officieuses et techniques contextualisent ces annonces : le dossier de la Région Occitanie présentant les investissements, la fiche projet publiée par France‑Hydrogène sur la drague Hydromer, ou le communiqué du constructeur Lohr sur le terminal Modalohr. Ces documents donnent des éléments techniques et financiers utiles pour suivre la mise en œuvre.

Modalités d’exploitation et calendrier prévisionnel

La Région a indiqué un calendrier en deux temps : mise en service immédiate des capacités électriques à quai et de la drague en configuration électrique ; montée en puissance de l’alimentation hydrogène attendue en 2026. Le terminal Modalohr est opérationnel dès l’inauguration pour des opérations tests, avec des rotations commerciales prévues dans les 6 à 12 mois suivant l’ouverture.

Suivi et indicateurs

Des indicateurs seront publiés : volumes de sédiments dragués (m³), nombre d’escales raccordées à la shore power, tonnes de fret transférées sur rail, et émissions évitées en tonnes de CO₂. Ces données permettront d’ajuster les trajectoires d’investissement et d’exploitation au fil de l’eau.

Perspectives pour la filière régionale

La mise en service de la drague à hydrogène Sète, l’électrification des quais et l’ouverture du terminal Modalohr constituent une étape concrète vers la décarbonation du transport maritime et logistique en Occitanie. Ces projets peuvent servir de démonstrateurs pour d’autres ports méditerranéens et renforcer la filière hydrogène locale grâce à des débouchés industriels tangibles. Le véritable test sera la conversion effective des clients au rail et l’intégration durable de l’hydrogène dans les usages maritimes.

Pour suivre l’évolution opérationnelle et les impacts réels, il conviendra d’examiner les rapports annuels d’activité du port, les bilans d’émissions publiés et les retours des opérateurs de fret sur la compétitivité des nouvelles liaisons. À court terme, les premiers 12 mois d’exploitation fourniront des indicateurs clefs pour valider l’efficience économique et environnementale de ces équipements.

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