Terminal Modalohr du port de Sète‑Frontignan, train de fret en cours de chargement au coucher du soleil

Trois trains hebdomadaires depuis Sète : le terminal Modalohr prend son envol

terminal ferroviaire Sète : le nouveau terminal Modalohr du port de Sète-Frontignan a été inauguré fin novembre 2025. Conçu pour assurer le chargement horizontal des semi‑remorques sur wagons spécialisés, ce terminal vise d’emblée une fréquence de trois trains de fret par semaine au départ du port, avec une montée en charge rapide prévue vers six allers-retours hebdomadaires.

Un équipement stratégique pour l’intermodalité en Occitanie

L’implantation de ce terminal ferroviaire Sète repose sur la technologie Modalohr, fournie par Lohr, et une exploitation confiée à VIIA (filiale fret du groupe SNCF). Le site occupe environ 6 hectares et intègre des quais de chargement horizontal permettant de mettre en route des rotations rapides : l’opérateur annonce une capacité de chargement pouvant atteindre jusqu’à 18 semi‑remorques par heure à pleine cadence.

Le projet, inauguré le 25 novembre 2025, se veut une réponse directe aux enjeux de décarbonation du transport routier et à la congestion des axes autoroutiers régionaux. À court terme, la desserte rail-route sur l’axe Sète–Calais est la priorité opérationnelle, puis l’élargissement vers d’autres terminaux Modalohr en Europe est envisagé.

Montant de l’investissement et financement

L’investissement total annoncé s’élève à environ 19,4 millions d’euros. Selon les communiqués, le financement se répartit entre VIIA (part significative), la Région Occitanie (contribution publique) et le port de Sète‑Frontignan. Cette combinaison public‑privé illustre la montée en puissance des politiques territoriales visant à soutenir des infrastructures de report modal.

Ventilation des apports financiers

  • Investissement total : ~19,4 M€.
  • Participation de l’opérateur (VIIA) : environ 10 M€ (communication institutionnelle).
  • Apport public régional : ~5,4 M€ (Région Occitanie).
  • Apport du port et cofinancements : ~4 M€.

Objectifs de trafic et calendrier opérationnel

Au lancement, le terminal ferroviaire Sète s’appuiera sur trois trains hebdomadaires pour structurer les premiers flux. L’objectif affiché est d’atteindre six allers‑retours par semaine à partir de janvier 2026, au fur et à mesure de la montée en puissance commerciale et de l’alignement des sillons ferroviaires.

Les projections évoquées dans la presse spécialisée parlent d’un volume initial de l’ordre de 15 000 remorques par an sur la desserte Sète–Calais, avec une montée progressive jusqu’à 22 500 en 2026 et, à terme, des cibles de l’ordre de 40 000 à 45 000 remorques/containeurs par an si l’offre se développe et si la demande maritime s’intensifie.

Quels bénéfices environnementaux et économiques ?

Le basculement d’une partie du fret routier vers le fer permet des gains carbone significatifs : les acteurs évoquent plusieurs dizaines de milliers de tonnes de CO2 évitées annuellement, selon les scénarios de charge. Pour la région Occitanie, l’enjeu est double : améliorer la compétitivité logistique des importations/exportations méditerranéennes et réduire la pression routière sur les axes locaux.

Sur le plan économique, l’installation crée des opportunités pour la filière logistique locale : plateformes de redistribution, services d’accompagnement (ventes de sillons, manutention, stockage), et emplois techniques sur le terminal. L’effet structurant sur la chaîne d’approvisionnement régionale peut soutenir des trafics industriels et agricoles orientés vers l’export.

Estimation des gains

  • CO2 évité : estimations publiques évoquant plusieurs dizaines de milliers de tonnes/an.
  • Temps de manutention : réduction potentielle grâce au chargement horizontal (moins de transbordements).
  • Coûts logistiques : baisse possible pour les chargeurs sur routes longues distances, selon volumes.

Fonctionnement technique : la solution Modalohr

La spécificité du système Modalohr est le chargement horizontal des semi‑remorques sur des wagons pivotants, sans recours à des portiques élévateurs. Cette méthode présente plusieurs avantages : rapidité d’embarquement, réduction du besoin en matériel lourd et meilleure ergonomie pour les équipes de chargement. Le système est déjà déployé sur plusieurs corridors européens et facilite la création d’autoroutes ferroviaires interrégionales.

Partenaires et flux attendus

Le terminal associe plusieurs acteurs : l’opérateur VIIA, le fournisseur Lohr/Modalohr, et les autorités portuaires de Sète‑Frontignan. Les flux initiaux sont attendus depuis les axes maritimes desservis par le port, puis via des correspondances vers le réseau national et international de fret. Des discussions commerciales sont en cours avec des armateurs et des chargeurs pour garantir une offre régulière et rentable.

Pour approfondir la genèse et les caractéristiques techniques, voir l’article de Ville Rail & Transports sur le terminal et le dossier régional publié par Entreprises Occitanie.

Contraintes à surveiller pour la montée en charge

Plusieurs verrous techniques et institutionnels peuvent freiner l’essor du terminal. Le premier est la disponibilité des sillons ferroviaires : la capacité de circulation sur les axes partagés avec le trafic voyageurs impose une coordination fine avec SNCF Réseau. Le second concerne la sécurisation des flux maritimes et l’alignement commercial des armateurs pour fournir un débit régulier.

Enfin, la tarification (coûts d’accès rail vs route), la concurrence d’autres corridors européens et la sensibilité des chargeurs aux délais seront déterminantes pour atteindre les cibles volumétriques.

Impact régional immédiat

Pour l’Occitanie, ce terminal représente une amélioration de la plateforme logistique portuaire : il renforce la vocation du port de Sète-Frontignan comme hub méditerranéen reliant la mer au réseau ferré nord‑européen. Sur le plan territorial, on peut attendre :

  • une stimulation des activités d’entreposage et distribution autour du port,
  • une attractivité accrue pour les chargeurs cherchant des solutions décarbonées,
  • des retombées indirectes pour les PME locales intervenant dans la chaîne logistique.

Réactions des acteurs et perspectives commerciales

Les acteurs présents à l’inauguration ont insisté sur la nécessité d’une montée en cadence rapide : l’objectif de trois trains hebdomadaires est perçu comme un démarrage pragmatique, permettant d’ajuster l’offre commerciale et de sécuriser les flux. Les autorités régionales ont rappelé leur soutien financier et stratégique pour accélérer le report modal en cohérence avec les objectifs climatiques régionaux.

Sur le plan commercial, les premiers mois seront déterminants pour convaincre les chargeurs : tarification compétitive, fiabilité horaire et connectivité avec d’autres terminaux seront les critères clés pour passer de quelques rotations à des dizaines par semaine.

Ressources et lectures complémentaires

Pour suivre l’évolution opérationnelle du terminal et les chiffres de trafic, l’reportage de Midi Libre offre une synthèse locale, tandis que le suivi technique et sectoriel est disponible via des médias spécialisés comme RailMarket.

Perspectives pour l’Occitanie et la logistique portuaire

Le lancement du terminal ferroviaire Sète marque une étape concrète pour la transition logistique en Occitanie. Si les objectifs de fréquence et de volumes sont atteints, les bénéfices en termes d’émissions, d’économie locale et de résilience des chaînes d’approvisionnement pourraient être importants. Reste à surveiller la capacité à sécuriser des flows réguliers, à optimiser la tarification et à améliorer l’accès ferroviaire pour prétendre à un effet durable sur la mobilité des marchandises entre Méditerranée et Europe du Nord.

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